Troisième débarquement de Sourdoreille à Laval. Cette année encore, le festival Les 3 Eléphants nous a offert son lot de plaisirs auditifs, ses festivaliers bons-vivants et ses performances de rues improbables. On a quand même croisé un mec en jaune qui trottinait dans une rue avec une chaise longue sur l’épaule (ça faisait partie de la prog, oui). Retour en mots, en photos et en images qui bougent.
Le rituel chamanique de Jagwar Ma
Une prestation du groupe australien Jagwar Ma est toujours une invitation à la transe. Leur concert était une véritable parenthèse de cette soirée du vendredi. La force de leur musique est de mettre l’hypnose et l’énergie de la fête au même plan. Le public est tour à tour en introversion et en extraversion. Le chanteur s’est baladé sur scène, mains dans les poches, et envoyait amour et psychédélisme au public de Laval. Un rituel chamanique qui s’est déroulé comme prévu, menée par cette équipe de gourous.
Rodrigo y Gabriela, plus vite, plus fort et moins sensible
On aurait bien aimé une session acoustique de Rodrigo y Gabriela, puisqu’il faut se rendre à l’évidence : ils sont toujours aussi doués. Le principal défaut qu’on trouve à ces deux marathoniens de la guitare, c’est qu’elle manque parfois d’âme et de fond. La musique est si impressionnante, si rapide, si percutante qu’elle n’est presque plus une expérience sensible. Malgré cette impression, on remarquera que l’effet sur le public est sans appel. L’Arène est sans dessus dessous. L’audience se rappellera d’une reprise pas top de Creep de Radiohead. Au moins, maintenant on sait qu’en plus de jouer de la guitare, Rodrigo sait chanter. Mais ça n’est pas toujours suffisant pour reprendre un classique.
Rodrigo y Gabriela : photo par Rod Maurice
Son Lux -> Détroit -> Jagwar ma -> Breton -> Acid Arab
Ça, c’est de l’enchaînement comme on les aime. Cinq concerts comme autant de profils radicalement différents ont offert une soirée de rêve à tous les festivaliers qui ont (forcément) pris leur claque sur Son Lux, connaissaient les paroles du concert de Détroit par coeur, hallucinent encore de l’atmosphère psychotique de Jagwar Ma, et ont donné tout ce qui leur restait avec Breton et Acid Arab. Et puis, le reste d’amour qui nous restait (beaucoup) s’est retrouvé envolé le lendemain avec un concert mythique des Girls in Hawaii, du producteur N’To et du groupe Jungle. Le groupe belge a d’ailleurs facebooké « 3 Éléphants, merci! Meilleur public 2014! », ce qui n’est pas rien.
https://www.dailymotion.com/video/x1wqln3_girls-in-hawaii-time-to-forgive-the-winter-live-les-3-elephants-2014_music
Acid Arab, folie électronique
Le duo de DJs Acid Arab a encore clôturé une soirée de festival, comme aux Trans Musicales de Rennes et Nouvelle(s) Scène(s) à Niort. A chaque fois, on est aspirés dans une spirale de joie, de regain d’énergie (essayer de se coucher après leur set relève de l’impossible) et de communion. Merci à Guido Minisky et Hervé Carvalho qui nous font plaisir à chaque festival et dans chaque club. Et puis dans un festival avec deux sets électro uniquement (avec N’To), c’est particulièrement jouissif.
La performance de Bernard Menaut (alias « Jaune »)
Le vendredi soir consommé jusqu’à la dernière miette (ou l’art de ne pas se rater à l’after), notre équipe attaque le samedi sur un petit nuage. Après notre captation du live de Loup Barrow, direction la brasserie du coin pour se remplir l’estomac. Entre deux bouchées, on a aperçu un homme trottinant, vêtu d’une superbe chemise jaune et portant une chaise longue dans ses mains. Dans le genre improbable, on fait difficilement mieux. Cinq minutes plus tard, cet homme que l’on surnommait alors Jaune (c’est notre côté terre-à-terre), qui a probablement noté qu’il avait là un bon public, installe sa chaise longue à quelques mètres de nous. S’ensuit une performance corporelle délicate, d’une grande fluidité, drôle, poétique et spontané. Un grand moment. On a fait nos recherches : la performance s’appelle « Mobil’homme » et son acteur principal, Bernard Menaut. Bravo M. Menaut ! Mais dans notre cœur, vous resterez Jaune.
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Photo en couverture de l’article : Son Lux par Rod Maurice
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