Polar Inertia est un projet complètement dingue, dont on vous a déjà parlé ici avec amour. Le collectif est présent au Baleapop, à Saint-de-Luz, où une partie de notre équipe est en train de chiller. Retour sur cette créa un peu dingue avec Cécile Cano et Audrey Teichman, commissaires d’expo, et les membres de Polar Inertia.
5 questions à Cécile Cano et Audrey Teichman,
commissaires d’expo du Baleapop
Avez-vous déjà par le passé laissé les clés d’un projet croisé à un artiste de votre programmation ? Lequel ?
Cécile Cano et Audrey Teichman : L’an passé pour la première fois, le festival a proposé de réunir deux musiciens sous forme de « micro résidence de création », entre Luke Abbott & Jack Willie. Cette première forme nous a donné l’envie d’aller plus loin et de structurer une résidence de création transdisciplinaire associant musique et art contemporain.
Comment va se dérouler cette nouvelle résidence croisée art contemporain / musique ?
C.C. et A. T. : Cette résidence se déroule en deux temps : un premier temps de rencontre avec le territoire et l’équipe du festival, au printemps, en aval de la manifestation, destiné à la réflexion, conception et préparation du projet croisé art contemporain X musique. Un second temps est la phase restitutive qui se déroule donc durant le festival.
C’est une première édition. L’idée est de continuer et rapprocher de plus en plus la musique et les arts dans Baleapop ?
C.C. et A. T. : Baleapop cherche en effet à rapprocher les deux disciplines, et cette résidence constitue pour nous une étape supplémentaire dans cette volonté de dialogue, de croisement. Pour la première fois, nous avons proposé une thématique interne au festival, « syncope » pour cette 6ème édition, ce qui nous permet à tous de travailler à partir d’une énergie, d’une ligne directrice commune. Cela constitue encore une autre manière de rapprocher art contemporain et musique au sein du festival.
Comment s’est fait le choix de Polar Inertia ? Quels sont les critères demandés pour ‘remporter’ cette résidence ?
C.C. et A. T. : Cette résidence repose sur un principe d’appel à projet. Polar Inertia a été sélectionné suite à la commission qui s’est réunie pour étudier les candidatures reçues. Les artistes peuvent répondre en binôme, en collectif ou bien individuellement et à ce moment-là, nous nous réservons la possibilité de constituer un couple de travail qui agira durant cette résidence. Nous demandons aux candidats de proposer un projet précis. C’est sur ce critère que Polar Inertia a été choisi cette année, ainsi que sur leur book de travail. Polar Inertia est une entité singulière, avec un univers sonore très marqué et une esthétique développée très pointue. Ce sont ces qualités qui ont motivé notre choix et nous sommes impatients de présenter leurs propositions pour le festival.
5 questions à Polar Inertia
Comment gérez-vous la question de l’anonymat, ou plutôt de la discrétion sur votre projet ?
Il n’est personne car il ne veut être personne et pour être personne il faut être à la fois partout et nulle part. Paul Virilio, Esthétique de la disparition, 1989.
La résidence à Baleapop sera très travaillée à l’avance ou laissera place à beaucoup d’improvisation ?
Notre travail pour la résidence Baleapop n’est pas une action de type performative comme à notre habitude. Il s’agit plutôt d’une installation énigmatique à laquelle on a réfléchi depuis des mois. L’improvisation sera moindre de notre côté, mais la réaction du public face à l’oeuvre reste totalement incertaine.
Vous pouvez me parler de Whiteout, l’installation lumineuse ? Ainsi que des projections vidéos ?
En écho à une mésaventure passée sur les plaines de Sibérie, nous avons cherché à reproduire le blizzard aveuglant, fameux whiteout polaire qui frappa le narrateur dans une expédition en traineau (expérience précédemment rapportée dans un texte publié lors de l’exposition « Can We See Well Enough To Move On? » à la galerie Abilene, Bruxelles, 2014). Une vidéo fait écho à cette installation, en évoquant des variations climatiques à l’horizon.
Ce format de résidence art contemporain / musique est très adapté à vos lives. Ces lives sont mouvants avec le temps ? Vous changez souvent les décors, lumières, scéno ?
D’un point de vue sonore nos lives évoluent selon les contextes mais dans le milieu du club il est très rare que les musiciens aient un mot à dire sur les lumières et le décor. Si nous avions le choix nous demanderions probablement à éclairer nos lives de la manière dont nous avons conçu le whiteout, d’une lumière blanche intense quasi aveuglante donnant au spectateur un sentiment d’égarement.
A la fois opposé et similaire au noir complet de la rave party d’un point de vue sensoriel, cette expérimentation créative ne sera probablement jamais tolérée par les normes de sécurités des clubs. C’est pourquoi nous avons cherché à développer ces recherches dans un autre cadre.
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