A quelques semaines de la sortie de son premier album, Giants, prévue le 30 octobre, l’artiste français Mottron a co-produit une série de quatre clips avec Olivier Groulx, ouvrant la voie cinématographique à son travail musical. Les petites histoires que racontent ses vidéos dévoilent aussi en filigrane l’identité de ce jeune artiste et laisse deviner ce que sera son prochain album. Entre instrumentation de musique classique et voix électronique, ce projet utilise un syncrétisme déjà vu mais laisse aussi le goût de l’inconnu.
Mottron est mystérieux, c’est le moins qu’on puisse dire. Après s’être exilé au Canada lorsqu’il était enfant, il ne commence la musique qu’à l’âge de 17 ans et fait ses premiers pas sur la scène musicale seulement 12 ans après. « Pendant 12 ans, j’ai travaillé enfermé chez moi », explique la nouvelle signature de LE LABEL dans une interview pour General Pop, « je voulais que les premières compositions que les gens entendraient soient précises ». Mottron a donc un immense privilège, celui de ne pas se presser. Il peut de cette façon faire ce qu’il est interdit dans l’autre monde : contempler. Et c’est double benef’, des productions qui arrivent à maturation et un patron qui caresse les contours les plus délicieux de la liberté.
Parallèlement à l’écriture de son album « Giants », Mottron a pensé sa musique en image en réalisant quatre clips dont le dernier, « Run », est sorti le 15 septembre. Ces quatre vidéos rencontrent les mêmes protagonistes et l’univers y est froid, le temps humide, la chaussée enneigée et l’atmosphère inquiétante. Les scènes se succèdent sans interaction directe entre les personnages. Il y est alors très difficile d’anticiper et l’ambition semble claire : l’histoire racontée ne doit pas trop en dire sur la musique qu’elle illustre. Ce type de démarche rappelle à l’imagination qu’elle est libre de s’affranchir des codes qui lui sont trop souvent imposés. Du visuel jusqu’au son, Mottron touche à l’abstrait, à la peinture plus qu’à la photographie. Les tensions ne se résolvent pas et c’est au spectateur de trouver le chainon manquant, la note finale.
Il paraît que Mottron c’est le dessin, les images, l’art pictural. « J’ai un rapport très impressionniste avec la composition, ce qui m’intéresse c’est la lumière, les couleurs, l’ambiance » (dans la même interview). Vous l’aurez compris, c’est une définition de la musique qui se rapproche de la peinture. Mais ce que cet artiste permet surtout, c’est le mouvement. Là où la musique peut faire bouger, la sienne fait danser. La combinaison semble cohérente lorsque l’on sait le temps qu’il faut pour chorégraphier un ballet. En s’affranchissant des barrières imposées par le temps, il libère les corps. On le compare souvent à Radiohead ou James Blake parce que l’osmose engagée sur son prochain album rassemble la puissance de la musique classique et le grondement des machines électroniques. Mais les comparaisons n’apportent presque rien sinon à enfermer celui qui crée et ce Français inspiré a plutôt l’air de vouloir fuir les étiquettes pour l’univers singulier qu’il a bâti au fil des années.
La quadrilogie :
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