A Dour l’été dernier, quatre Belges plein d’avenir avaient joué devant nos caméras une version acoustique déconcertante de leur titre phare. Loin des quatre claviers à l’arrache de Seaside, l’album de Pale Grey – le 17 février dans les bacs français – montre l’étendu du talent de ces agneaux à la modestie touchante. Rencontre était fixée mardi dans le salon d’un hôtel parisien. Comme des rock-stars en devenir qui méritent d’exploser.
Vous êtes originaires de la campagne wallonne, si j’ai bien lu.
Maxime : Ouais, une petite ville à côté du circuit de Formule 1, près de Spa. On a grandi là, puis on a été étudier à droite et à gauche. Maintenant, on habite tous à Liège.
Trouvez-vous réducteur de résumer la scène belge aux groupes bruxellois ?
Maxime : On est déjà assez contents que tu nous dises qu’elle ne se résume pas à Stromae (rires). Nous, on vient de Liège et il y a pas mal d’artistes qui sont originaires de là. Notamment Hollywood Porn Star qui ont fait parlé d’eux il y a quelques années, Malibu Stacy un peu moins. The Experimental Tropic Blues Band.
Gilles : Bruxelles reste la capitale. Votre Paris fait aussi beaucoup d’ombre aux autres villes. A toutes proportions gardées, ça doit avoir le même impact.
A l’instar des Islandais et des groupes du Nord de l’Angleterre, pensez-vous que la scène belge puise son inspiration et ce besoin de jouer dans la grisaille. Comme s’il y avait un lien de causalité entre temps maussade et le rock.
Maxime : On a grandi dans un endroit avec beaucoup de brouillard, fort pluvieux, à l’ambiance grise. Je ne sais pas si j’ai la réponse, mais c’est amusant que tu en parles car je me suis fait la réflexion. Outre que l’Angleterre soit la patrie du rock, il y pleut tout le temps et il y a plein de groupes. Alors que dans le Sud, les groupes sont plus festifs.
Yann : Ils doivent préférer aller à la plage (sourire en coin).
Gilles : J’ai l’impression que la mélancolie est très présente dans le rock. Dans le sud, c’est plus enjoué. Même si on n’est pas des dépressifs et plutôt bien dans notre peau, on est touchés par des musiques sérieuses et mélancoliques.
Maxime : Dans nos régions, le mode de vie force à être plus calme et contemplatif, donc plus introspectif. Les Latinos, au risque de dire un cliché, doivent être plus festifs.
Le clip de Shame est sombre aussi. Pour ne pas dire pas violent. Ça allait les mecs à l’école ?
Gilles : C’est une interprétation de la chanson par le réalisateur.
Maxime : Mais bon, c’est un petit roux. Je pense que ça n’a pas toujours été évident de grandir pour lui. BIG UP (rires).
Il y a plus de moyens sur ce clip que sur celui-ci de Seaside. C’est le fait d’avoir été signé qui offre plus d’argent pour la réalisation ?
Maxime : C’est vrai, mais c’est surtout nous qui nous nous sommes mis plus de moyen. Le clip de Seaside est sorti avant le disque, dans lequel on avait mis pas mal d’argent pour le finaliser. Shame, ça commence à bien tourner et on a eu des cachets plus importants. Sur Seaside, le côté cheap était voulu cependant. On voulait mettre en scène un gars qui fantasme une west coast américaine alors qu’il est à mille lieues de cela. Même si on avait eu plus de moyens, on aurait voulu garder cette idée du faux plan séquence dans un endroit confiné.
Quand j’ai vu Pamela Anderson, je me suis dit que vous étiez précoces les gars…
Gilles : (rire général) C’était la fin de la série… Mais je la trouve toujours bien aujourd’hui !
Maxime : Il faut savoir qu’on est les derniers de famille. On regardait aussi grâce à nos grands frères et sœurs. On était peut-être pas en âge de profiter de ses attributs, mais en tout cas, on y était soumis…
Dans les backstages de Dour, étiez-vous tels des enfants dans un magasin de jouets face aux artistes de renom ?
Maxime : C’est surtout LE festival qu’on côtoie depuis toujours. C’était une sorte de rêve qui se concrétisait. On a eu une excitation positive, pas un stress maladif. Enfin, pas pour moi…
Gilles : J’ai toujours eu beaucoup de mal à être détendu. A Dour ou ailleurs. En plus, on avait fait la fête les jours avant. J’ai donc eu une extinction de voix le matin du concert. J’avais peur de ne pas atteindre des notes – ce fut le cas – mais ça reste un très bon moment. Une grosse part de notre culture musicale s’est construite à travers ce festival.
Prenez-vous plus de plaisir à jouer Milopoy que des titres avec du texte ?
Maxime : C’est un morceau qu’on aime beaucoup. Au début du projet, on se voulait un projet post-rock avec des envolées. Au final, on a mis des voix, on a évolué. Mais on a gardé ce lien initial à travers ce morceau purement musical.
Pale Grey est-il un groupe constamment uni ou autorisez-vous les projets parallèles ?
Maxime : On a tous des side projects. Disons qu’on joue tous dans d’autres groupes.
Gilles : C’est plus compliqué pour les agendas. Jusqu’à maintenant, aucun groupe n’en a souffert. On a su faire en sorte que personne n’en pâtisse.
La pire comparaison entendue ?
Maxime : Les pires critiques ne viennent pas de vrais critiques. Enfin, ce sont des comparaisons à la fin d’un concert. « C’est génial, ça m’a fait pensé à »…
Gilles : … Placebo, c’est pas agréable.
Maxime : Ça nous interpelle toujours. Placebo : ouais… peut-être… (air surpris). On a eu Muse et Coldplay une autre fois.
Yann : Peut-être un air commun dans les cymbales (sourire).
Maxime : C’est difficile de dire à un fan ou quelqu’un qui vient te parler à la fin d’un concert qu’on n’aime pas Placebo. Alors, on lui dit : « Oui, on aime beaucoup » (rires).
La meilleure. Et celle qui vous ferait rêver ?
Maxime : A toutes proportions gardées, vu qu’on utilise des synthés vintage, la comparaison avec Metronomy est facile à faire. On adore ce groupe mais on n’a pas la prétention d’être aussi bon. Girls in Hawaii, l’un des mes groupes de chevet, me ferait plaisir.
Gilles : J’avoue que Metronomy, ça fait du bien à entendre.
Pale Grey jouera le 25 janvier à Tourcoing (Grand Mix), le 6 février à Nancy (Festival Home Sweet Home) et le 18 février à Paris (La Flèche d’Or).
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