Les enfants de Madchester sont partout : des Australiens de Jagwar Ma aux Anglais d’Outfit, la pop se pare de son habit psychédélique et rétro pour enrober sa colonne vertébrale électronique. On a échangé avec cette formation à cinq, passée complètement inaperçue en cette rentrée malgré un album « Performance » des plus solides.
On ne vous connaît pas trop en France, vous nous racontez comment le groupe a débuté ?
On était dans une tapée de groupes à Liverpool avant – techno, noise rock, métal, du progressif… Après un bon moment, on a voulu arrêter de frimer. On a voulu faire quelque chose qui parlerait aux gens de la lutte permanente de trouver une identité et un chemin dans la vie. Au début, on a reçu beaucoup de soutien d’internet, comme beaucoup de formations actuelles, mais on a décidé que c’était important de (presque) l’ignorer. On préfère passer notre temps à réfléchir à ce qu’on veut réellement exprimer et à trouver la manière de le présenter.
Vous pouvez décrire les différents endroits dans lesquels vous avez composé « Performance » ? Le manoir avait l’air cool…
Ouais, au début, on a vécu, écrit et répété dans ce grand manoir à Liverpool avec tous nos potes, donc le groupe est né à un moment très excitant de nos vies. Two Islands vient de cette période bien qu’il a en fait été écrit par Andrew à Lille. Le reste a été en majorité composé à Londres où l’on a habité pendant un an en essayant d’expérimenter de nouvelles choses. La majorité de notre travail s’est fait là. Ensuite on est revenus à Liverpool et on a construit notre propre studio. On était super excités par le temps, la liberté et les possibilités que ça nous ouvrait. Je pense que c’est de cet optimisme qu’est parti l’album.
Liverpool est toujours une ville attrayante pour se lancer dans la musique ?
Dans la communauté musicale de Liverpool, il y a un grand sens de l’indépendance – c’est une petite ville, donc tu connais la plupart des gens qui y font des choses intéressantes. Notre désir de gérer les choses de nous même avec le minimum d’aide extérieure vient sûrement de l’indépendance et la créativité de cette scène où l’on a grandi. Liverpool a toujours eu une forte connection avec la musique psychédélique et la pop intelligente ; je crois que ces courants se ressentent dans notre musique. Après, ça me paraît un peu limité de nous décrire comme un « groupe de Liverpool », la musique a une portée plus grande et universelle que ça.
Beaucoup de vos morceaux ont leur clip, ça vous paraissait important ?
Oui, une bonne vidéo peut ajouter à l’observateur une image de la chanson. Idéalement, on essaie que l’image ne soit pas trop évidente pour qu’il y ait de la place à l’imagination. On est aussi passionnés d’arts visuels que de musique et on veut que nos vidéos valent quelque chose de plus que cinq gars qui jouent de leurs instruments dans studio.
Vous pouvez nous en dire plus sur le personnage du clip d’I want what’s best ? (ci-dessous)
John est un interprète de rue [à Liverpool] qui s’habille comme un cow-boy et qui se peint lui-même à la bombe dorée. Il est l’une de ces statues que tu dois voir pendant tes vacances. C’est aussi un ancien accro à l’héroïne et ses performances lui ont permis de rendre sa vie meilleure. Au début, on voulait Liverpool [comme lieu de production de l’album] rien que pour inclure John dans l’une de nos vidéos. Il est très charismatique et son histoire est inspirante.
Qu’est ce que cette rencontre vous a apporté ?
Les émotions dans cette chanson – le désir de trouver un but à sa vie, la frustration de ne pas pouvoir tous les essayer, la chute dans l’obscurité, la recherche d’un chemin introuvable vers le bonheur – toutes ces interrogations qui surgissent dans la vie d’un être humain. L’exemple de John montre toute la force qu’il faut réunir pour réellement changer sa vie. Même si sa lutte fut plus rude que celles que l’on a eu vivre, elle résonne de la même manière. Il est aussi une piqûre de rappel que, même si ce combat est personnel, il est important d’avoir une société et une culture qui soutienne et respecte les gens, quelque soient leurs erreurs. L’accueil positif de cette vidéo montre que les gens trouvent de l’humanité dans la situation de John.
Le titre House On Fire est sûrement la pépite de l’album.
0 commentaire