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Nördik Impakt, rave générale

Depuis quelques années dans l’Hexagone, septembre et octobre s’offrent des lunes de miel électroniques. Les prémices de l’automne ont en effet vu naître quelques rendez-vous dédiés aux potards, laptops et autres installations numériques. Après Scopitone (Nantes), le NAME (Lille), Ososphère (Strasbourg) ou Marsatac (Marseille), le dernier de la troupe a lieu à Caen. Le Nördik Impakt, c’était ce week-end, et Sourdoreille y était. Report.

Coffres party. Arrivée sur le parking du Parc Expos de Caen. La tête d’affiche de la soirée, Aphex Twin, joue dans quelques minutes. Rarissime sur les scènes françaises, la venue de Richard David James en Basse-Normandie est un événement. Mais ça n’a pas l’air d’interpeller les centaines de festivaliers qui squattent le bitume et passent de coffre de bagnole en coffre de bagnole pour trinquer, pendant que les sonos saturées crachent, pêle-mêle, du Bloody Beetroots, Beastie Boys et autres Thunderdome. Le off du Nordik, ça se passe à l’arrière de ma Twingo…

Tôles vibrantes. 22h35, Aphex, le pape du BPM attaque. En fond de scène, les murs s’animent, habillés ce soir par les lighteux d’ANTIVJ, qui apporteront beaucoup tout au long de la soirée. Début de show sans grand monde sous le toit de tôle du hangar principal, qui vibre comme un vieux vaisseau fantôme dès que le boss de Reflex pousse ses potards dans le rouge. Toujours aussi malsain, Aphex Twin fait du Aphex Twin. Ou comment faire vriller des esprits avec une musique post-rave coupée à la drum’n bass. Tout va à cent à l’heure, pas le temps de réfléchir. Ce gars est unique. Et un peu prédisposé ; après tout, ses parents se sont rencontrés dans un HP, et son docteur de père aimait droguer ses patients au LSD. Good Morning Ireland… La foule a beau beugler Come to Daddy, l’hymne frapadingue de l’Irlandais ne sera pas jouée ce soir. Apothéose du récital twinien : deux caméras qui filment la foule, et les visages du public qui se métamorphosent en affreuses bouilles aux grandes dents, effigies flippantes d’Aphex himself. Adorablement glauque.

Jack’s on drums. Dans le hall voisin, Lexicon (oui, encore eux, en photo d’ailleurs) démarre. Changement de line-up : exit DJ Flip, aujourd’hui les frangins sont entourés d’une gratteux et d’un bassiste bedonnant, ayant sans doute quelques excès de fajitas. Rien d’étonnant, il fallait s’y attendre ; Lexicon a un faible pour le rock, et leur album « Rapstars » plaide dans ce sens. Pour le reste, des frères Black avec leur patate habituelle, accompagnés comme il se doit par une bouteille carrée remplie d’un liquide brun… « Ce soir, c’est Jack’s qui est aux drums », lâche le cadet.

Beyer le meilleur. Retour dans le hall principal. Cette douzième du nordique est osée ; très peu de têtes d’affiche. Ce soir, passé Aphex Twin, les gros noms s’appellent Benga ou Adam Beyer. D’où une affluence en baisse (8.000 personnes), et des grands espaces parfois un peu vides. La déco, habituel point fort du festival, se noie un peu dans l’immensité du lieu. Mais peu importe, ce soir, la qualité est là. Adam Beyer, justement. Pas le plus couru des producteurs, et pourtant. Le Suédois, dans un style minimal très Popofien, assure un set puissant, en permanence sur la brèche. Grande grande classe.

On s’claque la bise ? Dans un autre style, Jack Beats, en mode banger, passe en revue tous les trucs du moment, mais sans tomber dans le côté 3 Suisses. Plutôt pas mal, ce petit gars. Derrière lui, c’est Benga qui pointe le bout de sa tignasse. Habituelle embrassade sur scène (oui, vous savez, tout le monde s’adore dans l’électro, c’est géééénial, comment tu vaaas ?) et c’est donc le prince du dubstep anglais qui prend les manettes. Le son est massif, bien mixé. Trop souvent absent des scènes de festivals généralistes, le dubstep prouve encore que son armada d’aficionados est bien réelle.

Dodo. Dernières notes du festival sur Busy P, un peu chiant. On aura raté Carte Blanche (Riton et DJ Mehdi) ainsi que le final avec Len Faki (résident du Berghain) et l’étoile montante du Japon, A.Mochi. Bravo au Nordik pour cette belle prog affranchie des artistes électro bouffeurs de festivals (The Subs, Oizo, etc)…

Photos : Pauline Dame

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3 commentaires

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Ehoarn 14.10.2010

Alors, tout à fait d’accord pour le culte d’Aphex Twin. Ce gars est un génie et réinvente perpetuellement la musique électronique depuis une vingtaine d’années…
Par contre, balayer du revers de la main Busy P, comme ça « un peu chiant », faut pas pousser ! Headbangers est quand même un label plus que reconnu et Busy P est un artiste accompli… mais mais mais acceptons les différences de goût.

Quand à A.Mochi, de la bonne minimale, bien grasse, mais aussi très popofienne, très répétitive, avec des sons assez convenus, et qui monte très très très (trop ?) lentement… Très appréciable à 4h du mat’ dans le parc expo avec un bon visuel, mais c’est tout.
Sinon Carte Blanche, pour le coup, j’ai vraiment trouvé ça plat… un peu héritage de la techno des années 90, rien de neuf, des voix immondes. Pas de renouvellement, pas d’idées.

Il aurait fallu être là, par contre, pour Dan le Sac & Scroobius Pip ! Mon seul regret vis-à-vis de cette édition de Nördik (que j’ai par ailleurs trouvée très réussie !) : ils étaient programmés à 21h30… beaucoup trop tôt ! Ils étaient au rendez-vous, mais pas le public, donc ils avaient l’air manifestement déçu de n’avoir si peu de monde… normal, me direz-vous, quand on se souvient de leur prestation à Dour ! Ils auraient mérités plus de considération, c’est un peu le futur de la musique électro que ce mariage de hip-hop, de rythmes francs et brutaux et de basses grasses…

Quant aux espaces un peu « vides »… je ne m’en suis aperçu qu’après Benga (pourquoi n’était-il pas sur la grande scène, en passant ? Mystère…) et je trouvais que ça avait son petit charme, cet espèce d’espace gigantesque avec de la moquette, éclairé par les superbes prestations psychédéliques d’AntiVJ, et ambiancé par la minimale de A.Mochi… ça faisait très réunion conviviale d’aficionados…

Cordialement

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eMeRiKa 13.10.2010

Et pas de Maissouille dans le report ? Pourtant sacré tête d’affiche et le public présent en masse malgré l’heure tardive ne s’y est pas trompé :)

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