Les vapeurs futuristes de Basile3

A l’heure où le cinéma se gorge de SF et d’univers brûlés, où la nature cramoisie semble rendre ses derniers souffles, les paysages sonores qui l’accompagnent ne sont pas en reste. Sound design digital, mondes en sourdine, voix robotiques… Chaque jour, notre oreille s’habitue à d’apaisants ou dangereux signaux sortis des brainstorms de responsables marketing des sociétés de transports en commun et des municipalités, inspirés par les fictions qui occupent nos journées confinées. Tout comme notre œil, moins habitué à l’évolution de la lumière naturelle du jour, se voit proposer des lampes de luminothérapie.

On peut évidemment interroger la mainmise de ces spécialistes de l’urbanisme sonore sur notre temps de silence disponible, ainsi que les compositeurices les aidant dans leur besogne mi-figue (apaiser nos vies en harmonisant nos villes), mi-raisin (nous faire oublier la misère sociale avec des sons trop rigolos).

Pourtant le problème ne vient pas de la recherche sonore en elle-même mais plus dans ses applications. Pour preuve, en 2020, il existe encore des artistes assez fous pour continuer de sortir de la musique, qui plus est sur des labels indépendants. C’est le cas notamment de Basile3 dont les larges steppes synthétiques laissent la place à une multitude de sons, de voix et de mantras romantiques. Bien dans son époque – et dans sa tête remplie de rêves et de personnages fantasmatiques – il saupoudre ses délires cosmiques de hip hop du sud des États-Unis, de R’n’B ou d’influences britanniques breakées. Il superpose dans ses morceaux une poésie douce amère avec des rythmiques imprévisibles et des productions radicales. Et malgré tous ces bips bips, ces krrr et ces voix autotunées, on en sort amoureux, contemplatif, emphatique, prêt à encore donner aux autres.

Son EP Ciel Rouge est le tout premier qu’il sortira sur le label InFiné, le 23 octobre.

Crédits photo en une : Phillipe Roux