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Notre interview de Ricardo Villalobos : langage, danse, célébration (Paco Tyson 2018)

Oser dire qu’interviewer Ricardo Villalobos est une mission au long cours, pour un média, est un euphémisme. Depuis six ans, à force d’appels, de mails dans le vide, de réponses négatives, on aurait pu croire que notre équipe baissait les bras. Mais il n’en est rien, surtout pour qui ne perd pas de vue l’objectif. Parfois, la réalisation d’un moment tant attendu entraîne la désillusion. Cette interview ne raconte pas cette histoire.

Ricardo Villalobos est l’une des rares rockstars de la house. Le terme vous fait rire jaune. Ne partez pas. Si l’on dit ça, c’est parce que le public a un avis généralement très tranché à son propos : 1) c’est un pur génie, personne n’a son style, ne joue cette musique 2) c’est un escroc complètement défoncé dont la musique m’ennuie et qui annule ses dates une fois sur deux.

Il est donc de bon ton, pour les pour comme pour les contre de revoir notre jugement. Ricardo Villalobos est réellement un génie, un érudit, une mine de science. À ce propos, Jef K nous glissait en interview : « Il est tellement à fond dans la musique qu’il peut te dire de quelle couleur est le macaron du Dance Mania 177« . L’activité n°1 de Ricardo, la plus vitale, reste la musique, dans ses plus obscures formes, ses formats les plus reculés, ses traditions oubliées. N’essayez pas de le tester sur de la musique contemporaine, des polyphonies de voix d’Afrique de l’Ouest, des groupes de transe indienne, etc. Et malgré une tendance depuis tout temps à la fête sans fin et à annuler sa venue 48h avant, il a bien toute sa tête, et au-delà. Cette interview en est la preuve.

Il est aussi intéressant de rappeler que malgré son unique sens du rythme, de l’amour du son bizarroïde et romantique, le dj germano-chillien n’a jamais été un génie quand il s’agit des grands discours, des plans promo, de la communication digitale. Ça va même plus loin, Villalobos est un de ces laissés pour compte des réseaux sociaux, du marketing, de la second social life. Ne lui demandez pas s’il a déjà foutu les pieds sur les réseaux sociaux, ça n’est pas le cas. Son manager s’occupe de poster des vidéos de lui à l’arrache en after, ou ses nouveaux morceaux, ses anciens… Bref, on est loin des programmations de posts, du crosspost et du sponsoring. Et si on va plus loin, l’artiste a même sa façon bien à lui d’être entouré et de communiquer avec le monde. Souvent très entouré, il aime communier, tant que le langage des mots n’est pas le langage dominant.

Il faut enfin voir Villalobos comme le Yes Man des platines, toujours jovial, joueur, maniéré, avec une absence totale de cynisme, d’aigreur et même… de second degré. C’est ainsi que sa communication – absolument pas réglée – entraîne régulièrement des moqueries pour ses extravagances et ses casseroles. À l’inverse, le reste du monde de la nuit tire la gueule sur des photos de presse et vomit backstage. De note côté, on a choisi notre camp.

Nos remerciements vont donc naturellement d’abord à l’équipe de Paco Tyson qui s’est démenée pour nous accorder dix petites minutes ô combien importantes pour nous. Et nos câlins se tournent ensuite vers Jef K, fabuleuse étoile française de la house depuis vingt ans, ami et hôte de Ricardo Villalobos à Nantes, sans qui évidemment rien n’aurait été possible. Enfin, nos parents, sans qui nous ne serions pas nés. Ah et internet parce qu’évidemment la télé s’en fout de Ricardo.

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