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Miel de Montagne : « Cet album, je l’ai fait à poil »

Un deuxième disque en forme d’ouverture pop et de découverte de sa voix : Miel de Montagne fait sa mue et s’ouvre aux grands espaces sur Tout Autour De Nous, disque à la vitesse plus douce mais non dénué de chaleur. La scène, la voix, la vie : on a échangé avec un objet pop qui s’affirme de disque en disque.

Entre son premier album éponyme et le second, sorti au début du printemps, il y a eu trois années dont deux de vous-savez-quoi. Entre ses deux disques, Miel de Montagne a continué d’écrire et d’enregistrer des ritournelles pop avec une facilité déconcertante, signe comme toujours d’une grande précision. Entre ses deux disques, Miel a laissé parler ses instincts et a mis sur le devant de la chanson sa voix, sans artifice ni truchement. Sans être un virage, c’est une affirmation pop, une volonté d’être soi-même et de n’être que soi-même, sur disque ou sur scène. Miel de Montagne n’a pas changé, il est devenu celui qu’il voulait être.

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Miel de Montagne

RENCONTRE

Le live, comment tu l’as préparé, mis en place ?

J’ai déjà fait des concerts, et les anciens morceaux ont été assez faciles à faire, à adapter. Pour les nouveaux, cela s’est fait un peu comme sur l’album. On s’est rendu compte que les morceaux pouvaient être joués facilement à quatre. Tout est très acoustique avec une vraie batterie, de vrais instruments et je perds le côté électronique de Miel de Montagne. Ça serait le prochain travail, de créer des mélanges un peu hybrides. Pour l’instant, c’est très bien de laisser vivre les morceaux en mode rock’n’roll, j’avais envie de ça. On branche les instruments et hop, ça joue. Il y a moins de travail puisqu’il y a plus de monde sur scène. À deux, c’était une galère mais là, c’est très simple. Je me laisse énormément de liberté sur la structure des morceaux – je ne sais jamais ce que je vais faire avant de monter sur scène. Cela dépend de la vie avec les gens, de la réaction du public. J’avais rêvé d’avoir autant de musiciens sur scène pour pouvoir faire ça, de sortir un peu des bandes, de la boîte à rythmes.

Ça a dû être pas mal de répétitions avec les nouveaux musiciens, j’imagine ?

Pas tant que ça. On se découvre sur scène, il y a une grosse part d’impro. Camille et Charles ont rejoint l’aventure, et Diego est là depuis presque les débuts. Après 4-5 dates, on commence à se comprendre. Il y a encore de la timidité mais plus ça va, mieux on joue ensemble. Je reste le chef d’orchestre. Je fais des petits signes – j’ai dû en créer pour se comprendre d’ailleurs. En répétition, on criait ou on se parlait, mais sur scène, quand je gueulais, on ne m’entendait pas. On joue au kem’s sur scène.

Comment tu as construit la setlist ?

C’est difficile, et j’écoute beaucoup l’avis des musiciens. J’ai du mal à avoir du recul, il y a des choses que je préfère mais qui ne sont pas les plus judicieuses dans les enchaînements. On teste un format différent chaque soir, pour avoir la meilleure combinaison possible. Il y a des choses logiques ; sur un show d’une heure et demie, on ne va pas être tout le temps en peak time ni tout le temps hyper slow. Il faut du mouvement.

Est-ce que c’est difficile d’éviter le coup du tube à la toute fin du concert ?

Je donne quelques repères au début, puis j’enchaîne avec le nouvel album avant de revenir aux classiques. J’avais des petits doutes sur la façon dont ce disque allait prendre sur scène, en étant plus doux et slow. Il y a la pression « d’envoyer », et j’ai connu ça en tant que DJ (une vie antérieure à Miel de Montagne, ndr). C’est un peu une erreur : par exemple le titre « Laissez-moi Rêver », le rendu sur scène est dingue, je ne m’en étais pas rendu compte. C’est hyper cool, et c’est en faisant ces premières dates que j’ai pu voir que les deux albums se mélangent bien. Il y a plus de paroles, je peux prendre plus mon temps sur scène, cela fait du bien à la setlist.

Est-ce que tu as pensé au live et à comment intégrer ces morceaux pendant la composition ?

À chaque fois que je fais un morceau, il y a toujours le live dans ma tête. Vraiment. Je fais de la musique parce que je me fantasme sur une grosse scène. Tout ce que je veux faire dans ma vie, c’est de monter sur scène et de faire la fête avec les gens. Organiser une soirée. Une soirée du Miel, c’est pas mon anniversaire, mais une soirée de chansons. Il y a des morceaux qui sont pensés pour ça. Le morceau « Trop Vite », il y a un arpegio à la fin – je l’ai fait comme ça, mais je sais qu’en live il va durer ce moment.

Comment s’est passée la composition ?

J’étais seul, plus que sur le premier. Et en même temps, mon père était très présent. J’ai écouté les gens autour de moi, avec l’idée de faire des vraies chansons. C’était un peu sport au début. Peur de rentrer dans quelque chose de niais. C’est important l’entourage. Là, c’était ma famille proche. J’étais confiné, et à la campagne. J’ai tout produit moi-même, à part quelques retouches pour le mixage. Toutes les prises ont été faites à la maison, il sent mon tapis cet album. Tout a été fait à la maison. J’en avais parlé avec Malik Djoudi qui aime tout faire lui-même en lui disant que je devrais peut-être repasser en studio ensuite, et il me l’a déconseillé. Cela donne une couleur, et j’ai appris plein de choses en recording – c’est hyper dur d’enregistrer une batterie.

