Chez Sourdoreille, on a nos artistes fétiches. On ne s’en est jamais caché. Mansfield.TYA en fait partie. Alors que leur dernier opus Corpo Inferno venait de sortir, nous n’avons pas pu nous empêcher d’assister à la toute première date de leur tournée. Dix ans après la petite claque que nous avait procurée June, leur premier album, nous voilà donc en terre lyonnaise, au Marché Gare, pour un petit bilan scénique. Et on n’a pas résisté à l’envie de leur écrire une petite lettre (d’amour).
Chère Carla, chère Julia,
Putain dix ans. Déjà. Notre première rencontre, c’est ce genre de journée qu’on n’oublie pas. Un samedi d’automne, les feuilles qui commencent à tomber, 14h, un café bien serré de lendemain de soirée dans un bar de quartier, sobrement équipé de violons et synthés, un duo de nantaises pied nues nous foutait déjà notre première claque en ouverture d’une Tournée bistrophonique orléanaise. L’excellent June venait de sortir. Tout en tension, tout en retenue, tout en douceur, les chansons nous touchaient déjà au plus profond. Après dix ans et de nombreuses rencontres, il faut se rendre à l’évidence : dans l’apparence minimaliste, dans l’audace et dans l’émotion, rien ne semble vraiment avoir changé.
Cependant, quand on gratte la couche de vernis, le changement est bien présent. L’assurance, toute mesurée, mais bien plus présente. La prise de risque, aussi et surtout. Dans les textes. Dans les expériences musicales. Désormais, un concert de Mansfield.TYA c’est un peu plus encore un concert caméléon. Dans le style, dans l’utilisation du violon Carla, dans ta voix Julia. Il y a du Khima France / Kap Bambino sur « Palais Noir », il y a du Muriel Moreno (Niagara) sur une reprise de « Pendant que les champs brûlent », il y a du Shannon Wright évidemment, mais aussi du Kazu Makino (Blonde Redhead) en reprenant « Loup Noir » sans votre comparse américaine. On se demande aussi si les grenoblois de RIEN n’ont pas repris du service pour vous accompagner sur « La nuit tombe ».
On pourrait continuer les comparaisons à l’infini mais ça serait tellement réducteur de vous associer à tout ce beau (et non-exhaustif) bandant bordel musical. Parce que, surtout, vous nous faites penser à rien d’autres. Uniques… et indispensables ? On hésite entre punk et mélodie, douceur et violence, secret et déballage, trash et poésie, chanson à texte et hardtek. Oui, votre force c’est aussi encore et toujours les textes, comme sur « Le [magnifique] dictionnaire Larousse » : « Il y a de quoi passer une vie entre amour et zoophilie ». Votre autre force, majeure, est de faire de vos lives, tout en sobriété, une expérience à vivre.
Avant de finir, nous voulions aussi profiter de cette lettre pour remercier le fond de cette joyeuse salle du Marché Gare qui gueulait le nom de Logic Coco depuis le début. Car offrir ces paroles en guise d’énième rappel (pour un ensemble toujours trop court, permettez-nous tout de même de vous le dire), on ne pouvait pas rêver de meilleure conclusion pour décrire tout notre amour :
« C’est la mer du Nord mais avec toi
Tout est lancinant, ça devient Rio
[…]
Et le bronzage de tes fesses dessine un cœur, vulgaire mais beau
Comme notre amour »
Bisous les filles, à dans 10 ans.
PS : « Dans le monde du silence, je m’emmerde. » nous dites-vous sur Le Monde du Silence. Ça tombe bien nous aussi.
Crédit photo : Richard Bellia
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