Nosfell – Fin de cycle chaotique

Putain 5 ans ! Cinq ans qu’on est entré avec surprise et bonheur dans l’univers de Nosfell. C’était lors des découvertes du Printemps de Bourges et ça reste pour une grande partie de l’équipe Sourdoreille le plus beau souvenir vécu sur le festival berruyer. Depuis, Nosfell a sorti 2 albums : un premier monumental et qui colle à la peau de l’artiste. Un second plus complexe mais tout aussi riche musicalement. Il nous revient aujourd’hui avec son 3e album, fin du triptyque des aventures du Klokochazia, cet endroit imaginaire peuplé de personnages aux histoires farfelues et poétiques. Des histoires qui nous sont toujours contées dans cette langue imaginaire : le klokobetz.

Pour ce 3e album, Nosfell est toujours entouré du génial Pierre Le Bourgeois au violoncelle ainsi que du batteur Orkhan Murat. Son style du début (un blues aux sonorités tribales) est toujours présent mais il faut vraiment tendre l’oreille pour retrouver ces ambiances. Car ce qui frappe immédiatement, c’est la brutalité de ces nouvelles compositions. On est dans un rock progressif très abrasif. Un son brut, puissant sur lequel la voix de Nosfell vient se poser comme par enchantement.

Pour sortir un son aussi violent, Nosfell est allé aux États-Unis faire produire l’album par un spécialiste du genre : Alain Johannes. Le gus a notamment produit les Queens of the stone age, Mark Lanegan, Eagles of Death Metal, Millionnaire. Et on se doute que le choix d’un tel producteur ne doit rien au hasard. Il faut dire qu’on avait déjà pressenti chez Nosfell cette propension à envoyer du lourd, à se plonger dans les sons les plus bruts et les plus complexes possibles. Cette fois c’est une évidence. Ce 3e album n’a pas une once de pop et n’envisage à aucun moment la facilité. La douceur n’y est pourtant pas absente. Mais lorsqu’elle montre son museau c’est enrobée d’un son lourd et grave de violoncelle.

Ce 3e album n’est certainement pas celui qui fera connaître l’immense talent de Nosfell à toute la France. Il se pourrait même que des fans de la première heure se perdent dans les dédales de cette nouvelle galette. Il est vrai que, même après une dizaine d’écoutes, certains titres sont vraiment difficiles à apprécier. On notera avec plaisir deux titres avec des collaborations prestigieuses : une chanson avec Joshua Homme (leader des QOTSA) et sa femme Brody Dalle (ancienne des Distillers). C’est d’ailleurs la première fois qu’on voit ces 2 écorchés vifs ensemble sur un titre. L’autre collaboration, c’est en France que Nosfell est allé la chercher. Et là encore, il a fait dans le bon goût avec Daniel Darc qui pose sa voix sur un titre vraiment sublime, sorte d’Ovni sur cet album.