Ou comment les BPM ont du mal à se frayer un chemin jusqu'à Rennes.
Une semaine après la fin des Transmusicales, c’est l’heure des comptes. Les programmateurs flairent les bons coups, les groupes sur-médiatisés croisent les doigts, les tourneurs rédigent leurs mails de relance pour pérenniser les rencontres fortuites à l’espace pro. La techno, elle, attend son tour.
Chaque année, c’est la même. L’amateur d’électro bastonneuse attend frénétiquement de savoir qui fera vibrer le Parc Expo comme un vieux paquebot, à des heures crépusculaires. Et depuis quelques années, la moue gomme l’excitation en clin d’oeil. Il semble loin, le temps où les Trans affichaient clairement leur penchant pour la rave et invitaient Carl Cox (1993, dans le cadre de Rave-ô-Trans).
Aujourd’hui, le hall 9, temple du festival, semble avoir une feuille de mission électronique assez claire. Asseoir le succès de certains producteurs chevronnés (Agoria cette année, Popof, Modeselektor, Boys Noize, Fake Blood les années passées) ou permettre à d’autres, déjà solidement référencés dans la presse spécialisée, de tester leur formule live (Don Rimini cette année).
Fake Blood, Fix Your Accent
Mais on en reste là. Même si les Trans envoient chaque année des dizaines de groupes dans les festivals européens la saison suivante, depuis combien de temps un producteur techno n’a pas mis tout le monde d’accord et lancé sa carrière à Rennes ? Alors oui, les musiques électroniques sont un vaste champ, et on pourra toujours attendre l’éclosion totale de Carbon Airways et de Fukkk Offf (programmés cette année) en 2012. On reste quoiqu’il arrive bien loin des considérations de la techno actuelle… et du raz-de-marée que devraient provoquer les Juveniles et autres Breton, au top de la hype depuis les semaines qui ont précédé le festival.
Et pourtant, sans aller chercher très loin… La France regorge de producteurs/groupes peu programmés dans les festivals qui sortent des sentiers électroniques et proposent leur vision du dancefloor. Marklion, Danger, Remote ou encore doP auraient, par exemple, pu trouver leur place sous les nuages bretons cette année. L’année précédente, on aurait pu imaginer que Gesaffelstein, Commuter ou Rone étaient prêts pour Rennes.
Sans faire preuve d’une imagination débordante ou aller chercher la perle au fin fond de la pampa, les Trans pourraient tout simplement piocher dans le vivier allemand, mais elles ne se sont jamais véritablement ouvertes à cette scène. Pourtant, au-delà des clichés médiatiques sur Berlin, le pays, d’Hambourg à Cologne, pullule de pépites, jeunes ou moins jeunes, qui peinent à atteindre les bons clubs de France (Siriusmo, Zander VT, Âme, Extrawelt…). Les Trans sont le liant entre ces deux mondes. A quand l’ouverture ?
Photo : Carl Cox aux Trans en 1993. © Banjee
Totalement d’accord avec cet article.
Je commence à en avoir marre de me taper aux Trans de l’électro putassière et sans aucune finesse comme cette année avec le live de Don Rimini, particulièrement à chier. Ok y a la Green Room pour passer des trucs plus pointus, mais elle est sacrément blindé, et t’as intérêt de te renseigner pour savoir ce qui passe. Heureusement qu’il y avait Agoria pour faire un set qui a mis tout le monde d’accord.
Ce que je comprends encore moins, c’est que la techno prend énormément d’ampleur depuis 2 ans dans l’hexagone. ll n’y a qu’à regarder la ferveur autour de Kalkbrenner, même si ce n’est que la partie visible par le grand public de l’iceberg qu’est la techno allemande. Sans compter que des DJ français de grande qualité commencent à percer sur la scène (Rone, Gesaffeilstein déjà cités, ou Mondkopf et Danton Eeprom par exemple). Peut-être que les Trans veulent laisser le monopole des découvertes de cette scène à Astropolis et aux Nuits Sonores, mais c’est bien dommage. Et ce qui est encore plus inquiétant, c’est que les Trans ont également réagi en retard sur le dubstep (programmant Magnetic Man, symbole du déclin de la scène, en tête d’affiche en 2010) et je sais pas s’ils ont déjà programmés un seul dj drum’n’bass intéressant.
