Le lait malté, c’est du lait en poudre avec du malt et un peu de farine ; ça sert à faire des biscuits, des boissons chaudes et des milkshakes. Malted Milk, c’est un groupe nantais avec du blues, de la soul et un peu de funk ; ça sert à faire vibrer, claquer des doigts et bootyshaker (quoique pour le dernier, on est moins sûr).
Ils sont six, réunis autour de Arnaud Fradin, chanteur-guitariste, à s’amuser avec des cordes et du cuivre pour un résultat qui groove grave. Sur une base bluesy qui fait irrémédiablement se balancer de droite à gauche, le combo pose des voix soul entêtantes et des riffs funk à tout casser, jouant sans complexe sur tous les tableaux. C’est à un voyage à travers toute l’Amérique que nous convie la bande avec ses diverses productions, un voyage qui pourrait commencer sur les planches d’une vieille maison de bois dans le Mississipi. Le soleil est au couchant, l’air fraîchit, un vieux bluesman gratte sa guitare, dont sortent péniblement des sons distordus. Ca vient du plus profond de l’âme et c’est juste beau.
On les suit à Memphis, au fond d’un bar, dont la devanture en néon éclaire le pavé sombre de la rue. Un capot de Cadillac planté dans le mur sert de toit à leur scène. Ils envoient des riffs blues que secouent une trompette joueuse et des claviers délicieusement démodés, ici paresseux et soudain enflammés. Sans crier gare, ils se lancent dans un funk endiablé, toujours teinté de ces inspirations métissées de tout ce que l’Amérique a produit de plus groovy. Coups de trompette jouissifs, envolées de sax décomplexées, louvoiements d’une basse malicieuse : tout vient à nos oreilles avec une spontanéité rafraîchissante.
Malted Milk – Don’t Burn Down The Bridge
Et puis, enfin, c’est la gloire : la grande scène de Chicago, les feux de la rampe. Devant un public en délire, on croirait Malted Milk en train de voler la vedette à Cab Calloway, à Jake et Elwood, au grand Ray himself. Avec une énergie inépuisable, ils font danser les spectateurs sur les rythmes endiablés qu’imprime un bassiste aux doigts infatigables. En vraie bête de scène, Arnaud harangue cette foule qui en redemande. Tantôt séducteur, tantôt taquin, il fait aussi la place belle aux cuivres torrides, aux claviers mégalos et aux cordes abrasives.
Grands habitués des scènes de la France entière, mais aussi d’Europe et des Etats-Unis, notamment en première partie de Big Joe Turner (qui côtoya en leur temps Benny Goodman, Duke Ellington ou encore B.B. King), il ne manque plus à Malted Milk que la reconnaissance du grand public. Déjà sur scène quand Ben L’Oncle Soul biberonnait encore, ils méritent aujourd’hui une place de choix dans la vague revival actuelle qui fait revenir en vitrine tous ces genres musicaux hérités des musiques noires américaines : blues, soul, funk, rythm and blues… Livreur énergique et infatigable de mélodies imparables, de solos jouissifs et d’une bonne humeur communicative, le combo nantais mêle toutes ces inspirations avec brio. A mettre sous le sapin pour faire danser les lutins, les rennes et la grand-mère.
Par Fred Cazalis
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