Mystérieux producteur de l’ombre, DJ Stingray, de passage à Astropolis l’hiver samedi, est une légende made in Detroit. Dans la plus fidèle tradition UR, le producteur avance à pas feutrés, masqué, depuis plus de trente ans. Que ce soit dans Drexciya – en tant que DJ ou dans Urban Tribe aux côtés de Moodymann et Carl Craig, Stingray s’est aussi acoquiné avec Aphex Twin, permettant de dresser quelques passerelles entre les USA et les prémices du mouvement rave en Angleterre. Malgré tout, un doute nous submerge : et si Stingray menait une double vie ? On s’est saisi de l’affaire.
Stingray est Larry Heard
Être l’un des papas de la Chicago house, c’est une chose. Mais on a beau avoir composé une demie douzaine de classiques, fréquenter Lil Louis en studio au quotidien pendant de longues semaines, ça finit par vous taper sur le système. 1989 : alors qu’ils finalisent ensemble le fameux « French Kiss », Larry Heard claque la porte et hèle un taxi dans la rue. Direction Detroit. Sur la banquette arrière, sourire en coin, il se dit qu’il est temps de troquer ce refrain en forme de coït féminin contre un bon pied 4-4 avec une grosse reverb industrielle, en regardant la fumée s’échapper des usines. Des clichés plein la tête, le jeune Larry déboule dans la Motor City. Et dès le lendemain, il fait sa première date sous son nouveau nom de scène, dans un squat tenu par des crackmen. What is house ? This is techno.
Stingray est Jean-Claude Darcheville
Les championnats français et écossais ont toujours eu la faveur de cet avant-centre trappu, qui a toujours regardé vers les Etats-Unis. Lorient, Bordeaux, Glasgow : le numéro 9 ne s’est jamais éloigné de la côte ouest, les yeux rivés vers les States. En 2009, après une dernière pige avec les Rangers, il part discrètement à la retraite. Le club refile alors sa maison à un jeune du centre de formation, Glenn McBronson. Dans le grenier, il retrouvera deux caisses pleines de vinyls contenant la plupart des sorties Planet-E et d’Underground Resistance, ainsi que des diamants de platines usés jusqu’à l’os. Et une lettre de son bookeur lui ordonnant de rentrer à Detroit car les avions pour venir jouer aux US coûtent trop chers.
Stingray est Emmanuel Top
En 1994, il envoie la démo de « Turkish Bazar » à tous les labels de la terre. Un disquaire de Detroit finit par acquérir les bandes, et refile la démo à Saunderson qui commence à le jouer. Dingue de ce nouveau son venu d’Europe, Saunderson envisage l’impensable : pirater l’œuvre de Top et la sortir régulièrement sous un autre nom, celui de Stingray. Pour la scène, pas de soucis : dès son plus jeune âge, le fils Saunderson, Dantiez, part en tournée défendre son nouveau blaze. Découvrant la supercherie, Emmanuel Top s’enferme dans un profond mutisme pendant de longues années, entouré de pots de Nutella. Et tente un come back en 2016, requinqué, en espérant croiser Dantiez au détour d’une loge de festival pour lui faire sauter les globes oculaires.
Stingray est Bill Cosby
1992 : la diffusion du Cosby Show touche à sa fin sur NBC. Bill Cosby et ses grands yeux emplis de gentillesse quittent leurs habits de Heathcliff Huxtable. En sortant du studio, Bill Cosby fonce dans un store et s’achète des platines. Depuis, il jongle entre sets sous le nom de Stingray et comparutions pour harcèlements sur mineures, poursuivi par la justice américaine. Il vient d’obtenir un bon de sortie du territoire pour traverser l’Atlantique et venir jouer à Astropolis l’hiver, ce week-end.
Pour voter Larry, Jean-Claude, Emmanuel ou Bill, rendez-vous ce samedi 21 janvier à la Carène, dans le cadre d’Astropolis hiver, à 00.10 dans la grande salle. Celui qui trouve la bonne réponse gagne un apéro huîtres-vin blanc devant l’Abeille Bourbon. Lien de l’event Facebook.
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