La bande-son spéciale « exilé de mon brit band »

Les leaders de groupes pop-rock anglais ont tendance à aller voir ailleurs une fois le succès arrivé. Si certains auraient mieux fait de continuer avec leurs amis d’origine, d’autres présentent de belles alternatives. Que ce soit en solo ou avec un nouveau band, voici un petit échantillon.

Supergrass s’écoutait bien à l’époque où Blur et Oasis se tiraient la bourre pour avoir l’étiquette de meilleur groupe brit pop. Fin mai, le leader de l’ex-trio d’Oxford, Gaz Coombes, revenait avec « Gaz Coombes presents … Here Come the Bombs ». Son premier projet solo présente un album réussi. Une bonne dose d’énergie frugale.

Gaz Coombes presents… – Hot Fruit

Après s’être occupé de son groupe Arctic Monkeys, puis de The Last Shadow Puppets, Alex Turner a entamé son projet solo au printemps 2011. Six titres attendrissants – peu relayés en France – et conçus pour la BO du film anglais Submarine. Comédie dramatique sur un ado de 15 ans qui ne pense qu’à coucher avec une fille et, aussi, réconcilier ses parents.

Alex Turner – Stuck on the Puzzle

Après le jeune talentueux, place au daron. Jason Pierce, créateur et seul membre permanent de Spiritualized, était le co-leader avec Peter Kember du groupe Spacemen 3. Spiritualized ne cesse de surprendre depuis 1990 avec des ambiances psyché rock. Un nouvel et 7^e album, « Sweet heart Sweet light », a vu le jour en avril outre-Manche. Le très violent clip de Hey Jane, le pré-single, est glauque à en dégueuler. On préfère de loin la mélodie et le clip de Little Girl, évoquant la vie moisie d’une adultolescente. A première vue, la motarde est domiciliée en Europe de l’Est.

Spiritualized – Little Girl

Suede, ça vous parle ? Avec du glam rock fortement inspiré de David Bowie, ce quintet londonien fondé en 1989 (et « mort » une première fois en 2003) excelle dans la guerre des chefs, du band qui explose et qui renaît, des querelles d’ego… Brett Anderson et Bernard Butler sont donc d’anciens membres de Suede – recomposé depuis 2010 – qui avaient monté The Tears, entre 2004 et 2006. A de rares exceptions près, comme Co-Star – toujours dans cet esprit à la Bowie -, ça ne sentait pas bon. Preuve est que l’original est souvent préférable à la copie…

The Tears – Co-Star

Arrogant comme pas deux, le leader de The Verve avait dû attendre 1997 pour connaître le succès international. Richard Ashcroft s’est ensuite lancé dans une carrière solo aux accents mielleux insupportables. Cela étant, comme en grammaire, une exception confirme la règle. Et après lecture de cette interview donnée l’an dernier à Parlhot, on découvre un artiste moins superficiel qu’il n’en a l’air.

Richard Ashcroft – Brave New World

Pour finir, le grand sec de Sheffield répondant au nom de Jarvis Cocker a bien fait de quitter Pulp. Même si Common People restera l’un des plus beaux hymnes brit-pop de 1995 et que la reformation du groupe de cette ancienne ville ouvrière s’est opérée l’an dernier, Pulp n’a jamais cassé des briques. Jarvis Cocker en solo, c’est plus de poil et surtout plus de rock. Angela (2009) fait partie de ses singles à réécouter en boucle jusqu’à écœurement. Une fois à satiété, vous vous pencherez sur son featuring avec Discodéine.

Jarvis Cocker – Angela