Il était une fois un binôme d’énervés qui décida de se bouger pour proposer une alternative à la vente de musique en ligne. Doucement mais sûrement, le disque se meurt. Soit. Et avec lui, la musique indépendante ? Que nenni ! Et pour le prouver, voici donc un p’tit nouveau dans la course au téléchargement de bon son sur la toile, en toute légalité : Mon Petit Disquaire. Avec en prime, une démarche réfléchie, au service de l’artiste. Sainte-Ségolène dirait même : « C’est du gagnant-gagnant ». Prometteur, en attendant la suite. Précisions avec Cédric Roirand, co-fondateur du projet.
Comment est né Mon Petit Disquaire ?
Après avoir travaillé au sein d’une association organisatrice d’un festival de musiques actuelles, Samuel et moi nous sommes vite aperçus que nos compétences étaient complémentaires. C’est dans le cadre de cette manifestation que nous avons rencontré beaucoup d’artistes et constaté que la majorité d’entre eux ne vendaient pas leurs créations sur Internet. Samuel et moi avons tout de suite réfléchi à la création d’un service de vente en ligne pour les indépendants. Nous voulions dès le départ un outil simple, économique, très accessible et garant d’une certaine proximité avec ces artistes qui forment un tissu créatif mal représenté sur la toile. C’est l’idée d’une véritable collaboration avec eux qui nous a plu.
Quels sont vos particularités par rapport à d’autres plateformes ?
Nous avons la volonté de faire de Mon Petit Disquaire une référence en matière de téléchargement légal : un site facile d’accès et un modèle économique raisonné, durable, à contre-courant des start-up actuelles qui font la course au « modèle économique innovant ». Actuellement, les artistes sont freinés par la complexité des démarches chez les grandes plateformes, par le manque de maîtrise sur la publication de leurs créations et sur leur prix de vente et encore par des coûts de « mise en ligne » peu adaptés au modèle de l’autoproduction.
Nous sommes réalistes et notre service est presque l’anti-thèse de cette situation : sans exclusivité, ouvert à toutes les formes de licence et protection des droits d’auteur, l’inscription pour les artistes y est totalement gratuite, sans frais de publication et avec une rémunération performante (53 à 62% du montant net des ventes).
Notons également que les artistes choisissent leur prix de vente, gèrent leurs pages et leurs contenus, et que deux espaces de vente s’offrent à eux : le Catalogue pour les enregistrements studio et le Laboratoire pour les titres de qualité plus modeste qui, pour la plupart, ne seront jamais édités physiquement.
Enfin, le prix d’un album de 5 titres ou plus oscille entre 2€25 et 9€68, ce que devrait apprécier les mélomanes de tout bord musical.
Combien d’artistes sont concernés pour l’instant ?
Après un mois d’activité, plus de trente créations sont proposées par une vingtaine d’artistes sur Mon Petit Disquaire. Les retours sont très positifs. Nous allons apporter des évolutions et de nouveaux services très prochainement. Nous devons encore élargir notre offre mais ce n’est désormais qu’une question de temps, car l’outil en version bêta est déjà viable et pérenne ! Beaucoup d’artistes attendent d’avoir une actualité pour venir sur Mon Petit Disquaire. C’est une aubaine incroyable pour eux. Pensez à toutes ces créations désormais introuvables qui peuvent retrouver une seconde vie et témoigner du vécu artistique des formations.
Travaillez-vous en lien avec des structures comme CD1D, par exemple ?
Notre objectif est de développer l’offre du téléchargement légal au sein des microcosmes artistiques sur des territoires bien identifiés, où les relations entre artistes et public sont démultipliées à petite échelle. C’est pourquoi nous sommes déjà en contact avec quelques structures similaires dans notre région d’origine, avec qui nous espérons mettre en place des premiers projets pilotes dès l’année prochaine.
Pour reprendre ton exemple, cette structure est un acteur majeur du marché du disque qui permet aux labels de mutualiser leurs forces pour se développer.
Mon Petit Disquaire, en tant que jeune entreprise, doit trouver sa place vis-à-vis de ce réseau : nos services sont en premier lieu issus du regard et des besoins des autoproduits, nous souhaitons bien entendu nous adresser aux labels indépendants afin qu’ils puissent tirer parti des services proposés sur notre site.
Y a-t-il une solution face aux méchants pirates du net qui téléchargent à foison ?
Le téléchargement illégal fonctionnera tant qu’il sera aisé de se procurer des logiciels et des astuces techniques. Non seulement il est impossible de sécuriser à 100% une solution informatique mais en plus, les moyens pour s’affranchir de ces éventuelles barrières technologiques sont mutualisées de la même manière que n’importe quel contenu web. Il n’y a qu’à voir l’énergie mobilisée par des développeurs au quatre coins du globe qui « spamment », « hackent », ou réalisent des piratages en tout genre…
Nous sommes maintenant très impatients de voir si les premières annonces officielles de la Commission Zelnik apporteront des propositions innovantes.
Si on se projette un peu, où en sera le disque en 2020 ?
En 2020, peut-être serons-nous tous atteints de cancers généralisés à cause d’un trop plein de téléchargements via wifi et autres ondes en tous genre ! Ou alors nous serons vieux-jeu, un peu lobotomisés, sourds et les jeunes n’auront plus accès à un Internet libre comme nous le connaissons aujourd’hui ? Plus sérieusement, il est certain que le disque en tant que support physique a encore de belles années à vivre car il reste un superbe objet. Le disque arrêtera bientôt sa chute pour mieux « peaufiner » sa clientèle de collectionneurs car il y aura toujours des amoureux de l’objet et des projet artistiques à cheval sur plusieurs mode de production.
Pour finir, vos premiers artistes coup de coeur à télécharger d’urgence ?
CABADZI, que nous connaissions via leurs spectacles de nouveau cirque, a produit un album qui nous a soufflé, je dois dire.
L’énergie electro-hip-hop de SEXYMEROU a été un coup de cœur pour toute l’équipe, très spontanément.
Je pense enfin au folk de WHO ARE YOU LUTRA LUTRA (cf pochette) et à l’album de musiques improvisées EMPREINTES IRREGULIERES de Frédéric Marty : ces deux là jouent chacun à leur manière dans le domaine de l’étrange, dans des registres musicaux très différents, mais on apprécie leur technique et leur façon de tirer sur les cordes sensibles !
Très bonne initiative !
De nombreux sites voient le jour pour les indé comme http://poponlyknows.fr et http://www.orangoo.net
mais c’est une bonne choz
M