La Bise Fraîche, tourneur patient

Batailler à longueur d’année pour caser, au cœur de programmations de salles et de festivals, des artistes émergents. Voilà la mission première de la Bise Fraîche, tourneur et accompagnateur de musiciens qui fêtera mardi 10 janvier ses deux ans à l’International (Paris). Petit coup de projecteur, avec sa fondatrice Maud Cittone, sur une structure et un métier où mieux vaut être au taquet pour tenter d’exister dans une économie morose.

Quelques mots pour présenter La Bise Fraîche ?

Au départ, c’est une structure qui a été créée pour faire du management d’artistes, et qui, petit à petit, au fil des rencontres, est devenue une agence de booking. On se définit avant tout par une esthétique très pop, avec de jeunes artistes très prometteurs. Je suis toujours très fan des projets que je défends. C’est une condition sine qua non pour entrer dans le catalogue.

Les projets phares que vous accompagnez ?

En ce moment, il y a Julien Ribot que je connais depuis un petit moment, qui sort un EP le 23 janvier, Kim Novak (photo) qui vient de sortir son dernier album chez Kütü Folk, les jeunes All Cannibals de Caen, et La Féline qui revient tout juste de San Francisco, Carosel de Dublin.

Quelle évolution avez-vous notée dans le métier de tourneur, ces cinq dernières années ?

En fait, cela fait deux ans que je fais ce métier, je n’ai suivi aucune formation et je ne viens pas du milieu de la musique donc je ne pourrais pas très bien évaluer les changements. Ce que je crois, c’est que la scène est devenue une des sources de revenus pour un groupe qui débute et en même temps, il y a de moins en moins de place – ou d’argent – pour les groupes dit en développement.

Mais je suis toujours sidérée par la quantité de projets de qualité qui arrivent sur le marché du spectacle. Donc la concurrence est rude mais lorsque j’ai commencé, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de place pour ses jeunes projets que je défendais comme Botibol, Crane Angels, etc….

Comment concevez-vous la place et le rôle du manager dans la professionnalisation d’un projet ?

Pour moi, le rôle du manager est essentiel et il permet de faire l’interface entre l’artiste et tous ses partenaires. Il lui permet aussi une meilleure compréhension du milieu. L’artiste est toujours en mouvement et voudrait souvent que les choses aillent aussi vite que lui, mais malheureusement, ce n’est pas toujours possible.

Quels écueils à éviter pour un artiste émergent, aujourd’hui ?

Le principal, selon moi, est l’impatience. C’est un métier qui s’est complexifié et comme je le disais plus haut, il y a nombre d’excellents projets. Il faut savoir se montrer original, authentique, patient et persévérant.

5 mots clés pour bien démarrer une carrière, selon vous ?

Talent, originalité, authenticité, émotion et rythme.

Les artistes que vous aimeriez ramener dans vos filets ?

Black Keys ! Non, plus sérieusement, je suis à l’écoute de tout projet. J’aime être au commencement d’un projet. Je trouve ça passionnant de voir l’évolution sur scène, disque et le regard des professionnels. Donc découvrir la Camille de demain, le François and the Atlas de demain ne me déplairait pas.

Un mot sur votre prochain anniversaire, fêté mardi à L’International ?

On avait envie de marquer le coup car cela fait deux ans que l’activité de l’agence a vraiment débuté. L’International est un lieu que j’aime beaucoup, qui a ouvert lorsque je débutais en management. J’ai donc eu envie de faire ça là-bas. On ouvre les lives avec My Broken Frame puis une ou 2 chansons de Julien Ribot, suivi des Irlandais de Carosel, duo pop, pour finir avec les jeunes caennais d‘All Cannibals, très prometteur. En DJ set, on aura Ritali Disco aux platines (c’est-à-dire Kim et Guillaume Léglise) ! Venez !