Dans la cour du château de Keriolet, il est 6h et des milliers d’âmes défilent sur l’autoroute de la techno en attendant la lumière du jour. J’ai fermé les yeux pour vibrer et rêver. À trop recevoir, le corps veut s’exprimer. Tu es arrivé et nous a appris ce langage du corps.
6h. Le besoin d’enrober la nuit, de s’assurer qu’elle n’a pas été vaine, pointe son nez. À se mouvoir dans tous les sens, à s’entrechoquer et à se perdre, le corps a raison de se demander ce qu’est le sens de cette mascarade. De tous ceux pour qui la nuit est un endroit chaud et protecteur, le jour peut se révéler froid et terrorisant. Des oiseaux piaillent puis se taisent respectueusement devant les gargouilles de Keriolet. Le jour est maintenant là et tout s’accélère.
6h45. La musique se met à inonder de lumière les pierres de la vieille bâtisse. Je peine à t’apercevoir, tente de me mettre sur la pointe des pieds mais sans succès. Mon regard se pose sur le château que j’ai l’impression de découvrir. Il brille et je ne te vois toujours pas, j’en viens à me demander si, en ce moment, ça n’est pas toi le château. Mais, un mec, la tête baissée à un mètre de la scène balance son bras et semble dire « C’est bon, suivons le ». D’accord, nous te suivons.
8h. Une large épidémie de sourires terrasse cette foule désarticulée, unie dans ce bordel organisé. Elle se balance comme jamais. Mon esprit s’éveille et semble dire à mon corps que tout se joue maintenant. Tout commence ici, lorsque tout semblait fini. Ça y’est je t’aperçois, tu lèves la tête, je ne bouge plus, tu la baisses et fais humblement ta profession de foi : « quoi qu’il arrive, ne garde que les bons moments ». Une note de piano arrive, puis deux, puis trois. Ne t’arrête pas.
J’ai tremblé devant tant de simplicité. Tu ne le sais peut-être pas, mais le jour où tu as brandi le soleil comme instrument, toutes les pierres et les danseurs du château rougissaient.
Le mix intégral de Michael Mayer à Keriolet est disponible ici.
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