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Les 9 commandements de l’artiste en 2011

Deuxième billet de Lee Harvey Asphalte sur Sourdoreille...

Deuxième billet de Lee Harvey Asphalte sur Sourdoreille. L’artiste lyonnais pose son regard si particulier sur le monde qui l’entoure. Du coup, on lui ouvre les guillemets.

« O toi mon fils, qui auras 20 ans en 2031, futur avocat-balleur (magistrat la semaine, défenseur au Real Madrid le week-end), si malgré, ou à cause, de mon éducation tu décides quand même au prix de ton déshéritement, de devenir musicien voici tout de même quelques conseils utiles.

1. Ton identité soigneusement tu choisiras

« Être juste soi-même » n’étant plus qu’un slogan publicitaire pour ménagères, choisit avec soin l’image que tu véhiculeras. Le mieux étant d’écouter les disques de la rubrique « Musique » des magazines de mode et de s’habiller comme les rubriques « Mode » des magazines de musique. Au fait, ne dit JAMAIS que tu viens de la banlieue sous peine d’être catalogué dans les cultures urbaines (alors que si tu avais grandi VRAIMENT en ville, dans la véritable urbanité donc, tu aurais droit à être classifié dans tous les autres styles).

2. Pour les journalistes, de nulle part tu sortiras

Il n’y a rien de pire pour un journaliste que de chroniquer un artiste déjà mentionné ailleurs. Dès lors, fait comprendre à ton interlocuteur que ta réussite ne dépend que de lui, qu’il a découvert la nouvelle pépite musicale, le futur must-have pour tous les kids. Sinon attends-toi à un résumé approximatif (featuring le dictionnaire des synonymes) de ton dossier de presse. PS : Avant de quitter l’intervieweur à la sortie du bistrot en bas de son bureau, marque-lui à nouveau sur une serviette en papier les informations principales et l’orthographe correcte de ton nom. Si si.

3. Dans de vains caprices ton argent tu ne gaspilleras point

Comme te l’a déjà dit tonton Fléau qui bosse dans la com’, la musique ça ne s’écoute plus, ça se regarde. Alors au lieu de dépenser bêtement ton argent de poche dans des séances de studio, tu t’en serviras pour financer un clip et un logo (voire un coiffeur). A quoi sert de créer une musique révolutionnaire sans stickers pour l’annoncer ?

4. Ton engagement pour tes discussions entre potes tu garderas

Sur ta grille de quatre accords (pas un de plus, sinon tu seras condamné à errer de SMAC en MJC) tu me feras le plaisir de remplacer « l’hyper-modernité réfute toute théorie de la fin de l’Histoire » par « Yeah ! Baby yeah ! » voire « Ouais gros ! ». Tu peux néanmoins t’indigner de la faim dans le monde ou te rebeller contre l’indifférence de la société (prévoir dans ce cas-là un clip en noir et blanc).

5. Tes goûts perso de tes influences musicales tu différencieras

Si, comme je l’espère, tu t’éprendras des vieux albums de Company Flow ou de Aphex Twin de ton papa, fais bien attention à ne pas en faire une base de travail. Garde le Wu-Tang pour ton temps libre et Cœur de Pirate pour le boulot (personne n’a dit que c’était un métier facile).

6. Des programmateurs la vie tu simplifieras

Par égard pour la grande difficulté de ce métier, tu serais bien aimable de ne pas leur compliquer la tâche. Donc abandonne toute idée de Zouk-Métal et inspire-toi des rayonnages de la FNAC. Mais attention au piège ! Ce n’est pas parce que les bacs Rap sont les plus garnis et les plus bankable que tu dois en faire ! Pour des raisons qui m’échappent un peu, le programmataurus musicae actualis préfère importer un chanteur Folk du fond de l’Ohio, plutôt que de trop remplir sa salle. C’est pour ça qu’en matière de Hip-Hop et autres mélopées populaires, on a inventé les CUCS ! Ça permet de tenir les « publics empêchés »(!) à distance et arrondir les intermittences.

7. De ta ville natale tu t’éloigneras

Ayant grandi dans une ville qui passe son temps et son argent à s’autoproclamer capitale de tout et de rien (Avant les V’Lib y avait les V’Lov !), crois-moi, n’insiste pas trop sur ton code postal. Ici on aime les artistes qui vont émerger OU ont déjà réussi (à Paris). Entre les deux, point de salut.

8. Certaines personnes tu remercieras, sans elles tu serais déjà en pensionnat

Heureusement, voguant sur cette nef des fous, tu croiseras certaines assos, certaines personnes qui malgré un Bac+5 bossent jusqu’à zapper leur vie privée pour un salaire de misère parce qu’elles croient en la musique. A ces personnes tu devras le respect puisque ce sont elles qui portent les artistes autant que le public.

9. Que ton connard de père a tort tu prouveras

Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. Malgré toutes les absurdités que ton paternel dégobille, n’oublie jamais ceci : Les pessimistes ont raison mais ne font rien, les optimistes ont tort mais eux font avancer les choses.

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1 commentaire

1 commentaire

kiome 12.05.2011

Bravo pour la phrase de fin. C’est copyright Lee Harvey Asphalte?

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