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Népal, la promesse masquée

Dans un monde où le trop plein d’informations règne, les artistes ont leurs moindres mouvements épiés par une sphère d’amateurs et de professionnels. Pourtant, une catégorie d’artistes fascine toujours : ceux dont le visage est masqué ou dont les informations sont distillées aux compte-gouttes. Voici le portrait du rappeur-beatmaker Népal.

Népal fait partie de ces artistes pour qui les informations partent dans de nombreux sens en ne laissant que très peu transparaître une identité réelle, hormis à travers sa musique. D’abord connu sous le nom de KLM, Népal a arrosé de productions la scène des rappeurs parisiens, proche de la 75e session et de L’Entourage. Il a notamment signé quelques couplets sous le nom de Grandmaster Splinter (référence explicite aux Tortues Ninja) pour une trilogie de sons aux scratchs bien prononcés. C’est donc sous le nom Népal qu’on le retrouve depuis cette année à travers le maxi de deux fois six titres sorti en juillet dernier, 444 nuits (écouter ici et en bas de l’article).

Ce double maxi, disponible gratuitement sur le site 444nuits.fr, comprend une version Bleue et une version Rouge. Cette référence à la célèbre série du Gameboy Color (non, tu n’as pas buggé, on a toujours dit LE GameboyPokémon est l’une des nombreuses qui parcourt l’univers du rappeur qui, comme de nombreuses personnes de sa génération, a été marqué au fer rouge par une culture japonaise à base de mangas et de rāmen. Népal est allé pousser le concept jusqu’à tourner son clip « Rien d’spécial » à Tokyo.

« Elle est loin l’époque où, minot, hypnotisé par la Gameboy, j’envoyais Sacha traîner à ma place dans l’parc »

Mais ce nom est aussi à voir dans la conception même de ce maxi. Comme deux faces opposées. Si le rappeur manie la trap aérienne dans son flow et ses productions, il semble aussi être atteint de synesthésie. La synesthésie musicale est la capacité neurologique d’associer la vue à l’ouïe. Les exemples sont nombreux chez les compositeurs qui disent voir des couleurs lorsqu’ils composent certains morceaux. Après plusieurs écoutes de ce maxi, on peut ainsi s’apercevoir que les versions rouge et bleue suivent une logique bien propre à chacune.

La phase bleue a une atmosphère très intimiste, surtout sur des morceaux comme « 444 nuits«  où la production fait penser à un paysage se situant devant la mer, alors que « Oxmose » laisse imaginer une balade dans un aquarium. Cette ambiance se montre aussi à travers les lyrics : la version rouge commence par une référence directe au diable issue d’un dialogue du film Constantine de Francis Lawrence. Cette ambiance plus flamboyante, que l’on retrouve sur la version rouge, continue dans un style boom bap aperçue dans le morceau « Overdab » en featuring avec Fixpen Sill & Waltmann.

NEPAL_444nuits

Les morceaux, quant à eux, sont propres à l’idée du storytelling que l’on retrouve au sein de la scène de certains jeunes rappeurs français (principalement parisiens) entre tranches de vie parsemées d’analyses sociales jusqu’à un egotrip pur et dur. Mais là où de nombreux rappeurs font dans la surenchère, Népal n’hésite pas à poser son flow et annoncer que « ce son, il n’a rien de spécial« . Son plus gros titre à l’heure actuelle fait le bilan d’une scène qu’il a lui même alimenté à travers ses productions. Qui parle pour ne rien dire sans se l’avouer, sans en faire la critique.

Les rappeurs qui sont aussi beatmakers sont assez rares sur la scène française. Jouant sur cette anonymisation, il s’exerce à deux travaux différents, en signant ses productions sous le nom de KLM et ses textes sous Népal dans une schizophrénie assumée. La diversité de ces productions, il le montre sur tout 444 nuits, où il alterne entre moments nerveux et langoureux. Mais au-delà de ses productions personnelles, ce large champ des possibles se retrouve sur les collaborations qu’il livre. Le meilleur exemple se montre entre deux featuring qu’il a lui-même produit : le premier, s’appelle FU GEE LA, où il rappe avec l’un des meilleurs espoirs de Genève, Di-meh ; le second s’appelle One Man Punch, dans le groupe qu’il partage avec Doums sous le nom de 2Fingz.

Alors que l’année 2016 a montré l’énorme potentiel du rappeur, on attend impatiemment cette année 2017 où Népal nous a déjà promis de passer la vitesse supérieure. Tout ça fait de Népal l’un des artistes rap, certes, les plus mystérieux mais surtout l’un des plus prometteurs et ce n’est pas Nekfeu qui nous contredira.

Credits photos : Clip « Rien de special » – Népal – Production : @LesGarsLaxistes

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