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Pete The Monkey Festival, un week-end hors du temps

Qu’il soit perdu dans la campagne, à la mer, en pleine ville, qu’il soit énorme ou confidentiel, on ne cessera de rechercher dans un festival un moyen de se couper du monde. Pour de vrai. Le festival Pete the Monkey fait partie de la catégorie de ces festivals familiaux où la réalité n’a plus vraiment de sens. Récit d’un bout de paradis normand.

Photo en home piquée à Pete The Monkey

L’arrivée

Bercé par la navette de bord de mer de Dieppe à Saint-Aubin sur Mer, l’idée de tout plaquer pour acheter une maison en briques et gueuler contre le vent n’est pas loin. Petit somme sur le trajet…. Eh merde, la navette est allée trop loin. Cinq minutes suffisent à un local de nous prendre en stop. Là, on y apprend par la sœur-de… que quiconque va au Pete The Monkey connaît le frère d’un technicien, la mère de l’organisateur ou le pote du mec au bar.

Bienvenue dans un festival où se faire des potes est aussi compliqué que de battre Mick Jagger au 100m. Débarquement sur la ville côtière normande. Son absence de distributeur, ses kitesurfs, son unique commerce de plage – qui se met bien.

Arrivée sur place, un doute quitte les nouveaux venus. Après le teaser idyllique du lieu : la peur d’être déçu. Résultat : un petit coin de paradis, comme promis. Un paradis vert, la pelouse comme tapis et un un paradis jaune, des bottes de foin comme banc et des bananes comme déco.

Photo piquée à Pete The Monkey

Les concerts – Jour 1

On aime beaucoup le one man band Roscius et le one woman band Lokoko. Il est toujours impressionnant de voir ces artistes seuls sur scène, occupant l’espace et l’atmosphère, prenant possession de leurs machines, leurs pédales de loops et d’effet et leurs instruments. On prend notre pied sur Papooz, groupe de pop ensoleillée, avec deux chanteurs, l’un ayant l’air d’avoir 8 ans, l’autre bloqué dans les années 60. On apprend que les Isaac Delusion ont kiffé leur concert, qu’ils se sont bien entendus et qu’ils leur ont proposé de faire une de leurs prochaines 1ères parties. Mention spéciale à l’homme machino-saxo Thylacine, dont les cuivres et la MPC en main ont étalé une nouvelle fois ses talents d’improvisation et ses influences noise (il cite régulièrement son attachement à Moderat, Four Tet…). On se met ensuite dans la musique électronique quasi-cléricale de Bloum, oscillant entre très grande beauté et musique à  « se tailler les veines » (dixit d’une festivalière qui n’a pas eu l’air d’adhérer).

Les moments d’action les plus jouissifs pointent leur nez entre chaque concert. A chaque inter-plateau, la Main Stage se vide et les festivaliers accourent vers la cabane (alias le Dance Hall). Les collectifs de DJ’s se relaient, de ceux de la webradio du Mellotron à ceux du webzine la Détente Générale en passant par ceux du label Cracki Records.

Le camping

Photo piquée à La Détente Générale (+ de photos ici)

Douce est l’initiative de ce bon vieux singe Pete d’avoir tondu les hautes herbes pour en faire un matelas géant sur lequel les festivaliers ont pu planter copieusement les sardines de leurs tentes. C’était extrêmement agréable. Et qu’elle est belle la sensation de pouvoir prendre l’apéro tranquillou à deux pas des concerts.

Ambiance – Jour 2

En ce jour 2, les DJs mixent et réussissent avec brio à faire venir le soleil pour sécher les quelques gouttes nocturnes. Pendant ce temps, les premiers groupes se préparent et le stand pizza devient carrément the place to be du site. Les couronnes de fleur sont jolies mais coûtent 5€. Certains plus intelligents, vont cueillir des fleurs et s’en faire une maison (une couronne maison, pas une vraie maison, hein…). Parce que OK on finance un parc de singes mais faut pas pousser.

