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MF DOOM, l’homme au masque de fer

Caméléon du hip-hop, jamais deux fois de suite sous le même nom, MF DOOM laisse difficilement indifférent. Figure mainstream d’un hip-hop underground pour les uns, véritable inconnu pour les autres, l’artiste fascine les curieux. Brouillant sans cesse les pistes et fuyant les projecteurs, c’est dans l’ombre qu’il se développe et préfère rester. On a tenté de démêler tous les nœuds qui constituent son mystère en dix morceaux et presque autant de projets originaux.

KMD – Peachfuzz

Toute histoire possède son début, on est d’accord ? Pour MF DOOM, Daniel Dumile de son vrai nom, elle commence avec le groupe KMD (Kausing Mind Damage). Le jeune homme se produit alors sous le nom de Zex au côté de son frère DJ Subroc et de MC Rodan (remplacé par la suite par Onyx The Birthstone Kid). Le premier album intitulé Mr. Hood paraît en 1991, et l’on y ressent alors tout l’influence de Public Enemy sur le jeune collectif tant dans les thèmes que les compositions. Avec KMD sont présents sous nos yeux, et sans le savoir alors à l’époque, tous les indices du futur de Zex.

MF DOOM – Doomsday

Malgré des démos secrètes qui ont tourné sous le manteau, l’album Black Bastards de KMD, initialement prévu en 1994, ne verra le jour qu’en 2001. La cause ? Une pochette d’album controversée ayant entraîné la rupture du contrat liant le groupe de Zex et sa maison de disque de l’époque Elektra Records. L’artiste se range avant de resurgir incognito en 1997. En 1999, il sort son premier album Doomsday sous sa nouvelle identité : MF DOOM. Rien d’anodin dans ce choix, l’homme étant grandement influencé par l’univers des comics et le personnage de Doctor Doom.

Ensuite, il élargira cette influence en se donnant lui-même le rôle de Super Vilain afin de mieux « se venger contre l’industrie du disque qui l’a autrefois défiguré » (selon la bio écrite par Dan Le Roy pour All Music). Désormais, l’homme que nous connaissons se cache sous un masque qu’il ne quittera plus. Suivront par la suite deux albums Mmm… Food (2004) et Born Like This (2009).

MF GRIMM & MF DOOM – Tick, Tick…

Que serait l’homme qu’est aujourd’hui MF DOOM sans son acolyte MF GRIMM ? Associés à la ville comme sur scène, les deux amis se connaissent depuis les années 1990. Du groupe The Monsta Island Cars, à leur EP en commun MF EP (2000), en passant par l’album Special Herbs + Spices Vol.1 (2004), MF GRIMM reste une entité rattachée aux débuts de MF DOOM. Il aurait donc été dommage de ne pas l’évoquer dans ce portrait.

King Geedorah – Anti-Matter

Dans la chronologie des disques de MF DOOM, et déguisé cette fois sous le mythe de King Geedorah, Take Me To Your Leader paru en 2003, s’avère le second album de notre homme après 4 années de disette. L’explication de ce nouveau pseudonyme est à chercher dans son passé. Au moment de son retour, il collabore avec les membres du collectif Monsta Island Cars (The M.I.C.), où chaque artiste prend alors le nom d’un des personnages de monstres des mythes Godzilla. MF DOOM choisit pour sa part King Geedorah, un dragon doré à trois têtes – avouez que ça en jette – tout droit venu de l’espace. L’album est entièrement produit et écrit par notre homme et les membres de The M.I.C. viennent une fois de plus filer un petit coup de main. MF DOOM réalise ici un coup de maître.

MF DOOM – Lemon Grass

Il s’agit là d’un projet particulier mais il est nécessaire de l’évoquer. Entre 2001 à 2006, MF DOOM a réalisé plusieurs projets instrumentaux baptisés Special Herbs (désignant bien évidemment les épices venant agrémenter vos plus beaux plats, cela va sans dire). Bien que dans la longueur, ce projet peut être très vite dénué d’intérêt ne s’agissant là que des versions instrumentales des morceaux précédemment utilisés dans différents albums (« Lemon Grass » correspond ainsi au titre « Crazy World » extrait de Take Me To Your Leader).

Le projet suscite l’intérêt, du fait qu’il dévoile la facette productrice de MF DOOM (à l’oeuvre avec King Geedorah), en composant sous le nouveau pseudonyme de Metal Fingers. Ainsi, si bien souvent on se fixe sur le style et flow de MF DOOM, on a tendance à négliger ses compétences de producteur. Il est temps de rattraper ça, histoire d’équilibrer la balance.

