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Panda Bear : machine à sensations

Panda Bear est de ceux que l’on qualifie avec justesse, de petit génie moderne. Fort de ses nombreuses collaborations avec Sonic Boom, Daft Punk, Atlas Sound ou encore Pantha du Prince, le Panda plane mais demeure un artiste discret. Imprévisible car en recherche permanente de renouvellement, il est l’auteur de chefs-d‘œuvres hétéroclites produits à l’abri du chaos médiatique de son groupe Animal Collective. Retour sur un animal virtuose et perfectionniste qui exerce la fascination autour de lui.

Explorant, à chaque nouvel album, des univers totalement différents, Noah Lennox est parvenu à livrer une simplicité insouciante dans « Young Prayer » (2004) et une pop psychédélique luxuriante dans « Person Pitch » (2007) qui deviendra mystique voire expérimentale dans « Tomboy » (2011). Mélange de fragilité touchante et d’ascensions conquérantes, ce dernier, produit par Peter Kember alias Sonic Boom, était sûrement l’album le plus aboutit et le plus complexe de Noah Lennox. Quelque peu romantique, l’américain, exilé à Lisbonne depuis 10 ans, a mis un point d’honneur à ce que sa musique soit un véritable vecteur d’émotions, notamment grâce à sa voix juvénile et cristalline dont il se sert comme un véritable instrument.

Le magicien des rythmes transcendants produit de ses mains une musique si puissante et intense qu’on se demandait comment il la transposerait sur scène et devant un public. A vrai dire, on angoissait aussi un peu à l’idée de le voir en vrai. Sûrement de peur d’être déçu, que le « mythe » qui nous hantait se casse violemment la gueule.

Dimanche 23 mars dernier, l’occasion s’est enfin présentée grâce au festival bien nommé « Assis ! Debout ! Couché » au Lieu Unique à Nantes. Et, avec surprise, on a appris que l’artiste tant attendu (la soirée affichait complet) allait se produire avec Sonic Boom (ex-Spacemen 3), face à un public couché sur des coussins créés spécialement par la designeuse Matali Crasset. Le décor était posé, écrin idéal pour accueillir la musique céleste de Panda Bear. Avec son allure d’adolescent nonchalant, Lennox arrive timidement accompagné par Peter Kember pour commencer un set qui durera un peu plus d’une heure.

Au milieu de machines impressionnantes, Noah entonne les premières paroles de You Can Count On Me, sa voix singulière s’élève et transcende. Une ascension hypnotique préfigure ce qui sera un live tout en poésie. Les deux hommes, très concentrés, semblent maîtriser leur sujet comme personne. Les vibrations émanant des basses du terrible titre Drone nous irradient. Le temps n’est plus, seule la musique et les sensations qu’elle procure comptent, le public immobile écoutant attentivement la moindre bribe de son.

Chacune d’elle est importante dans les compositions de Panda Bear. L’artiste, batteur du groupe Animal Collective, est extrêmement consciencieux dans la construction rythmique de sa musique. Processus complexe qu’il met en place seul dans son studio dans lequel la lumière peine à entrer. Une multitude d’influences dont Brian Wilson, la techno de Détroit ou les rythmes africains, sont alors ingurgitées puis réinventées.

Quelques nouveaux morceaux se glissent dans ce set tout en surprises, où tout est joué différemment. Afterburner s’étire dans l’espace et dans le temps, les nappes de synthétiseurs recouvrent la salle. Quant au titre Alsatian Darn, il marque un sommet dans ce voyage interstellaire, les dernières notes entonnées par Lennox se révèlent être d’une intensité incroyable. L’écho et la réverbération de la guitare instaurent alors un calme religieux.

Le final est explosif, après une ultime montée dans les confins de la psyché-pop, c’est l’apothéose. Noah lance un timide « Thank You », avant de nous laisser livrés à nous-même. Bouche bée, on en sort rêveurs et un peu perdus tant le retour à la réalité est violent. Des échos dans les oreilles, on aimerait rester encore un peu dans cette atmosphère poétique et cotonneuse. Si certains considèrent sa musique trop répétitive ou cérébrale, cette performance aura proposé une approche différente, à la fois poignante et tout en délicatesse, amadouant un public adepte comme infidèle. Une sorte de jolie claque collective.

Le label Domino Records a récemment annoncé la sortie courant 2014 du cinquième album de Noah Lennox qui s’intitulera « Panda Bear Meets the Grim Reaper ». Une tournée internationale accompagne par ailleurs cette sortie et il sera notamment de passage au Midi Festival le 25 juillet.

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