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Kompromat : « Le rock en espagnol, c’est moins percutant »

L’annonce de la formation de ce duo, fin 2018, nous avait fait frémir. D’un côté, Vitalic, l’un des producteurs techno les plus fins de l’Hexagone, de l’autre, Julia Lanoë, une artiste qui n’en finit plus de casser la gueule à toutes les idées faciles pour briller dans tout ce qu’elle entreprend (Mansfield Tya, Sexy Sushi…). Au moment où Kompromat s’apprête à squatter les festivals, et notamment Scopitone le 20 septembre, petite interview décomplexée pour causer fitness, restos asiatiques et bouddha.

On vous avait laissés avec un featuring « La Mort sur le Dancefloor » en 2012, quels souvenirs gardez-vous de cette collab sur « Rave Age », le disque de Pascal ?

Rebeka : Mais un excellent souvenir pardi ! A partir de 2012 nous nous sommes vu occasionnellement sur des dates ou au club de fitness. Nous sommes tous les deux obsédés par notre corps.

Pascal : On a joué le morceau ensemble au Zénith de Paris à deux reprises et ça a mis le public en panique. Entre temps nous nous sommes aussi vus dans des restaurants asiatiques, avant d’aller au sport justement.

Place à Kompromat, comment est née cette idée ? Elle infusait depuis longtemps ?

Rebeka : en 2018, Pascal m’a dit qu’il voulait faire un projet « rock’n’roll ». Il voulait que ça s’appelle Kompromat. Dieu seul sait pourquoi.

Pascal : Julia ne voit pas en quoi le projet est rock. Mais moi je n’entends que ça. En tout cas c’est pas de la micro house ni du zouk.

Vitalic : « Julia est mystique et profonde. »

Vous avez tout de suite décider d’ancrer Kompromat dans un registre post punk-glam-techno ?

Rebeka : Bien sûr que non. Nous sommes encore persuadés de faire du « rock’n’roll ».

Pascal : 60 % de rock. 30 % de new wave et 30 % de disco. Ça fait 120% de musique. C’est ça Kompromat.

Julia, on ne te savait pas si à l’aise avec la langue de Goethe. C’était une envie de longue date de chanter en Allemand ?

Rebeka : C’est un coup du destin. Je n’arrivais plus à chanter en Français pour des raisons de sécurité. Je me suis mise à chanter en Allemand et nous avons adhéré à l’ambiance tout de suite.

Pascal : le rock en espagnol c’est moins percutant je trouve.

Kompromat-DR

Pouvez-nous nous éclairer un peu sur le sens de la métaphore du texte de Niemand, si toutefois il y en a une ?

Rebeka : Bien sûr qu’il y en à une, vous me prenez pour un pigeon ? Voici la traduction :

Je suis une montagne gigantesque
Je suis une pierre
Je suis une pierre sous une pierre, sous une pierre.
Je bouge si lentement que je semble immobile.
Les rivières et les torrents sont mes larmes,
Les volcans et la lave mes rages,
Les tremblements de terre mes peurs.
Personne n’entend quand je crie.

Il y a que depuis un moment je me prends pour un bodhisattva. Un sage bouddhiste ayant franchi tous les degrés de la perfection sauf le dernier qui fera de lui un bouddha. Et il me semble que je peux parvenir au dernier degré de mon processus en écrivant sur « l’essence de toute chose », en Allemand.

Pascal : moi j’interviens sur le thème des chansons mais les paroles c’est le rayon de Julia. Elle est mystique et profonde.

Vous êtes tous les deux nés au moment où Einstürzende Neubaten a commencé sa carrière à Berlin, que représente ce groupe pour vous ?

Rebeka : c’est une référence très importante pour moi. Autant dans Kompromat que dans  Mansfield.TYA.  Carla Pallone, la violoniste de mon autre projet, est une très grande admiratrice de Neubaten aussi.

Pascal : c’est moins une référence pour moi. Julia s’en inspire pour les mélodies sombres pendant que moi j’amène une dimension rythmique plus inspirée par Crash Course in Science.

Êtes vous un peu nostalgiques de cette époque ?

Rebeka : Absolument pas.

Pascal : J’aimerais bien faire un saut dans le temps pour rester quelques jours fin 70s à Berlin, Paris et New York, juste par curiosité. Mais je ne suis pas nostalgique. En plus ils vivaient sans téléphones portables. Impossible de faire des photos de pieds à la plage sur Insta. Insupportable.

Si vous aviez créé un groupe en pleine Guerre froide, aurait-il ressemblé à ça ?

Rebeka : le box office en 1945, c’était Edith Piaf, Sidney Bechet et Charles Trenet, donc non ça n’aurait pas ressemblé à ça.

Pascal : Julia, la Guerre Froide a pris fin en 89 donc Edith Piaf c’était déjà un peu vintage sur la fin… Peut-être qu’on aurait fait du hard rock ?

Quelques mots sur Traum und Existenz, votre album sorti en avril ?

Rebeka : J’en suis très fière de ce projet, il contient l’Univers entier.

Pascal : pareil. Je suis vraiment fier de ce disque. Il a du sens pour nous.

Photos : Toma Anirae, Erwan Fichou et Théo Mercier

Kompromat sera l’une des têtes d’affiche de Scopitone, du 12 au 22 septembre, aux côtés d’Anetha, Oktober Lieber, Le Camion Bazar, Etienne de Crécy, Chloé… Plus d’infos ici.

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