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Niveau Zero : « La scène dubstep échappe à ses créateurs »

Il vient de nous mettre une belle tarte avec « Jasmine », son nouvel album. Il, c’est Frédéric Garcia Aka Niveau Zero. Producteur de bass music et éminent représentant du courant dubstep français,  le bonhomme vient de sortir un disque qui synthétise idéalement son parcours depuis dix ans, aux confins du dubstep, du métal, du hip-hop et de l’électronica. Interview sur ce coup de maitre, les artistes qui l’entourent, et l’émergence d’une scène qui lui est chère.

Le nom de ton dernier disque, « Jasmine », est un hommage au Printemps arabe. Pour accompagner un propre sentiment de révolte ?
Je ne suis pas, à proprement parler, un révolutionnaire. Je ne me balade pas le poing en l’air ou sinon, je ne serai pas la pour le dire. Le nom « Jasmine » est plus un hommage à l’insoumission. De fait, c’est le courage isolé de gens que je voulais saluer. Je suis convaincu, que dans nos sociétés modernes, nous sommes de moins en moins capables de trouver le courage de mettre en péril notre confort pour nos idées. Comme beaucoup, c’était la première fois que j’assistais à une véritable révolution. Sa force et son énergie m’ont beaucoup touché.

Ton passé métal ressort plus que jamais, non ?
Pas vraiment. Dans cet album j’ai essayé, au contraire, de faire ressortir un plus large spectre d’ influences. De façon sûrement plus distincte que sur « In-Sect », mon précédent album. J’écoute vraiment beaucoup de styles musicaux et je ne veux rien renier ni oublier. Il y a un moment pour chaque musique. Par exemple, je ne me vois pas écouter un petit Cannibal Corpse, éteindre la veilleuse et dormir. Cela dit, effectivement, j’emprunte beaucoup a l’énergie du métal dans mes productions, surtout dans celles destinées au dancefloor.

Pourrais-tu nous parler des nombreuses collaborations autour du disque ? Et d’ailleurs, lesquelles n’ont pu se concrétiser ?
Les collaborations sont globalement le produit de rencontres et de coups de cœur. Il y a plus ou moins trois types de collaborations dans cet album. Tout d’abord, les gens avec qui je travaille depuis longtemps et avec qui je me suis construit musicalement et dont j’admire le travail comme Ill Smith (aka Wapi), The Un1K, Youthman et Damned qui n’est autre que mon frère. Ensuite, il y a les collaborations coup de cœur, comme celles avec Dubsidia, Aucan, As They Burn qui sont des artistes qui m’ont vraiment mis une claque. Rencontrés sur la route ou autre, nous avions de manière réciproque l’envie de de travailler ensemble. Puis, pour finir, il y a un artiste comme Dr Octopus de Dalêk avec qui j’avais envie de travailler depuis longtemps en tant que fan du groupe. Je voulais avoir le duo au complet, mais la collaboration avec MC Dalek n’a pas pu se faire. De fait, Dr Octopus m’a proposé le sang frais des MC Outre-Atlantique  avec qui il bosse actuellement : Elucid (Brooklyn) et John Morrison (phila).

‘Permafrost” ou “Aido” sont les vraies respirations du disque. Au moment de les composer, elles ont été pensées comme telles ?
Bien qu’ayant réfléchi la structure de l’album de façon globale, je n’ai pas composé ces deux morceaux dans l’idée d’en faire des respirations. Avant même de commencer l’écriture de « Jasmine », j’avais déjà dans l’idée de faire des morceaux plus posés et narratifs. J’écoute beaucoup d’artistes de la scène dite post-dubstep comme Obkeckt, Apparat, ou James Blake. Le nom de « post » Dubstep me fait d’ailleurs sourire tellement le style utilise les codes initiaux du genre. Bref, du coup j’ai voulu en essayer une propre lecture et quelque part retourner à mes premiers amours  : l’electronica. Ces deux morceaux étant plus calme, je les ai effectivement agencé de façon à rendre le disque moins opaque et plus homogène.

Tu es programmé cette semaine au festival Riddim Collision. Plus qu’un autre, on a l’impression que c’est le festival idéal pour un artiste comme toi, non ?
J’ai toujours été très proche de ce festival. Le Riddim Collision a 14 ans et j’ai d’abord fréquenté ce festival entant que public. J’y ai découvert énormément d’artistes en live : Plaid, Scorn, Enduser, Ez3kiel, Hightone, Klute, etc. La liste est longue. Ils font la promotion d’une scène underground et pointue qui m’a beaucoup influencé. Toujours loin des sentiers battus et des programmations copier/coller d’un festival à l’autre , l’équipe du Riddim sait prendre des risques. C’est la deuxième fois que j’y joue et c’est un honneur pour moi.

Existe-t-il réellement une « scène française » autour du dubstep, un réseau dans lequel tu te reconnaitrais ?
La scène dubstep française est présente depuis le début du genre. Les artistes français ont vraiment une belle aura sur la scène bass music internationale, avec des artistes tel que Von D, les Dirtyphonics, Habstrakt , The Un1k pour ne citer qu’eux. Il y a énormément de producteurs de talent en France, mais ça reste un petit monde et l’on se connaît pratiquement tous. D’ailleurs, avec Château Bruyant Rec, le label bass music que nous avons fondé avec Tambour  Battant, The Unik, Wapiwap, Baxter Beez et Pablito Zago, nous tâchons de fédérer et dénicher des artistes français et autre et de se confronter à la scène internationale.

Pour finir, comment vis-tu la reconnaissance mainstream de ton courant ?
Nous faisons la promotion des bassmusic depuis des années. Puis d’un coup, ça prend ! Le style émerge, ce n’est pas une mauvaise chose en soi, il ne faut pas cracher dans la soupe. Le point négatif est que cette scène est en train d’échapper à ses créateurs. Économiquement parlant, le style est passé dans une strate économique supérieure. Les politiques tarifaires appliquées font qu’il est devenu impossible pour toute une partie de la scène « underground » de faire jouer les artistes qu’ils ont eux-même développés. C’est un peu dur. Pour ma part, le seul point qui m’importe, c’est que la musique reste bonne et de bon « goût » surtout.

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