Sa petite entreprise a finalement connu la crise, elle aussi. Avant de se faire également la malle, Pierre Desproges parlait...
Sa petite entreprise a finalement connu la crise, elle aussi. Avant de se faire également la malle, Pierre Desproges parlait sans cesse de ces « meilleurs qui partent toujours les premiers« . Il en sait quelque chose, le con. Il a fait le grand saut en 1988. Bouffé par le cancer, lui qui, pourtant, était contre. Pour ou contre, Alain Bashung a dû composer avec. Sa dernière composition.
Troublé par une époque qui l’inquiétait, une époque qui nous ment de nuit comme de jour, il se tenait là, tellement au-dessus de la mêlée, à rendre cet hommage permanent aux mots, qui s’enchevêtraient dans une ombrageuse fuite en avant. Avec une classe inégalée par ses contemporains. Rallier le plus grand nombre à une œuvre si aventureuse est un acte immense. L’Histoire n’est pas une chienne et devrait s’en souvenir sans peine.
Puisque plus rien désormais ne s’y oppose… Bonne nuit Alain.
On pouvait s’y attendre, c’est dans la logique des choses… Pas de mots tout prêts pour cette fin, que j’aurais voulu la plus loin possible, les super héros ne meurent jamais après tout.
C’est un fait, on s’est retrouvé tout nu, tout démuni samedi dernier à l’annonce de son départ, mais avec un beau patrimoine aussi.
C’est que ça faisait un bail que j’étais tombée dans la marmite Bashung. Un paquet de ses titres m’avaient déjà accompagné petite, mon premier grand souvenir et impact conscient c’est avec le clip d' »Osez Joséphine. On est en 1991, j’ai dix ans, je regarde avant d’aller à l’école, je suis scotchée par la poésie de la chanson, le rythme, les images, et ce que je saurai plus tard être de l’érotisme…
En vrai dandy, Bashung avançait pour moi au fil de ses albums des petites bombes personnelles, des échappatoires,jusqu’aux tournants décisifs de Fantaisie militaire et de l’Imprudence. J’ai vraiment aimé sa façon de botter le cul à la chanson française, sans y toucher n’est-ce pas, et cette élégance de caméléon restera, c’est certain.