Viktor Vaughn – Lactose and Lecithin

Viktor Vaughn est l’incarnation du côté obscur présent chez MF DOOM. Son projet le plus brut, le plus froid et peut-être l’un des plus difficiles à appréhender si l’on ne s’y plonge pas complètement. Vaudeville Vilain est un album de nuit, créé spécialement pour la nuit. Son atmosphère peut apparaître assez vite tétanisante de plein jour. Paru en 2003, Vaudeville Vilain nous compte l’histoire de Viktor Vaughn à travers ses activités quotidiennes, y compris le trafic de drogue, ses expériences scientifiques et ses actes de malfaiteurs. Suivra en 2004 la suite directe de ce récit avec l’album Venomus Villain néanmoins moins bien construit que son prédécesseur. En cause, l’expérience mené par MF DOOM de choisir pour chaque piste, sur la base d’un tirage au sort, un producteur différent donnant au projet un certain manque de cohésion.

Madvillain – Accordion

Véritable férut de travail, MF DOOM ne lâche rien et enchaîne les projets. 2004 devient une année prolifique avec un album marquant les esprits : Madvillainy. L’association de malfaiteurs que forme MF DOOM et Madlib sur ce projet nommé Madvillain, fonctionne en parfaite harmonie. On aurait pu s’emporter dans une suite d’adjectifs valorisant l’album – à vrai dire ça nous a traversé l’esprit – mais comme dit l’adage : on ne prêche pas un converti. Laissez vous tenter, vous ne serez pas déçus.

Danger Mouse – The Mask

MF DOOM est toujours bien accompagné. Cette fois-ci, pour sa nouvelle collaboration intitulée DangerDOOM, c’est au tour de Danger Mouse (Gorillaz, Gnarls Barkley, etc.) de devenir le nouveau chef d’orchestre de ce projet sur l’album The Mouse And The Mask.

Cette raison aurait pu influencer notre sélection, mais on a préféré choisir « The Mask » en raison de son invité Ghostface Killah. Le membre du Wu-Tang Clan, signe là une première collaboration qui s’étendra par la suite sur ses albums Fishscale (2006) et More Fish (2006) avec MF DOOM à la production. À noter que leur projet commun DOOMSTARKS se verra enfin créditer d’un album prévu en cette année 2015.

Pour en terminer, on vous conseille également l’EP Sniperelite de DILLA GHOST DOOM (enregistré en 2005, mais paru en 2008) qui réunit nos deux protagonistes en plus du producteur J. Dilla à la barre. Une vraie merveille.

NehruvianDOOM – Darkness (HBU)

Dernière collaboration en date de MF DOOM avec le jeune Bishop Nehru, NehruvianDOOM, est sorti en 2014. Moins présent vocalement qu’à l’accoutumer MF, tel un professeur enseignant à son élève laisse une place prépondérant à son acolyte. Ne surgissant qu’en parcimonie sur certains titres au travers de quelques couplets ciselants. MF DOOM qui n’a plus rien à démontrer, passe le relai en faisant éclore une jeune pousse prometteuse. S’il n’est pas énormément présent derrière le micro, il l’est bien évidemment à la production. Celle-ci demeure assez classique dans l’ensemble, à raison cependant de connaître au préalable le travail de MF DOOM.

De La Soul – Rock Co Flow feat. MF. DOOM

Bouclons la boucle sur ce morceaux de De La Soul où MF DOOM est présent en featuring. Toujours efficace dans ses apparitions, rarement décevant, son flow semble taillé pour toutes sortes d’instrus. De sa voix grave, MF DOOM est capable de s’accaparer un morceau en faisant totalement oublier l’artiste original. La chose ne semblait pas si facile. Il réussit pourtant l’impossible.

MF DOOM est un artiste complet capable d’explorer, d’expérimenter et de proposer des nouvelles choses dans ses albums. Sa diversité fait sa force. L’homme ne faiblit pas et il nous aurait fallu plus d’un papier pour évoquer toutes ses collaborations (de Escape From Monsta Island, à MA DOOM : Son Of Yvonne, en passant par JJ DOOM), et traiter tous ces albums. À vous désormais de faire tomber ce masque pour découvrir ce qu’il s’y cache derrière.

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