Le trio écossais Errors a sorti lundi 23 mars son 4ème album Lease Of Life sur le label Rock Action Records de ses pairs et pères spirituels Mogwai. Ce quatuor devenu trio en 2011 est connu et reconnu au Royaume-Uni et aux USA où il a effectué une tournée comme première partie de Mogwai en 2012. Se détachant progressivement de l’ombre post-rock de ses protecteurs avec un album retentissant, Have Some Faith in Magic la même année, les voici donc de retour. Pour une douce béatitude. Quitte à tomber dans l’ennui.
Dans Lease Of Life, Errors retouche encore une fois sa carte d’identité. Cette fois elle ne cesse de faire des va-et-vient entre post-rock, nappes électroniques, rythmes disco et sonorités new age. Enregistré sur l’île de Jura en Ecosse, ce disque a été probablement pénétré par le fantôme de Georges Orwell qui a écrit 1984 il y a plus de 60 ans sur ce lopin de terre aux 170 habitants, ou par le célèbre single malt qui y est confectionné. La vie insulaire les a menés vers un territoire panthéiste où l’organique laisse encore un peu plus de place au synthétique. La rythmique rétro n’est pas sans évoquer un disco ivre et spirituel qui réactualise les errances électroniques des années 80. Leur post-rock électronique se transforme ici en post-pop et entraîne l’esprit à vagabonder au-dessus de la mer vers les plaines écossaises et ses falaises vertigineuses à l’exemple de « New Winged Fire ».
Errors – New Winged Fire
L’intensité attendue de ce nouvel opus peut décevoir, rien de grisant, aucune exaltation dû à une fulgurance distordue (contrairement à l’excellent « Magna Encarta » de leur ancien album). Cependant, la texture des sonorités, l’actualisation du son d’antan n’est pas anodine à la nostalgie ambiante qui imprègne l’album. Tout est ciselé avec précision et la lenteur de première abord laisse place à une allégorie de la caverne à la recherche de l’esprit du monde : comme si ce n’était qu’en écoutant cet opus que les yeux pouvaient comprendre ce qui se cachait derrière les paysages. Une allégorie portée ponctuellement avec efficacité par les voix de Cecilia Stamp et Bek Oliva. Stephen Livingstone est le porte-parole (avec réverbe) de cet hymne psalmodié comme le chant rituel d’un druide celte. La comparaison longtemps endurée par la formation à leurs homologues américains de Battles n’est plus d’actualité ici même si le mélange de la batterie et de beats électroniques ne laisse leur écho jamais très loin. Un album agréable qui manque d’un peps que l’on retrouvera uniquement sur scène ou dans le titre « Genuflection » (et son saxophone synthétique de clubber eighties).
Errors – Lease of Life
Les fans seront sûrement partagés. Difficile de leur en vouloir, certains titres tombent dans la facilité comme l’illustrent les chœurs plus qu’ordinaires de « Putman Caraibe ». D’autres plages par contre explorent des territoires inédites sur 7 ou 13 minutes prenant le temps qu’il faut, jonglant avec les samples dans une lenteur mesurée menant au paradoxe d’une extase pleine de sérénité et de quiétude (« Trough the knowledge of those who observe us »). Étrange comment dans 9 titres composés des mêmes ingrédients on peut de l’un à l’autre s’ennuyer ou sourire béatement.
Un album cohérent et abouti mais qui laisse un goût acidulé sur le bout des tympans. Ensorcelant sans être transcendant… La vie des îliens amène-t-elle nécessairement la résurrection du new age ?
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