C’est l’un des rendez-vous incontournables de notre année. Il y a Noël, le rhume pendant l’hiver, un nouvel an fêté furieusement, la visite chez mamie, le barbecue XXL chez les potes, la procrastination avant de remplir sa fiche d’impôts. Et puis il y a ce week-end à Evreux pour le Rock dans tous ses Etats. Du monde, mais pas trop. Juste de quoi retrouver cette euphorie permise par l’effet de foule. Un festival élargit toujours le champ des possibles. De nouvelles règles s’y établissent. On peut avoir le sourire en regardant son voisin sans être suspecté. Lundi, dans le métro ou dans la rue, ce sera déjà une autre histoire. En attendant, nous sommes là, avec l’envie juvénile de goûter chaque minute. Mais certaines minutes sont plus marquantes que d’autres. Les voici :
Birth of Joy. Vendredi – 18h46. Le moment précis où le festival, selon nous, a commencé. Une guitare, un orgue et une batterie pour une prestation qui en appelle beaucoup d’autres, sur des scènes de plus en plus grandes, par la grâce de tournées mondiales à rallonge. Oui, voyons les choses en grand, c’est bon pour la santé. Ah oui, on a filmé ça.
MGMT. Vendredi – 23h08 à 23h12. La plus courte sieste du festival, pendant le set d’un groupe doué en studio, mais aussi à l’aise sur scène que Christian Estrosi devant un drapeau algérien.
Kasabian. Vendredi – 0h16. Pendant une heure, les Anglais ont tranquillement démontré qu’on faisait fausse route en pensant qu’ils n’avaient plus rien à dire. Sur scène, le groupe est d’envergure mondiale et leurs belles poses de branleurs ne tiendraient pas la route dix secondes si leurs chansons et interprétations n’étaient pas au-dessus de la mêlée. D’accord, on les avait enterrés un peu vite. Faute avouée à moitié pardonnée. Pour se refaire, on a dévoré leur concert des yeux et des oreilles, de la première à la dernière note.
Deluxe. Vendredi – 1h16. L’après-midi, on avait soumis la bande à un blindtest spéciale ‘moustache’ et peu de faux pas, ils connaissent leurs classiques sur le bout des poils. Sur scène, c’est pareil. Le crew récite d’ailleurs si bien ses gammes qu’en plein milieu du set, vers 0h16 donc, une réflexion a soudainement parcouru notre esprit : « Si ce groupe avait rencontré le public des Vieilles Charrues cet été, c’eût été un sacré beau carnage«
Fritz Kalkbrenner. Vendredi – 2h12 à 2h19. L’autre sieste du festival. Trois minutes plus longues que celles de MGMT – ça s’est vraiment joué à rien. On l’aime bien, l’ami Fritz. Mais il ne serait pas, lui aussi, complètement endormi au fil de ces sets ?
Girls In Hawaii. Samedi – 21h43. En elle-même, la musique des Belges est déjà un don du ciel. Ce même ciel, capricieux tout le week-end, est venu prêter main forte à des compositions qui n’en avaient pourtant pas besoin. Des couleurs sublimes, une forte averse et un arc-en ciel pour honorer les titres du merveilleux « Everest » et accueillir le petit nouveau, Connections. Cette fois, c’est certain : les anges veillent sur Girls In Hawaii.
Interpol. Samedi – 22h28. Comme un écho à ce qui venait de se passer, comme une réponse à ce moment suspendu, Interpol entame son concert par Say hello to the Angels. Les New-Yorkais ont un pouvoir rare : leurs chansons ne vieillissent pas. Peut-être parce que Paul Banks et Daniel Kessler composent comme ils se présentent à nous sur scène : en costard noir. Et le jour où le costard noir se démodera, alors oui, ce jour-là, peut-être que les chansons d’Interpol perdront de leur immense classe et commenceront à vieillir. En attendant…
Deltron 3030. 23h53. Le hip-hop le plus généreux qu’ils nous ait donné de voir sur scène cette année. Dan The Automator et Kid Koala ont pourtant déjà tout prouvé. A moins que ces deux-là ne soient simplement des passionnés et continuent de faire des concerts pour les bonnes raisons ? C’est bien possible. Par contre, 23h56 reste la minute où nos oreilles ont pris le plus cher. Oui, on sait que vous allez nous répondre : si c’est trop fort, c’est qu’on est trop vieux. Vous avez peut-être raison. On a d’ailleurs perdu un bout d’espérance de vie durant ces 48 heures dans l’Eure. Mais elles valaient la peine d’être vécues.
Massive Attack. 1h46. Par contre, voilà quelques minutes supplémentaires qu’on aurait bien aimé vivre. Car la fin du concert de 3D et sa bande est indigne de leur statut. Partir comme des voleurs, sans salut, c’est moche. Certes, il y avait visiblement un problème de timing et la setlist avait prévu une autre fin. Mais quand même…
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