Il y a clairement 2 scènes , désormais bien distinctes:
Ceux qui font de la Techno et de la House de qualitées, avec une culture héritée de Chicago , Detroit , Berlin, que l’on retrouve dans les soirées comme le festival Time Warp , au Berghain de Berlin , au Rex à Paris…
Avec un public pointu , connaisseur , et a qui on ne fait pas bouffer n’importe quoi.
Et de l’autre coté ceux qui produisent une musique electronique à destination des festivals , parce que ces derniers se sentent obligé de mettre un truc electronique en fin de soirée , mais ne peuvent pas mettre un truc trop pointu pour un public qui n’y connait rien (et qui de toute façon venait pour voir Radiohead ou les Kills…).
J’ai vu le coup venir depuis 5 ou 6 ans (je suis programmateur de festival)…
On a commencé a voir des « artistes electro » dans les catalogues des agences de booking, qui nous proposent des « truc mortel » genre Bloody Beetroot , Yuksek…
En bref , des truc qui n’ont rien a voir avec la techno ou la House.
On est dans une musique facile , d’apparence , qui s’adresse a un public de non initiés…
Faut se faire une raison, dans les grands festivals français , on ne verra jamais un live de Richie Hawtin ou de Carl Craig, ni même un dj set de Ben Clock…
On continuera de se taper des conneries de groupes avec des mec qui font rien d’autre que de la pop ou du rock mais avec des machines…
C’est assez déseperant d’ailleurs , les festivals generalistes français sont capable de programmer du bon rock , parfois du bon hip hop…
Mais quand il faut programmer de la musique electronique de qualitée … y’a plus personne…
Ces mec là feraient bien de s’ouvrir un compte sur resident advisor et de se tenir au courant de ce qui se passe…
Je te trouve quand même dur de généraliser. Je suis entièrement d’accords sur le fait que Yuksek ou les bloody, ce n’est pas de l’électro. Mais, dire que se qu’ils font est du déjà vu … Y’a pas tellement de monde qui connait Yuksek croit moi ( Mis à par le mec qui fait « Ah c’est la pub de Peugeot » ) et ses 2 albums ont une vraie identité.
@Mario
Pour info, Marklion est passé dans la Green Room des Trans l’an dernier…
@Yeu
Je parle ici de la techno, pas de l’électro en général. A part Christine (et encore, remixer Justice n’est pas une démarche tellement innovante) et peut-être un ou deux artistes dans la Green Room, aucun des groupes que tu cites n’appartient selon moi à cette catégorie. Le but de ce papier n’est pas de cloisonner les artistes et de les ranger dans une case, simplement de faire part d’une déception et d’une prise de risque quasi-néante du festival dans ce secteur.
L’exemple de la France et de l’Allemagne était un choix de proximité, on pourrait aussi parler de la scène brésilienne ou russe, of course. Les Trans avaient d’ailleurs programmé Mujuice l’année dernière, ma seule découverte dans ce secteur en trois ans.
Au passage, Jeffs Mills a fait sa première date en France dans une rave « crade » du Nord-Finistère, et ça devait avoir autant de gueule que la « respectée » Route du Rock.
Merci pour les cotons tiges. Indispensables.
Et Todd Terj, Silverio, Christine, Souleance, Zomby, Nguzunguzu ou encore les artistes de la Green Room, C’est de la bouffe pour chat… C’est pas mal pour un festival qui ne fait pas de place à la techno! Personnellement, je trouve même que cet année la prog c’est radicalisé sur des sons moins commerciaux (Fake Blood et A Trak l’année dernière). Agoria ou Don Rimini sont venu aussi et surtout pour divertir le public (il n’y a pas que des pros !!!). Honnêtement, je préfère ça aux dj’s obscures des clubs de la rhur, resté biens souvent sur des beat un peu dépassé (du vu et revu) qui ont plus leur place dans les raves crades de la campagne bretonne!
Sinon, il n’y a pas que les transmusicales, faites 60 km pour la merveilleuse ville de Saint Malo et venez voir la Route du Rock, tout aussi découvreur de talents et tout aussi respecté dans le milieu… D’ailleurs il y avait Gesafelstein cet été!
Bonne continuation!
Et nettoyer vous bien les oreilles!!