La « fraîcheur » est ce qui définirait le mieux le Macki Music Festival : programmation variée, décor bucolique du bord de la Seine et au parc de la mairie de Houille Carrière, organisation pro et décontractée. Les muscles chauffés par vingt minutes de marche, on arrive au site à l’ambiance bohème : installations faites de bois et de palettes, stand de friperie vintage, un coin de massage gratuit et des services esthétiques de décoration sourcilière avec des fleurs ou paillettes. On vous raconte nos deux concerts préférés.
Samedi 5 – Lords of the Underground : funky
Alors que le soleil s’invite à la fête sous les percussions et les djellabas de Mop Mop & Ange Da Costa, Dj Glo assure la transition avant Lords of The Underground et chauffe encore un peu plus l’ambiance. D’abord amusé par cette gamine de 9 ans avec une casquette vissée du haut de ses 1m20, qui apostrophe la foule et balance des impératifs : « When I say DJ you say ‘Glo’ ! Ok ? ». Tout le monde reste halluciné lorsqu’elle débite son flow rapide, digne de ses ainés, malgré une voix enfantine. Les yeux de Dj Lord Jazz brillent de fierté derrière les platines. En quatre chansons, sa fille à elle seule illumine le festival, le public reprenant collégialement ses refrains avec des rires qui cachent une certaine émotion. Chacun l’a déjà adopté.
Contraste visuel de poids lorsque débarquent les deux MC Mr.Funke (sosie de Tyson) et DoltAll, tout en muscles. Avec classe et modestie, ils débutent par des hommages aux idoles disparues du hip-hop des années 90 en respectant la parité Est et Ouest, sans oublier un incontournable « rest in peace » à James Brown. Ce petit medley des classiques passé, les deux colosses offrent un show théâtral, s’arrêtant brusquement au milieu de leur chanson pour estimer quel côté du public à le plus de voix ou pour rendre justice à l’équipe de France vaincue la veille au mondial : « Viva la France, Psycho ! Psycho ! ». Vingt-trois ans d’amitié et de musique sur scène qui reprend encore avec une énergie adolescente leur rap old school avec Tic Toc, Check it ou Chief Rocka massacrant au passage comme des gosses Smells like teen spirit.
Dimanche 6 – La transe de Isaac Delusion
Sur la scène électro qui accueille l’entrée du festival, le noyau de fidèle patauge dans la boue toujours aussi fébrile face aux sons de Funkineven, les nerfs toujours tendus par les joyeux mix de Marcellus Pitman de la veille. La pluie a décalé la programmation dominicale, l’eau a découragé ou retardé l’arrivée des festivaliers. Sous la grisaille une ambiance aussi détendue que la veille, presque trop calme. Le rappeur irlandais très attendu Rejji Snow déçoit par son flegme, un brin d’arrogance, un manque d’enthousiasme et de voix, combiné à une hypothétique défonce. Dommage pour un artiste qui a une approche musicale assez soul aux rythmiques chaloupées jazz. On s’ambiance un peu plus sur l’Impératrice, sans pour autant être convaincu par un funk qui peut rappeler un bœuf entre amis.
L’arrivée du beau temps et d’Isaac Delusion est un véritable instant de grâce. D’abord parce que tous les fans de Crackie Record sont aux anges à l’écoute de la voix céleste de Loïc Fleury et la pop aérienne composée avec Jules Paco. Si leur musique est synonyme de douceur et d’onirisme sur leur album éponyme, propice à la tranquillité, le beat est plus soutenu en live, ça tabasse presque et petit à petit, la foule se met en délire, notamment à l’arrière du public où danse contemporaine et gesticulation tribale se mêlent à « Midnight Sun » pour terminer en véritable transe à la fin du concert, où les quatre membres jouent les prolongations en improvisant des percussions. Un moment enchanté dans un cadre champêtre, signe d’un beau départ pour la fusion des collectifs Mamie et Crackie Record en Macki Festival.
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