La chronique qui va suivre pourrait prendre place au sein d’une série : celle de bons groupes édités par des labels exigeants mais bien trop méconnus. Voici l’histoire du dernier album The summer ends d’Old Mountain Station.
Oui il est terrible et triste de devoir ajouter Old Mountain Station à la liste, hélas trop longue, de très bons groupes de « rock français » opérant dans une relative indifférence publique. Indifférence d’autant plus incompréhensible que Kid Loco en personne – le type qui a créé le label Bondage Records (Bérurier Noir, Sergent Garcia, Les Satellites…) et mixé du trip hop et DJ Shadow avant l’heure – s’est beaucoup impliqué pour eux (mixage ou production des deux premiers disques).
Les Parisiens reviennent donc, toujours sur le label We Are Unique, avec The summer ends, un troisième opus dans la droite lignée des précédents (avec un clavier en plus) : rock catchy et mélodieux, noise pop ou power-pop, qu’importe ! Disons solide structure basse/ batterie, guitare 90’s, évident sens de la mélodie et le tout porté par un chant fragile, émotif et libre. Le ton global est à la mélancolie et au lyrisme discret.
Le disque s’ouvre, ironie douce-amère sans doute, par l’entêtant single « Adios » avant d’enchaîner sur « Farewell Old Joys », entre nappe bourdonnante de claviers ou de guitares et arpèges claires et mélodieuses. S’ensuivent de très beaux morceaux, « Stay Clear », « Sunshine », ou « We’ve Seen It all Before ». Quelques grosses surprises s’annoncent, notamment « I’d like to think i go wiser » et sa saturation étouffée, son chant gracile, un morceau qui évolue dans un sens avant de surprendre par un changement mélodique profondément émouvant (au bout d’une minute) et par un final explosif. Prenons également « The River and Me » et cette guitare liquide et coulante qui revient sans cesse comme la rivière dont il est question. On s’étonne du très bref et catchy « You’ve Got No Say », sorte d’interlude punky pop basse batterie et murs d’accords saturés, et enfin, l’album se clôt en beauté par un mélancolique et progressif « Don’t You Know ».
Ces chansons interpellent d’emblée par leur forme assez libre et ample, par leur construction assez élaborée dépassant par là le classique couplets / refrains / ponts – que bien des groupes d’ailleurs se contentent de grattouiller d’une rythmique continue et d’une batterie poum tchack.
The summer ends est un album do it yourself réalisé par des musiciens ayant renoncé à toute idée de succès et n’ayant, donc, aucun impératif pesant sur leurs épaules, si ce n’est celui de faire ce qu’ils veulent. Délesté du poids que l’on se donne à soi-même, poids expliquant que bien des groupes sortent de mauvais disques, sommés qu’ils sont, comme le scande Alain Bashung dans son morceau « Samuel Hall » et son injonction de « pondre un truc qui marche, mon garçon ». Nos cinq musiciens semblent avoir pris le temps qu’il faut pour parvenir là où ils voulaient aller.
Les guitares 90’s étant redevenues à la mode (Courtney Barnett n’y est pas pour rien), espérons qu’Old Mountain Station trouve une plus large audience, pourquoi pas du côté de ceux pour qui Grandaddy, Dinosaur Jr, Weezer ou Pavement resteront toujours des grandes références.
L’album en intégralité :
Photo en une : Old Mountain Station © Christian Debbane
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