Il est fortement déconseillé de passer à côté d’une des sortie du label canadien Constellation : Godspeed You!, Timber Timbre, Ought… Chaque album est un pari, une provocation au conformisme musical. Le troisième album de Siskiyou confirme la règle.
Si on était déjà sous le charme des deux premières productions du groupe de Colin Huebert, l’ancien leader de Great Lake Swimmers , ce Nervous transforme le coup de cœur en véritable coup de foudre. Le virage artistique est notable : d’une folk indie raffinée et minimaliste, on passe à un rock fiévreux et tourmenté, la sublime voix de Colin faisant la passerelle entre ces trois albums. Évidemment, la comparaison la plus facile et immédiate sera à chercher du côté de leurs acolytes d’Arcade Fire. Comparaison encore plus évidente lorsqu’on sait que Siskiyou a invité sur cet album Colin Stetson au saxophone et Owen Pallett aux cordes.
Siskiyou – Deserter
La force de cet album se trouve probablement dans l’histoire de son écriture et de son enregistrement. Colin Huebert a été atteint d’une malade rare de son oreille interne, causant déséquilibre et crises d’angoisse. Le titre de l’album prend alors une toute autre dimension. Surtout, le groupe a du prendre en compte cette maladie de Colin et enregistrer l’album avec un volume sonore très faible. Une telle contrainte aurait pu pousser les membres de Siskiyou a poursuivre dans la lignée des deux premiers albums. Il n’en fut rien. Nervous regorge de compositions complexes et riches en instrumentations, en arrangement, en changements des rythmes.
Mais cette tension permanente se fait avec finesse et délicatesse. Une puissante fragilité où l’inspiration mélodique se montre constante d’un bout à l’autre de l’album. Même si Nervous n’est sorti que depuis quelques jours, on se dit avec une quasi certitude que Siskiyou marquera de son empreinte l’année 2015.
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