C’était sur la période 2020 – 2021 ?

Il y avait des morceaux qui étaient déjà là pour le premier album et que je n’avais pas réussi à finir. Je les ai bien laissés moisir – et j’aime bien ça, les laisser pendant deux-trois ans. S’il te provoque le même effet quand tu les retrouves, ça veut dire que c’est un bon morceau. Certains étaient très vieux, j’ai dû les remettre à jour et pour le texte, c’était compliqué. Des titres comme « L’after » ou « Jusqu’à L’aube » me remettaient dans une époque, et j’ai eu du mal à l’actualiser, à parler d’aujourd’hui. Tout était très jeune, mais l’âme et l’essence du morceau étaient là, je les ai reprises. Cela fait un bel exercice : mettre à jour un texte, sans changer une mélodie. « Laissez-moi Rêver », je l’ai fait en une après-midi en deux sessions skate, et j’allais mixer tout l’album deux mois après. Je n’ai même pas eu de recul sur ce morceau. Alors qu’un autre comme « Je T’appelle », ça va presque faire deux ans qu’il est fini ! J’ai eu énormément de recul et j’ai pu affiner des choses, sans trop toucher parce qu’après tu détruis le morceau. C’est un peu l’erreur.

J’allais te demander, tu as tendance à revenir souvent sur tes morceaux ?

Je suis un peu obsessionnel, je lâche jamais l’affaire. J’essaie toujours de garder de la fraîcheur, les petites erreurs ou les choses mal enregistrées font le charme du morceau. Si tu commences à tout gommer, tu perds quelque chose. C’est pour ça que le live est dans l’émotion, il y a de l’humain : la scène, la voix, les gens… Sur cet album, j’aimais l’idée de se rapprocher du live, avec moins d’effets dans la voix par exemple. Ma voix est plus mise en avant oui.
 Elle est moins cachée. J’ai commencé à enregistrer avec plein d’effets, et puis petit à petit et, avec l’aide de mon père, je l’ai enlevée. Je l’ai fait à poil. J’ai envie que les gens reconnaissent ma voix en concert. Je me suis mis à jouer avec, à apprécier ma voix, ce que je pensais être pas top avant. Je suis à découvert et ça me déstresse, je n’ai rien à cacher. J’ai toujours eu envie d’être sincère, et la peur t’empêche parfois de le faire. Je t’avoue que j’ai plus aucune peur. Psychologiquement, je peux souffler. Tous mes premiers concerts, je chantais très faux et tout le monde te le dira. Il y a une vidéo qui traîne d’un concert à Dour… c’était horrible.

Est-ce que tu peux avoir de la lassitude ou une fatigue sur certains morceaux ?

C’est justement ce qui est trop beau avec le live – s’il y a des morceaux où tu n’es pas totalement content de la structure, d’un passage… tu peux le changer. Les morceaux sont en totale évolution, tout le temps. C’est le bon côté du métier, je peux faire ce que je veux et changer des choses. Je n’écoute pas ma musique ; une fois que le disque est sorti, c’est fini. Je réécoute un peu pour préparer le live, c’est tout.

Tu parlais d’écriture et de composition, est-ce que de la même façon que pour la musique, tu retouches souvent le texte ? À quel moment tu sais que le texte est terminé ?

Je ne sais pas, tu le sens. C’est au feeling – j’ai toujours suivi mon feeling et je ne me suis jamais trompé. Véridique, dans la musique ou ma vie d’ailleurs. Je suis quelqu’un qui a beaucoup de chance et les choses sont fluides autour de moi. Je suis un peu superstitieux et j’essaye de ne pas trop en profiter, de l’utiliser sans trop forcer. Mon instinct et mon feeling m’emmènent toujours à l’endroit où je voulais aller – c’est pareil pour la musique. Je ne me prends pas la tête, sauf quand il n’y a pas ce feeling, ce truc rassurant. J’aimerais que ça arrive tout le temps.

Comment se sont passés les featurings sur l’album ?

Trop bien, c’était hyper fluide. Cela ne pouvait qu’être Katerine et Jacques. J’ai toujours déliré sur sa musique, à Katerine, et Jacques est quelqu’un qui m’a donné confiance en moi. Ça m’a vraiment fait chaud au cœur d’avoir ces deux personnes sur l’album, c’était une façon de les remercier. Katerine m’a chanté son couplet quelques minutes avant de l’enregistrer, et c’était parfait. C’est tellement facile pour lui, cela en devient énervant. Avec Jacques, c’était une vraie collaboration, un travail à deux – on a fait la musique ensemble.

Quel est ton processus d’écriture, justement ?

J’ai une facilité à écrire des petites phrases sur mon téléphone, souvent des refrains. Pour développer, c’est là que mon père m’aide (il est parolier, ndr). J’arrive à développer des choses petit à petit par moi-même, mais j’espère continuer à travailler avec mon père. C’est rassurant d’y arriver seul, mais plus sympa d’être à plusieurs.

Dans le morceau avec Katerine, « C’est Dur », il y a un moment où il te pose des questions et tu lui réponds. Est-ce qu’il te pose ses questions à toi, à Miel de Montagne, ou à Mielo, le personnage du titre ?

J’imaginais quelqu’un qui me posait des questions sur moi et sur mon physique, mon look, mon apparence. J’avais envie d’être tout le temps moi-même, quoi qu’il arrive et dans toutes les situations – même en interview par exemple. Inutile de faire un personnage, c’est moi. Ce morceau a été une thérapie ; depuis, j’ai l’impression que c’est de l’histoire ancienne et que je suis moi-même.

Photo en une : Miel de Montagne © Harold Elhaie

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