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Mesparrow : « Les cicatrices ne partent pas mais permettent de passer à autre chose »

Interviewer Mesparrow est un moment privilégié. Pourquoi ? Parce que l’artiste ne manie pas la langue de bois et parle avec entrain. Puis, il y a quelque chose d’indicible qui révèle une humanité folle chez elle. Regard déterminé, elle n’en reste pas moins fragile au moment de parler de Jungle Contemporaine, son époustouflant second album qui nous accompagne depuis quelques semaines.

Le choix du français dans ce second album est-il lié à un désir d’exprimer des choses profondes que l’anglais ne te permet pas ?

J’exprimais déjà des choses profondes en anglais parce que j’ai écrit mes textes en Angleterre et que je suis bilingue. Par contre, ce que j’ai compris lorsque je les jouais en France, c’est que le public ne les comprenait pas forcément. Sur scène, je suis très expressive, presque théâtrale. Et quand les gens venaient me voir à la fin des concerts pour me dire « C’est vachement bien, mais c’est dommage car on ne comprend pas les paroles », j’ai alors réalisé que les Français ne comprenaient pas aussi bien l’anglais que je l’imaginais. Ça m’a un peu frustrée et me suis dit qu’il fallait que j’arrive à exprimer en français ce que je faisais en anglais, avec mon travail de boucles, à faire des mélodies un peu pop.

Tu as nommé une chanson « Les Onomatopées ». Avec le chant en canon, constituent-elles ton ADN ?

C’est vraiment comme ça que je fonctionne, en effet. C’est comme ça que j’ai trouvé mon truc en musique. Je peux faire des morceaux au piano-voix. Mais là où je m’exprime vraiment, que je me lâche plus, que j’ai des images dans ma tête : c’est vraiment dans les morceaux qui viennent de la voix.

Jouer avec ton univers plutôt calme (du moins sur ton premier album) devant un public globalement bien alcoolisé un après-midi de canicule aux Vieilles Charrues en 2013, c’était facile ?

Ah oui, je me souviens des jets d’eau envoyés par l’organisation sur le public tellement qu’il faisait chaud ! Pour te répondre, j’étais tellement contente de jouer aux Charrues que ça ne m’a pas paru compliqué. C’était pas non plus Iggy Pop sur une grande scène, mais la première partie de Lou Doillon. Le public ne s’attendait pas à voir une artiste qui saute partout à poil (sourire). J’étais dans quelque chose de plutôt solo, comme une sorte de performance. Ce n’est pas comme la tournée d’aujourd’hui qui se vit en groupe. Je m’étais dit « Allez, on y va ! », en choisissant les morceaux qui envoyaient un peu plus. Mais c’est vrai que je suis plus à l’aise dans des lieux cristallins. Je pense par exemple à Art Rock, dans un théâtre en première partie d’Agnès Obel ; là, je me sentais plus à ma place.

Tu le prends bien si je te dis que « Ne me change pas » me rappelle Camille, à l’époque de l’album Le Fil ?

Ouais. Je ne renie pas qu’on a la même méthode de travail. Elle aussi travaille avec des boucles de voix, même si ça ne s’entend pas toujours. Je l’ai su car je travaillais dans un studio à un moment, et l’ingé son qui aimait bien mes maquettes, me dit : « C’est marrant, c’est pareil que Camille. Elle a des boucles de voix et ensuite on réarrange ». Toutes les deux, on est à fond sur la voix. Ce que tu dis ne m’étonne donc pas. Même si elle, désormais, va plus vers des choses acoustiques et, moi, vers de l’électro. D’ailleurs, on ne s’est pas encore rencontrées.

Dis-nous si je me plante, mais à force d’écouter Jungle Contemporaine, mon petit doigt me dit que t’en veux à quelqu’un, que ça sent l’histoire d’amour douloureuse…

Complètement ! (rires) Enfin, il y a qu’un morceau qui ne parle que de ça. « Ma flamme » parle de séparation et d’une histoire difficile. Le reste… Disons qu’il y a une partie de la composition de l’album où j’étais dans ça, et une autre où j’étais passé à autre chose.

Sans faire de l’explication de texte de tout l’album, une chanson comme Agrafes où tu chantes « Le temps ne polit pas l’écorce mais l’érafle », je pensais que ça parlait d’amour.

Ce morceau n’est pas écrit en pensant à moi, mais à des amis qui se noyaient dans l’alcool, dans les fêtes, dans tout ça. Je me répétais : « Ils se font du mal, ils se font du mal ». Parfois à propos de filles. Je l’ai écrite en faisant comme si je m’adressais à quelqu’un. Puis,« le temps ne polit pas l’écorce mais l’érafle », je me dis que c’est vrai pour tout le monde. On se retrouve tous avec des cicatrices. Et les cicatrices ne partent pas, même si ça nous permet de passer à autre chose. On trimballe tous des casseroles, c’est un peu ça cette chanson.

Mesparrow vous offre cinq vinyles

Mesparrow est en tournée jusqu’à l’été. En attendant sa date parisienne le 22 février au Café de la danse, le moineau à la voix cassé a quelques dates annoncées :


03.02.17 – Le Roudour – Morlaix (29)
04.02.17 – Festival Les Nuits Givrées – Dardilly (69)
17.02.17 – Festival Hibernarock – Aurillac (15)
18.02.17 – Festival Generiq – Dijon (21)


On vous offre aussi cinq vinyles de Jungle Contemporaine. Envoyez un petit mot à concours@sourdoreille.net (objet : un petit mot pour Mesparrow). Vous avez jusqu’au 15 février pour écrire ce que vous inspire son univers musical.

Crédits photo : Fabien Tijou
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