Juste après son showcase dans le pop-up store « For the time being » de Groningen pour le festival Eurosonic, la tête pensante de Oscar and the Wolf nous a accordé un moment pour discuter. Un type perché très haut dans un monde peuplé de vampires, des personnages de Lars Von Trier, de Gala version déprime, qui à chaque minute prend un regard un peu fou et laisse aller son esprit.
Dans quel monde Oscar and the Wolf vit-il ?
Oscar and the Wolf est le croquis du monde dans lequel je vis. Un monde qui n’a rien à voir avec la réalité. Ça parle de désirs, d’océans et aussi un peu de l’univers. Je pense que la meilleure façon de l’imaginer est de regarder le film Bitter Moon.
C’est le point de départ du projet ?
Non mais ce film a été une grande influence pour moi, mes désirs et mon monde.
Qu’attends-tu du monde que tu as créé ?
Mon plus grand désir c’est l’éternité. Car je n’arrive pas à me dire que les choses, dans notre monde, ont une fin et sont amenées à disparaître. Je suis très effrayé par ma mortalité. C’est pourquoi j’aime autant les vampires (Regard fou).
La musique, c’est une manière pour toi d’être immortel ?
Oui bien sûr, c’est pourquoi j’ai créé ce personnage qui est une figure immortelle. C’est un film dans lequel j’imagine une autre réalité qui n’est pas exempte de vérité. Parce qu’il est visible, écoutable. Les désirs que je mets en forme sont réels.
Oscar and The Wolf – Freed from desire
Tes personnages ont plus de qualités que nos contemporains ?
Oui, car ils ne sont pas vraiment humains. J’aimerais tellement avoir des super-pouvoirs (Absence et regard fou). Tous les mois, j’en veux un nouveau. Bien sûr, je souhaiterais voler, disparaître serait pas mal mais le plus énorme serait de pouvoir déplacer des objets avec mon esprit. Je pense que les prémonitions existent dans la vraie vie et je ne crois vraiment pas aux coïncidences. Les choses sont prédéterminées, c’est évident.
A la fin de ton showcase, tu as fait une reprise du hit « Freed from desire », plutôt étonnant comme choix.
Je pense que personne n’a vraiment réalisé que la chanson parlait de la mort. Parce que quand un être humain est « libéré de ses désirs », il est mort. Ou drogué. Quand on vit, on est toujours soumis à nos désirs. Je voulais que les paroles prennent tout leur sens – bien sûr elles en ont – mais j’avais envie de les remettre dans un contexte plus triste. Je suis parti d’une scène de Melancholia où ils sont dans cette cage magique, alors que la planète se rapproche d’eux. Ce moment m’a inspiré et c’est là que j’ai rajouté des cordes au morceau. Dès que la planète arrive, la chanson débute.
Melancholia / Lars Von Trier
Tu as envoyé ta chanson à Lars Von Trier ou…
Ou Roman Polanski, Jonathan Glazer… Non, je ne pense pas pouvoir encore les contacter. A part si je vais à Hollywood un jour. C’est très compliqué de les atteindre. Ils doivent avoir tellement de demandes.
Tu te souviens de l’état dans lequel tu étais quand tu as enregistré un morceau pour la première fois ?
J’avais le cœur brisé. J’ai fait un morceau mais je ne l’aimais plus parce que je ne voulais plus être un être humain, ce genre de choses. J’étais énervé, triste. J’ai créé un personnage qui essayais de trouver la beauté dans la déprime.
Tu as toujours été un grand enfant ou tu as commencé à le devenir plus tard ?
Je le suis depuis que j’ai découvert Pokémon. Mais quand tu y penses, Pokémon est super cruel. Parce que les humains capturent des animaux sauvages, les emprisonnent, tout ça pour les faire combattre entre eux. C’est très étrange.
Ça a été un choc de te rendre compte de ça ?
En fait, j’ai réalisé le truc la semaine dernière. C’est moche, hein. Les enfants font probablement pareil avec leurs chats. Ils les frappent et les mettent sûrement dans des balles.
Tu as déjà joué en France ?
Oui, beaucoup de fois, Lille, Lyon, Rennes et à Paris au Silencio. Souvenir étrange, cette salle. Tout est un or, tout le monde très bien habillé. J’ai appris que c’est sélect, que tu dois postuler sur Internet et qu’ils checkent ton style de vie, ton boulot, si tu bosses un peu dans le milieu de l’art ou que tu traînes avec des artistes.
Si tu es un vampire, ça colle ?
Si tu le mets en résumé sur tes réseaux sociaux, je pense que ça passe. En même temps, c’est un concept de David Lynch, il veut créer son space world avec ses space shows. Donc, le lieu était sympa mais je n’aime pas trop ce genre d’endroits pas très ouverts.
Tu as une scéno féérique comme tes textes ?
Je suis habillé comme les boxers avant d’entrer sur le ring, mais version vampire. Plein de couleurs, du violet, du vert, de l’or, des strobes. Donc, je suis comme un vampire en pleine jungle.
Le « wolf » symbolise quoi ?
Oscar est mon personnage humain du jour et « the wolf » est ma partie animale nocturne.
Rien à voir avec « Pierre et le loup » ?
Pas du tout. Tout le monde m’en parle mais je n’ai jamais écouté la musique, lu le livre, vu le film… Je devrais.
Merci Oscar.
Merci. Maintenant, il faut absolument que je fasse tous le magasins pour trouver un casque de chantier. Ce serait chouette d’en trouver pour mon concert. (Regard fou).
D’accord Oscar. Merci Oscar.
Crédit photo d’Oscar : Marie Wynants.
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