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Proxy, le mutant
du bloc de l’est

Proxy est l’un des producteurs les plus radicaux que l’on connaisse. Le Russe est parti en croisade contre le pouvoir de son pays et balance ses décharges pleines de violence à la face du monde. Depuis la bloc bétonné où il habite encore, à l’est de Moscou, Evgueny Pozharnov a sorti son premier album chez Turbo, label de Tiga. Son petit nom : « Music From The Eastblock Jungles ».

« J’apprends à parler avec les beats. Ici la vie est souvent problématique, et quand tu prends en permanence de la merde dans la gueule, tu fais plus facilement de la grosse techno plutôt que de la disco exotique ». Voilà ce que nous répondait Proxy, en avril 2010, lorsque nous l’avons interviewé. C’était l’époque de Dance In The Dark, première coup de tronçonneuse sonore du petit protégé de Tiga.

A 29 ans, Evgueny Pozharnov vient de sortir son premier disque, « Music From The Eastblock Jungles », en fin d’année dernière. Un hommage sans ambiguïté aux barres d’immeuble de la banlieue éloignée de Moscou, où il a grandi et habite toujours. Face à l’écran de son PC, Proxy a rapidement su par quel moyen il expurgerait la violence de son quotidien. Une techno sombre, robotique, presque mutante, qui lui a rapidement ouvert les portes de gros événements électro, dès ses premiers maxis chez Turbo.

Portrait parfait du digital native, Proxy a tout produit dans son coin, avant de séduire le label qui a aussi lancé Gesaffelstein ou Zombie Nation. L’isolement et la noirceur de son quotidien semblent avoir joué un rôle crucial dans sa composition. Passionné par le courant rave anglais des années 90, Proxy a vite imaginé sa musique comme un manière de secouer les gens physiquement, tout en se foutant ouvertement de la gueule des instruments de propagande du pouvoir russe. De la bonne vieille Lada, symbole de l’industrie automobile, aux exploits de l’aéronautique, tout les symboles sont détournés dans ses clips homemade. Pas toujours de manière très finaude, d’ailleurs.

Finalement, on pourrait se demander si Proxy ne court pas le risque de devenir le stéréotype de l’artiste contestataire anti-corruption, et finalement gagner du crédit par ce biais, et non pas par celui de sa musique ? La réponse semble s’imposer au bout de plusieurs écoutes de « Music From The Eastblock Jungles ». Cette bande-son martiale ne faiblit à aucun instant et vous donnera peut-être envie de tenter de détruire un mur de béton avec une aiguille à tricoter. « Ma musique vous dit quoi faire, mais jamais pourquoi. Votre oreille pourra être effrayée, mais votre corps appréciera ». C’est dit.

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