Mais qui es-tu, ƱZ ?

Parc Expo des Transmusicales, samedi 8 décembre 2012. Devant un hall 9 rempli, un gars dont personne ne connaît l’identité met tout le monde d’accord. Patronyme : ƱZ (prononcez « uzi », en référence au pistolet mitrailleur du même nom), producteur débarqué un beau jour sans crier gare.

Les blogs spécialisés s’affolent, font de lui le pionnier d’un genre musical voué à durer 45 jours (le « trap », hybridation du crunk, du dirty south et du dubstep, ouais ouais). On a décidé de mener notre enquête pour tenter de révéler qui se cache derrière ces tracks imprononçables et cet EP incendiaire et gratuit (sorti chez Mad Decent/Jeffree, le label de Diplo), sobrement initulé « ︻╦╤─ ƱZ ─╤╦︻ – †Ɍ∆Ƥ ȘĦ݆ EP 6/9 ».

ƱZ est Gesaffelstein. L’homme en noir n’aime pas la lumière des projecteurs. Sa photo en une de Tsugi avec de mignonnes bestioles empaillées, en décembre dernier, a fait déborder le vase. Bye bye les réseaux sociaux,  les soirées parisiennes et le développement de son label Zone avec The Hacker. Le Français a décidé de suivre ses potes Brodinski et Diplo à Los Angeles pour se consacrer pleinement à son side-project. Revendre tous ses costards contre un vieux pull Caterpillar et un masque dégueu n’aura pas été chose aisée, mais désormais la machine est en route.

ƱZ est Deadmau5. L’homme aux larges oreilles est complètement grillé. Depuis qu’il est classé parmi les DJ les mieux rémunérés de la planète, Deadmau5 a pris un melon désormais trop gros pour son mignon masque de souris. Las, le British a décidé de bluffer tout son petit monde. Après avoir convaincu Diplo de sortir son six titres en se faisant passer pour Switch (grâce à un habile piratage de sa boîte mail), Deadmau5 savoure sa revanche et s’apprête à révéler sa véritable identité. Ses onze millions annuels devraient lui permettre de se défendre devant les tribunaux.

ƱZ est Hudson Mohawke. Jean-Louis Brossard (programmateur des Transmusicales), en pleine recherche d’un DJ set solide pour précéder TNGHT (Hudson Mohawke et Lunice) aux Trans 2012, a appelé l’Ecossais au début de l’année pour l’associer à un coup fumeux. « Ecoute, Hudson, Diplo est venu aux Trans avec Major Lazer en 2009. Il dit partout que ça a été la meilleure date de sa vie, on est devenus amis. Tu vas devenir ƱZ, je m’arrange avec Diplo pour te faire signer sur Mad Decent et on fait buzzer tout ça aux Trans, juste avant que tu montes sur scène avec TNGHT, OK ? » On dit merci à tonton Jean-Louis.

ƱZ est Busy P. A l’aube des dix ans de son label, plus aucune news de Pedro Winter. Un coiffeur du XVIIIe arrondissement de Paris lui a coupé les tifs à 3mm en décembre, mais depuis, plus rien. En creusant un peu, nous avons retrouvé des photos du jeune Pedro, en 1995. Alors en Erasmus à Saint-Pétersbourg, il étudiait les sciences politiques. Sa bonne connaissance de l’alphabet cyrillique, très utilisé par ƱZ, nous a mis sur la piste. Le boss d’Ed Banger, aujourd’hui en coloc avec Etienne de Crécy à San Francisco, coulerait des jours heureux dans son nouveau costume. Voici ce qu’il aurait dit à Breakbot avant de s’enfuir : « Ras-le-bol des mômes du Social Club, des crucifix de Justice et des Daft Punk qui font les flemmards quand je leur demande de reprendre du service. J’aurai 40 piges dans deux ans, je veux vivre pour moi, démerdez-vous ».

ƱZ est Geoff Barrow. La tête pensante de Portishead a décidé de s’offrir un nouveau bol d’air. Beth Gibbons est fatiguée par la tournée, son projet Beak> attire vingt personnes par soir et Quakers à peine plus. Un soir de 1991, alors qu’il bossait au Coach House Studios sur le mastering de Blue Lines de Massive Attack, il aurait confié à son bon ami Tricky qu’il se passionnait pour les armes, et notamment les modèles d’Uzi, ces pistolets fabriqués par un marchand d’armes israélien. Joint au téléphone, Tricky nous a confirmé que Barrow ne donne plus de signe de vie depuis six mois, depuis une virée en Californie.