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On a filmé le spectacle intégral “L’Homme A.”, avec Sandrine Bonnaire, Erik Truffaz et Marcello Giuliani

Refaire vivre, sur scène, deux écrits de Marguerite Duras par le biais d’une création entre lecture et improvisations musicales : c’est le défi que le trompettiste Erik Truffaz a proposé à la comédienne Sandrine Bonnaire, et au contrebassiste Marcello Giuliani. Ensemble, ils rendent hommage à l’une des plus grandes femmes de la littérature française, via deux récits, « L’Homme assis dans le couloir » (1980) et « L’Homme atlantique » (1982).

« Elle n’aurait rien dit, elle n’aurait rien regardé. Face à l’homme assis dans le couloir sombre, sous ses paupières elle est enfermée. Au travers elle voit transparaître la lumière brouillée du ciel. Elle sait qu’il la regarde, qu’il voit tout. Elle le sait les yeux fermés comme je le sais moi, moi qui regarde. Il s’agit d’une certitude. »

Marguerite Duras, L’homme assis dans le couloir, (1980)

La lecture musicale a ce petit quelque chose d’instable : elle peut, par des mauvais choix de mise en scène, mettre à terre un texte formidable. Beaucoup s’y sont essayé. Interpréter « L’Homme atlantique » et « L’Homme assis dans le couloir » de Marguerite Duras est une tentative périlleuse. De part l’aura de l’écrivaine, tout d’abord : s’attaquer à un tel monument de la littérature française, qui fait autorité jusque dans les salles de lycées, est un pari osé. De part leur contenu, ensuite : ces deux textes vieux de trente ans touchent à l’intime, à la relation crue et charnelle que tissent une femme et un homme.

Dans ce contexte, cette création est un vrai tour de force. Notre duos de musiciens, s’engouffrant dans la musicalité de ces récits pour en extraire la substantifique moëlle, dessine les contours d’une relation en clair-obscur avec cette femme qui, inlassablement, questionne et interpelle l’autre.

« L’Homme A. » est une parenthèse presque confidentielle que s’offrent des artistes habitués aux scènes prestigieuses et aux tournées marathon. Une idylle à trois, comme pour se confronter à nouveau à l’excitation des débuts, comme pour rebattre temporairement les cartes d’une carrière toute tracée. Ce n’est pas pour rien si ce spectacle joue volontairement dans de petits lieux de 300 à 400 places, pour de rares dates triées sur le volet.

Se positionner sur une captation de ce spectacle répond à l’un des objectifs que nous nous sommes fixés, et dont nous vous faisons régulièrement part : il nous paraît primordial de montrer ces créations dont la beauté et la fragilité n’ont d’égales que la sincérité. Cet « L’Homme A. », bercé par l’insouciance de deux improvisateurs, la grandeur d’une comédienne majuscule et la puissance des écrits de Marguerite Duras, doit être filmé.

Pour raconter cette étreinte entre deux femmes ayant rayonné sur leurs époques et une trompette qui, un beau matin, décida de les rassembler sur les planches.

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