Cela fait déjà quelques mois qu’on nous présente Little Simz comme la nouvelle égérie du rap mondial. Adoubée par Jay Z et Kanye West, l’Anglaise était de passage à Paris pour un concert à la Maroquinerie. L’occasion de voir que le phénomène n’a, à priori, rien d’éphémère.
Du haut de ses 21 ans, Little Simz impressionne par son assurance. Une assurance qui ne devient jamais suffisance. Simbi Ajikawo est simplement sûre de son coup. Après avoir mis gratuitement en ligne sept EP et quatre mixtapes, elle a sorti son premier album, A Curious Tale of Trials + Persons, en septembre dernier. Sur son propre label.
Lorsqu’elle arrive sur la scène de la Maroquinerie, déjà bien chauffée par son crew qui assure (assez bien) la première partie, la Londonienne dégage une classe incontestable. Tout de noir vêtue, et coiffée comme pour aller au bal, on a du mal à se dire que c’est ce petit bout de femme qui a produit ces bombes hip-hop aussi sombres que puissantes.
Pourtant, dès qu’elle prend le micro, la messe est dite. Little Simz ne joue pas sur le terrain de la surenchère, de la puissance coûte que coûte. Son timbre de voix, aigu et assez doux, déconcerte. D’autant plus qu’il est allié à un flow follement acéré et efficace. La prod des premières minutes du concert est particulièrement sobre et épurée. Des nappes grasses, sur un tempo très lent, très lancinant. Sur un tapis très classique, à la frontière de l’austérité, l’Anglaise réussit à glisser des sonorités flirtant avec le grime, la trap ou même le dancehall.
Qu’importe si le système de son ne suit pas et rend une partie du concert très chaotique, Little Simz assure son show sans se démonter. La suite de la soirée lui donne totalement raison. Les spectateurs boivent ses paroles comme un petit lait précieux et trop rare. Surtout, sans crier gare, le crew de Londres réussit à faire monter la température. La musique de Little Simz n’est jamais violente. Mais elle dégage une énergie folle capable de déchainer les foules. A tel point que Simbi se sent obligée d’interrompre l’une des chansons pour calmer les premiers rangs de la fosse qui organisent carrément un Wall of death qu’on a plus l’habitude de voir dans les concerts métal.
Après avoir quitté la scène au bout de 40 minutes de show pour une fausse fin de concert, Little Simz revient dans un look bien plus décontracté : t-shirt de sa tournée et casquette vissée sur la tête, elle fera un rappel finalement plus long que sa première partie de concert. Allez comprendre. Une fin de soirée beaucoup moins cadrée et rigoureuse : Little Simz vient balancer des titres plus anciens en rappant dans la fosse puis laisse la scène aux MC de son groupe, pour ensuite prendre une guitare et nous gratifier d’une pseudo ballade R’n’B.
C’est désormais une certitude, Little Simz a déjà tout d’une grande. Ses coups d’éclat phonographiques ne doivent rien au hasard. Quand on la voit sur scène, on comprend que ses tubes respirent déjà la maturité et sont amenés à devenir des classiques dans la discographie de l’Anglaise qu’on reverra certainement dans d’autres salles bien plus grandes d’Europe.
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