Concerts – Jour 2

On a bien adhéré à Camp Claude, même si la ressemblance avec la voix de la chanteuse des XX est vraiment (trop) frappante. Agréable découverte live de L’Impératrice, où instru lounge et beats beats hip-hop sont entrés en collision avec les festivaliers ravis. On retiendra aussi le génial concert d’Isaac Delusion, qui a foutu une pêche de dingues, a montré une grande assurance (bien plus que quelques mois auparavant au Café de la Danse) et une super adaptation de leurs morceaux studio en live. La suite avec un concert surprise en semi amplifié pour le groupe argentin La Yegros – clairement l’un des moments les plus euphoriques – avant de finir les concerts avec Blue Hawaii. Une fois de plus, la cabane aux mille danseurs nous accueille une bonne partie de la nuit.

Ambiance – Jour 3

Photo piquée à La Détente Générale (+ de photos d’eux ici)

On rencontre Messi, 7 ans, biberonné aux festivals, ambianceur d’événements et footballeur marathonien. C’est avec pas moins de 5 groupes de personnes, sept heures durant qu’il va courir, balle au pied, et épuisant ainsi ses adversaires, plus habitués à la pinte et aux Gauloises que lui. Après, on l’a battu facile à la balle au prisonnier… Son père, bien entraîné, abandonne de le suivre partout et le refile à qui veut. Parce qu’il est sympa ce gosse, mais bon. Les jambes sont lourdes mais on n’arrive pas à se défaire de la cabane qui abrite les enceintes desquelles sortent les tubes disco, R’n’B et house du DJ. On regrettera surtout pour les DJ de journée que leur public ne soit pas directement devant eux et qu’il ont hélas sûrement loupé des scènes de breakdance assez mythiques, des gens tapant du pied sur le parquet sans arrêt (un vrai exutoire) ou encore un mec dansant avec son violon et faisant des solos sur du Nicolas Jaar. A la limite du fou-génie. Une limite très mince.

Finale de la coupe du Monde

21h approche et on ne voit rien sur l’écran prévu sur le site du festival. On se motive donc à une centaine de mètres de là où se tient le bal populaire de la ville où sera installé un écran géant. Pardon, un écran de télé géant. Ce qui donne un petit écran pour une assistance nombreuse. Ici bas, personnes âgées, enfants, frites, tombola, on applaudit Marcel. On s’attend à un bal ginguette, mais pas du tout, c’est Beyonce party. Du coup, tout le monde est content. On réserve les bonnes places et on file à la buvette. Mazette, 1€50 la bière ! Le bouche-à-oreilles semble fonctionner et une bonne partie des Monkeys arrive au bal populaire. Deux heures-et-demi après, Messi baisse la tête devant la défaite et les barmaids du bal n’ont plus une seule goutte de bière. L’assistance pro-argentine est un peu tristoune, mais elle oublie très vite en revenant au festival. L’enchaînement Satisfaction – Je Marche Seul – Les Démons de Minuit précipite notre sortie du bal.

Photo piquée à Pete The Monkey

Ambiance nuit

Les DJs sont moins intéressants, et l’ambiance trap – dubstep qui se met en place ne nous plaît pas trop. Du coup, on se remet complètement à un groupe d’anglophones qui freestylent des conneries sur Anyone Else But You des Moldy Peaches (on parie que c’est le second classique à la guitare sèche après le Wonderwall d’Oasis). L’un d’eux, style chapeau de paille, lunettes posées sur le bout du nez, expressions du visage façon Mister Bean, se retrouve d’ailleurs dans tous les mouvements étranges et les danses bizarres du week-end. On tape sur des bouts de bois, à la roots, et il s’en est fallu de peu qu’on allume un feu en se faisant un petit Marley. La catastrophe évitée, on fait la clôture de la cabane avec un DJ assez prétentieux, se prenant un peu trop pour le mec à la prod de 50 Cent, qui n’hésite pas à couper le son et à faire des têtes improbables pour faire le show. Mais ça ne marche pas.

On se couche, heureux de ce petit paradis, de l’ambiance moelleuse de nos journées, de l’échange facile entre les artistes, de la chaleur du public et de l’accueil du festival. Joli coup artistique et énorme coup atmosphérique.

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