Parce qu’un journaliste musical web est souvent moins drôle qu’un festivalier bourré qui a besoin de s’exprimer, ce week-end, on a ouvert grand nos oreilles pour capter les furtifs échanges entre amis et inconnus au festival des Eurockéennes de Belfort.
Jeudi
Devant Iggy Pop : « Sérieusement, t’as vu comme il est gaulé à son âge ? Il a au moins 80 ans -Non, il en a 75, parce qu’il en avait 70 en 2012 – Ah ok… (En fait, il en a 70, ndlr).
Devant Soulwax : « Oh. Mon. Dieu. – Mpf – Mais – Roh, mais lala – J’en veux encore plus – Folie – Tin mais la claque de malade – Quand t’y penses, les mecs de l’électro, la minimal et les types des mashups des années 2000, ils ont parfois mal vieilli, mais eux j’ai envie de leur en claquer deux pour sentir leur joue en sueur contre la mienne – T’es qui au fait ? – Et toi ? »
Devant PNL : « C’est quand même super mélancolique, hein – Ouais, j’ai l’cafard – L’instru est tellement immersive – Attends y’a le refrain – KHEY, KHEY, KHEY, KHEY, J’LA BUTE SOUS L’SOLEIL »
Devant Mick Jenkins : « Franchement, gros niveau pour son âge – Bah, il a déjà 26 ans – Quand même. Je sais pas à quoi ça me fait penser, peut-être un truc à la Rejjie Snow ou un truc anglais – Je crois qu’il est ricain, c’est un pote de Joey Bada$$ – Ouais, c’est ce que je pensais, un truc ricain – Je viens de le dire – Ouais, c’est ce que je pensais »
Devant Jain : (1er morceau) « VAS-Y, FAIS MAKEBAAAA » (2nd morceau) « MAKEBA MAKEBAAAA » (7e morceau) « MAIS ALLEZ, STEUPLÉ, MAKEBA » (quelques secondes avant « Makeba ») « J’vais pisser, je reviens »
Devant Nina Kraviz : « En fait, Nina Kraviz, vu que ses sets sont moins linéaires que les gars de la techno binaire qui font des sets de 5h, elle est assez appréciée dans les festivals de rock – C’est top, ça flingue » (plus loin) – « C’est d’la techno de stade – C’est d’la musique de foncedé »
Vendredi
Devant Lorenzo : « Bah ouais mamène – Ça va les mamènes ? – Eh, tu veux tirer mamène ? – C’est d’la frappe mamène ? – Ce genre de foules bien épicées mamène – Ce genre de festivals du sale mamène »
Devant HF Thiefaine : « Je reviens du concert de Lorenzo, et je me sens mieux ici – T’es bizarre dans tes goûts, toi – Ouais – Bah, figure-toi que le public est vachement plus jeune qu’ici ? – Sans déconner ? – Si, si, j’te jure »
Devant Parcels : « Arrête de dire qu’ils font du Daft Punk, Parcels, c’est autre chose, c’est rafraîchissant – Ouais, mais « rafraîchissant « , c’est un mot qu’on utilise quand on ne sait pas dire pourquoi on aime – Eh ben, peut-être que justement quand on sait pas dire pourquoi on aime, c’est là qu’on aime vraiment – Ok, tu m’as eu, je t’aime »
Devant Gojira : La punchline est ici gestuelle, sans mots. Au milieu du cercle de pogo des premiers rangs, pendant « L’Enfant Sauvage », on observe – couverts de liche – un concentré d’un concert de métal qui se passe normalement. Des jumeaux, cheveux longs, t-shirt d’une obscure tournée de System of a Down sur le dos, agitent leur tignasse lissée de haut en bas. Et là, un type d’1m95 se pose au milieu du cercle. Bizarrement, personne n’est venu le pogoter.
Loin, loin devant Gucci Mane : « En fait, le type, c’est Big Ali, il met play sur un morceau qu’il a pas produit et il se contente de dire soit « Jump » soit « Hands up » par dessus son texte qui sort des enceintes – En même temps, tu dis ça, mais t’es assis à 200m de la scène en train de manger un kebab, t’en sais rien – Si, je sais »
Devant Moderat : « BOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUM Et donc, ce que je voulais te dire BOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUM alors bon, t’imagines bien que BOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUM dans la tortue, et c’est devenu la femme de ma vie BOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUM – Ah ok… C’est un peu fort, non ? – Quoi ? »
Samedi
Devant Johnny Mafia : « Ils ont l’air sympas eux, et puis leur musique met la grosse pêche – C’est bien des concerts où t’es devant la scène et où t’as la place pour danser – Ouais et tout le monde a l’air de se connaître – D’ailleurs, t’es le pote du guitariste, non ? – Ouais, et toi, t’es en colloc avec le chanteur, non ? – Ouais, ouais – On s’est vus hier soir à la soirée du bassiste, non ? – Ouais, ouais »
Devant Booba : « B2O, il est pas si bon sur scène, en fait – Non, moi, je trouve que ça claque, perso – Ouais, mais si tu connais pas toutes les paroles par cœur, c’est dur de suivre – Ahhhh regarde il a fait un sourire… Ah non, c’était un spasme facial (…) – Tu vas voir les Inrocks vont lui faire un hommage dès demain en disant qu’ils ont trouvé qui allait sauver la Terre de l’extinction du soleil – Mais non, pas leur genre »
Devant Helena Hauff : « Roooh, mais j’adore, elle part en grosse jungle, drum’n’bass, elle tripe, là – Elle peut se faire plaiz’, elle est en festival rock – En fait, c’est presque mieux de voir des artistes techno en festival rock, ils se lâchent plus – Au moins, elle n’aura pas un commentaire d’un type pointu le lendemain qui dira : ‘J’ai détesté qu’elle s’écarte de la ligne directrice qu’elle tient depuis des années, tournée autour de la SF 80s, le post-punk techno et le dark ambient. Zut »
Dimanche
Devant Solange : « Beyonce ! Beyonce ! – Que tout le monde arrête les blagues liées à sa sœur – Sinon quoi ? – Sinon, j’appelle son beau-frère »
Devant Arcade Fire, les yeux en larmes : « Eh, eh, eh, dans deux minutes, il y a un feu d’artifice – Ok, donc tu viens de nous spolier le plus gros truc du festival – Roh bah ça va »
Crédits photo en une : Nicolas Miot
« Devant Johnny Mafia : « Ils ont l’air sympas eux, et puis leur musique met la grosse pêche – C’est bien des concerts où t’es devant la scène et où t’as la place pour danser – Ouais et tout le monde a l’air de se connaître – D’ailleurs, t’es le pote du guitariste, non ? – Ouais, et toi, t’es en colloc avec le chanteur, non ? – Ouais, ouais – On s’est vus hier soir à la soirée du bassiste, non ? – Ouais, ouais » »
Théo le chanteur : Mon seul coloc c’est justement le bassiste … donc c’est bizarre :'(
Nos souvenirs sont peut-être un peu flous.
Me semble qu’il manque la punchline repris par 20.000 personnes attendant que la pluie se calme pour Justice : « La pluie, la pluie, on t’encule »