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Petites aventures au Pitchfork Music Festival 2015

Le média qui guide votre style vestimentaire, votre libre-arbitre et votre prochaine publication Facebook a remis ça avec son événement parisien. Avec Chicago sa ville d’origine, Pitchfork a trouvé dans Paris un bassin fertile à son implantation. Fans de shoegaze sans gluten oblige, puisqu’il affiche toujours aussi complet. Trêves de mauvaises blagues et balayage devant notre porte, on vous raconte cinq moments de notre week-end à la Grande Halle de La Villette avec Thom Yorke, Spiritualized et Unknown Mortal Orchestraet et un after au Trabendo avec Andre Bratten et Omar S. Parce que c’est ça aussi les reports de festivals, parler de soi en prétextant parler des autres. A moins que ce ne soit l’inverse.

Thom Yorke, Strabismsky contemporain

Thom Yorke - Vincent ArbeletThom Yorke / Vincent Arbelet

Un moment qu’on attendait autant qu’on redoutait. Si l’exigence et l’indépendance artistique du leader de Radiohead ne souffre d’aucune discussion, l’adhésion à ses dernières productions, notamment en live, ne révélait pas (plus) de l’évidence. En clair, la peur de se faire chier était bien présente. Il n’en fut rien ! Accompagné sur scène de Nigel Godrich (producteur de Radiohead, claviériste et guitariste d’Atoms For Peace et acolyte de Yorke depuis le début de sa carrière solo) et de Tarik Barri, en charge du VJing, Thom Yorke a livré un concert intense et hypnotique. On alterne entre nappes électro planantes et sessions bien plus dansantes et rythmées. Yorke nous surprend par l’aisance et la cohérence dans les influences. On pense parfois à James Blake, à Burial ou encore Four Tet (qui enchaînera juste après). La plupart de ses titres se construisent sans refrain, avec de lentes et subtiles progressions. Et, à chaque fois quasiment, Thom pose sa voix. Quasi personne dans la Halle de La Villette ne connaît les paroles, on ne comprend pas tous les mots mais l’essentiel est ailleurs : la voix de Thom Yorke offre sa dimension mystique à ses compositions parfois froides et complexes. On aura d’ailleurs rarement vu l’artiste se défouler autant sur scène, lors de danses rappelant incantations et transe.

Unknown Mortal Orchestra, simple et funky

umo - vincent arbelettUnknown Mortal Orchestra / Vincent Arbelet

Si on s’est franchement mordu les doigts d’avoir loupé Father John Misty pour d’obscures raisons, la frustration a ceci de chouette en festival qu’elle est souvent de courte durée. Car dans la foulée, on découvrait le live de Unknown Mortal Orchestra et son leader Ruban Nielson (photo de couverture) qui, à l’évidence, est un type malin. Capable d’offrir à un disque pop la roublardise et les virages funk et groove qu’il mérite et que la scène, parfois, exige. Une musique qui révèle son ambition en live et offre une relecture jouissive de Multi-Love, un troisième album, qui n’avait déjà pas les deux pieds dans le même sabot (comme on dit en Bretagne). Le risque, avec la complexité sonore de cet album, était de se perdre en route. Mais non, ça filait droit, tout en empruntant parfois d’autres chemins tortueux. Sur scène, Unknown Mortal Orchestra est une sorte d’anti-MGMT, en somme. La Nouvelle Zélande, dont certains membres du groupe sont originaires, était donc décidément en état de grâce ce samedi. Par contre, et on gueulera là-dessus une bonne fois pour toutes, produire des concerts avec des artistes d’envergure avec une telle sonorisation, c’est indigne. Le live est à voir en entier sur Culturebox.

Spiritualized, smells like spleen spirit

Spiritualized - Vincent ArbeletSpiritualized / Vincent Arbelet

Quand on avait regardé l’heure de passage de Spiritualized, samedi, on s’était posé quelques questions. Calés entre Run The Jewels et Ratatat, Jason Pierce et sa bande avaient fort à faire pour ne pas faire retomber le soufflé. Mais les paris osés accouchent parfois de belles surprises. On était déjà là en 2012 à la Cigale lors de son dernier passage parisien et on s’était parfois ennuyé, alors que le contexte de la salle était pourtant bien plus avantageux que cette halle de la Villette. Alors bien sûr, la culture du shoegaze interdit à ses meilleurs représentants de vous regarder dans les yeux. Mais certains d’entre eux savent quand même vous toucher au cœur en regardant leurs pieds. Parce qu’ils sont honnêtes et sans faux-semblant. Parce qu’ils font l’effort d’adapter leurs morceaux et partent du principe que le spleen a aussi sa place dans une soirée de fête. Vous pouvez retrouver le live intégral sur Culturebox.

Andre Bratten, il y a des jours où ça veut pas…


Andre Bratten- Aegis

Venus du froid, Andre Bratten et sa belle chemise de bûcheron sont de ceux qui nous excitent le plus sur l’affiche nocturne du vendredi soir au Trabendo. Au moment où on rentre dans la salle, on pense aux maxis du Norvégien, taillés pour le dancefloor, mais aussi à son premier disque Gode, à la croisée des chemins entre ambient et electronica, qui en déroutera plus d’un à sa sortie, dans quelques jours.

Bratten a une heure pour convaincre avant qu’Omar S ne malaxe le Trabendo. « Tromme Og Bass » et « Yours Sincerely » agitent le petit club tout rouge, avant que les premières notes de son hit « Aegis » ne pointent le bout de leur nez. Et là, juste là, au moment d’apothéose de cette petite ritournelle électronique, bim. Coupure de jus. Comme si un mec un peu jaloux avait décidé de saborder cette douceur en jetant sa pinte sur la console de son. La sirène incendie retentit, et Bratten enchaîne. On noiera notre frustration passagère dans un océan de bonheur.

Omar S, « c’est la fête… c’est la fête » (Groland)


Omar S – Day

Le Trabendo se vide progressivement, la place se libère, le gin fait effet et quand Omar S débarque, c’est notre volonté de prendre l’air qui en prend un coup. D’entrée de jeu, le pote de Theo Parrish qui ne jure que par l’underground oblige le public frileux du Trabendo à se dépenser. Disco pitchée, soul technoïde, Alex Smith nous sort de son bob des morceaux éminemment dédiés à la fête, la vraie fête rigolarde, en sueur, tout en défauts. L’artiste, certes connu dans le milieu pour être intransigeant en interview comme dans ses choix artistiques et à l’origine de l’ironique et génial album Thank You for Letting Me Be Myself, a su nous insuffler rage et créativité.

Forts de ces nouvelles aptitudes, il nous semblait simple d’opérer quelques glissades sur le sol humide, n’hésitant pas à ajouter quelques gouttes de bières, qui, tels de chevronnés joueurs de curling, nous permettaient d’aller toujours plus loin dans le pas de danse. Omar S finit sur « Day », son hit à pleins tubes (qui utilise un sample de « Come See About Me » de The Supremes) et nous laisse sur un cut qui n’aurait pas réussi à une personne cardiaque. Lumières allumées, vestiaire à récupérer et quelques types qui chantonnent dans le fond le yaourt de ce qui leur reste de vie : « Lilolilolilolilo Loliléééééé ». Pour info, les vraies paroles sont « That you’re never ever gonna return ». PS : il n’a rien à voir avec Omar Souleyman.

Crédit photos : Vincent Arbelet
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