Le R’n’B passé-futur d’Oklou

Quelle chose compliquée d’ouvrir un festival quand on n’est encore qu’un triton dans l’océan des requins de la musique. Celle qui aiguise ses beats dans sa chambre ou sur Radio PiiAF avait cette dure tâche à endosser, et ça a pourtant fait l’affaire. La belle voix de la Parisienne et ses sons rétro-R’n’B on su guider la foule à bon port. On ne parlera pas d’une salle blindée, ni d’un public surexcité, mais son set aura fait office d’un bon échauffement pour un vendredi assez mouvementé.

Louisahhh, meneuse de troupes

Ce qui démarrait comme un b2b s’est terminé en démonstration de force pour Louisahhh. Non pas qu’Agoria se soit fait énucléer, mais on a senti que la plus Française des Américaines a pris les devants pour un DJ set froid, tenace, et plein de petites merveilles : en témoigne le morceau qu’on a filmé, leur reprise d’Athea, « In The Beginning ». C’est d’ailleurs la seule chose dont on est sûr de se souvenir.

Louise Roam, polyvalente

C’est dans un lieu tenu secret jusqu’à la veille du concert dans la salle des rotatives du Télégramme, assez dépaysante, que Louise Roam nous a donné à voir un set intime et plein de caractère. Devant un public attentif d’une quarantaine de personnes (pas vraiment celui du festival), la multi-instrumentiste fait ses va-et-vient entre synthés, MPC, machines et micro. Tout lui réussi, car elle s’en donne les moyens.

Ann Clue, la pose plutôt que le mix

Son verre de champagne plastifié à la main, Ann Clue ne faisait presque qu’un avec les ados du Club. Bien que la demoiselle ait un bagage qui force le respect (membre de Fcking Serious, le label et l’agence de booking de Boris Brejcha), les attentes n’étaient pas toujours au rendez-vous. Même si certains passages du mix nous ont fait doucement taper du pied, ses aller-retours incessants sur le devant de la scène ont rendu le moment parfois irritant. On a quand même gardé l’un des meilleurs moments du set.

Helena Hauff, impartiale

La prêtresse de nos nuits, qu’on suit depuis plus d’un an maintenant, a fait son petit bonhomme de chemin jusqu’à jouer à Morlaix et être programmée par les plus gros festivals d’Europe. Inutile de vous dire qu’on a adoré : une heure et demie de techno darkos, industrielle. Pas de quartier accordé.

Nina Kraviz, Athéna derrière les platines

Pour ceux qui séchaient les cours de mythologie, Athéna est la déesse de la sagesse et de la stratégie militaire. Difficile de qualifier le set de Nina Kraviz de « sage », ce qui est sûr c’est qu’elle avait un plan rondement mené pour nous avoir. La demoiselle, touchée par la grâce, nous a prouvé qu’après 8 heures de danse non-stop et deux jours de festival, on avait encore de quoi faire pour bouger devant la Nina. Et pas qu’un peu. On a finit sur les rotules, pas loin de s’incliner face à elle.

Crédit photo : Cédric Kraviz