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On a produit le nouveau clip de Delgres

On n’est pas peu fier.e.s de vous présenter notre toute nouvelle production : le clip du titre « 3 Ed Maten » du trio Delgres, réalisé par Gaëtan Chataigner. On espère qu’il vous plaira. Ce clip fait écho à l’histoire de milliers d’antillais, qui, dans les années 60, ont laissé leurs îles derrière eux pour travailler en métropole… et débarquent au port du Havre. Comme le dit si bien le groupe : « ce titre est un hommage aux ouvriers : pour ceux qui n’ont rien, le soleil se lève toujours plus tôt, 4 ed maten (4 heures du matin). »

Quelque part dans la vaste zone portuaire de la ville, la lampe à sodium d’un réverbère projette sa faible lueur jaune-orangé sur le toit d’un camping-car fatigué. Il est 4h du matin, l’heure de se lever pour aller travailler. Léger crachin normand. L’ouvrier jette un œil par la fenêtre. Autour de lui, des centaines de conteneurs métalliques empilés les uns sur les autres, dessinent la géométrie d’une ville futuriste, formée d’interminables perspectives de rues et de travées.

Le camping-car semble bien petit dans ce décor labyrinthique, comme perdu dans un immense jeu Tétris. Clac clac ! Soudain, deux énormes projecteurs de chantier s’allument pour révéler, en contre, le trio de musiciens de DELGRES. Sous la lumière artificielle, le groupe déploie une énergie brute, âpre, sans concession (qui n’est pas sans évoquer celle du London Calling de The Clash). Les gestes des musiciens sont précis, puissants. Les tôles colorées et le sol bitumé, trempés par la pluie, accentuent les jeux de brillances et ajoutent au dynamisme du morceau.

Dans les travées, entre les conteneurs, des silhouettes mystérieuses s’avancent lentement dans la lumière bleutée. S’agit-il de clandestins que le son du groupe attire hors de leurs caches ? Ou bien sont-ce des travailleurs immigrés qui vivent dans les caravanes alentours et qui vont au boulot ? Les deux, sans doute. Derrière la vitre de son camping-car, l’ouvrier se lave le visage avec un gant de toilette alors que perlent la pluie et la sueur sur le front du chanteur. Plus tard, il cuisine des œufs, prépare du café, règle la fréquence de la radio, etc. Ses gestes sont automatiques, résultent d’un rituel quotidien. Ils font écho à ceux des musiciens et sont prétexte à des enchaînements graphiques ou des raccords formels (vue zénithale sur la poêle avec les œufs / caisse claire circulaire du batteur, potard de la radio FM / piston du soubassophone, etc ). L’ouvrier prend sa veste, saisit son casque de chantier, claque la porte et part au boulot. Il s’arrête devant le trio de musiciens, au milieu des conteneurs, rejoint par quelques « camarades ». Mêlés aux travailleurs, des jeunes migrants en survêtement esquissent quelques pas de danse.

À présent, le jour se lève sur la ville. La pluie a cessé. Le soleil monte à travers les structures métalliques du chantier portuaire et inonde progressivement la vaste zone de conteneurs de sa lumière dorée. Les grues du chantier naval entament leur ballet dans le ciel délavé. On découpe l’acier, on martèle la tôle, on meule, on soude, on soulève, on décharge. Les gestes sont précis, puissants, automatiques, résultent d’un rituel quotidien. DELGRES joue au milieu des ouvriers dont les visages marqués par les luttes et le travail, se confondent aux paysages industriels qui les entourent.

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