Chanson française ? Pop ? Variété ? Non, non, non, William Sheller c’est un rockeur. Démonstration.
Qu’importe ce qu’on entend au premier accord. Si ça vous plaît, vous êtes libres de croire que William Sheller n’est qu’un vieux chanteur, rescapé de l’âge d’or de la chanson française, qu’il écrit de la variété même pas facile d’accès ou qu’il se glisse dans un convenu moule estampillé « pop à la française ». Non, messieurs dames, mille fois non. Le gars qui vient de terminer une tournée parisienne iconoclastes (sept soirs, sept lieux) est un rockeur dans l’esprit et jusqu’au bout des ongles.
Bien sûr, le jeu au piano évoque d’abord la musique classique. Mais dans William Sheller, on reconnaît aussi l’influence des Beatles. En poussant un peu plus loin, on retrouve du Syd Barrett, défait de la pesante structure couplet/refrain et libre de jouer avec ses viscères. On entend du Jeff Buckley également. Dépouillé du superflu, il ne reste que l’essence même du rock : l’énergie et l’urgence.
Seul sur la scène de La Cigale, William Sheller balance la sauce, avec un piano et l’énergie du désespoir, parce qu’il sait qu’il n’y a plus que cela à faire : jouer ses chansons, les envoyer sonner contre les murs de la salle. Tant pis pour les passages instrumentaux. Tant pis pour les guitares saturées et les cascades de violons. Johnny Ramones lui-même détestait les solos. C’est bon pour les bourgeois et nous n’en sommes pas, nous sommes simplement venus écouter un mec qui joue sa vie sur scène, avant qu’il ne soit trop tard.
Alors, il la joue jusqu’au bout, pendant deux heures, même si sa voix lui joue parfois des tours au détour de certains couplets, après tout on s’en fout c’est l’émotion qui compte, c’est pour elle que nous avons payé nos places. Et pour l’abolition des conventions. Peu importe si ce qu’on entend est inclassable, William Sheller est définitivement décomplexé, profondément rock dans la démarche.
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