En 2018, il n’est pas – ou peu – de portrait d’artiste ou de chronique d’album sans des expressions du type « mélange des genres » ou « au carrefour des styles et des époques ». Énervant, hein ? Pourtant, avec Ecca Vandal, elles prennent tout leur sens.
Son album éponyme, sorti à l’automne 2017, nous a claqué dans la nuque. Au coup de foudre, on lui préférera le coup de jus. Électrisés. Et il paraît qu’on n’est pas seuls à bord. Le douze titres a tapé dans l’œil de nombreux programmateurs européens à la recherche des pépites de demain : en France, l’Afro Punk Festival à Paris, This Is Not a Love Song à Nimes, Les Escales à Saint-Nazaire ont frôlé l’AVC… Et le reste de la tournée se passe Outre-Manche. Quand on vous annonce ça, votre première question est : Ecca, c’est qui ?
Ecca ne rime pas avec éclectique. Et pourtant : si il y a bien un qualificatif utilisé à toutes les sauces que l’on pourrait insérer pour décrire grossièrement les productions d’Ecca Vandal, c’est celui-là. Née en Afrique du Sud dans les années 1980, elle part avec sa famille s’installer à Melbourne à la fin de l’apartheid. Elle écoute des classiques du jazz, avant de découvrir le punk et le rock de l’époque : Deftones, Fugazi, Queen of The Stone Age… La sélection qui va bien. Et puis, viens l’époque du hip-hop : Nas, 2Pac, et surtout, A Tribe Called Quest. Ajoutez une voix puissante et une bonne dose de dinguerie, vous emballez tout ça, vous laissez mijoter pendant quelques années, et vous vous retrouvez avec un projet déluré. Aujourd’hui, si elle nous disait qu’elle écoute Bad Brains et Kendrick Lamar, ça ne nous étonnerait pas le moins du monde. A part si on ne lui avait pas demandé auquel cas sa remarque aurait pu paraître déplacée.
En plein délire hip-hop avec la chanson « Your Orbit » et sa petite intro à la guitare avant le beat qui rappelle l’âge d’or du hip-hop US, elle vire au punk sur « Broke Days, Party Nights » et gueule son refrain comme les groupes de skateurs californiens des 90s. On pourrait pousser le bouchon jusqu’à des Avril Lavigne ou certains Linkin Park mais on aurait peur d’énerver la plèbe. Bon, on a quand même un penchant pour l’identité punk, avec un indice dans le visuel des pochettes et l’énergie impressionnante qu’elle dégage sur scène. Tout au long de l’album, le style de la chanteuse australienne oscille, avec même des touches d’electro bien placées.
On ne pourrait trop vous conseiller de vous procurer une place pour aller voir ça de vos propres yeux. Paroles militantes (et parfois non), mélodies entêtantes, ni trop punk, ni trop pop… Ecca est dans l’air du temps, comme on dit. Et si on n’a pas réussi à vous convaincre qu’Ecca Vandal est l’une des artistes dont vous parlerez dans vos prochaines mondanités, peut-être qu’une reprise plus que réussie de « Bitch Better Have My Money » de Rihanna saura vous décider.
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