Un jeune homme mystérieux, qui parle autant à nos jambes qu'à notre tête.
Entre les anglais de Wu Lyf dont l’identité a mis du temps avant d’être dévoilée, et les Is Tropical jouant la totalité de leur show masqués, on pensait que 2011 allait nous suffire au niveau des opérations communication de formations mystérieuses. Mais c’était sans compter sur l’arrivée discrète et un brin anticipée de Kindness, alias Adam Bainbridge. Car même si son nom ne dit pas grand chose à tout le monde aujourd’hui, l’avenir populaire du projet est bien en train de se tracer pour son initiateur.
Originaire de Londres, et maintenant exilé à Berlin, Adam Bainbridge n’en est pas à sa première tribulation : l’affaire Kindness remonte plus précisément à 2007, au cœur de Philadelphie. L’intéressé part s’enfermer pendant un mois dans un studio d’enregistrement appartenant à la faculté de la ville, et y livre en compagnie de son ami Kurt Vile (encore inconnu à l’époque) Live In Philly, sorte d’album ovni que l’on pourrait plutôt qualifier de non-album : on y découvre une heure de bidouillages sonores, à base d’enregistrements presque tous ralentis ou modifiés, le tout avec presque aucun instrument clairement identifiable. Le disque, s’arrêtant au statut de projet, ne verra jamais le jour de façon physique. S’en suivront alors 2 années de silence artistique total, jusqu’à la véritable première exposition médiatique de Kindness : le jeune Londonien, repéré par le label Moshi Moshi, publie en 2009 son premier 45 Tours Swinging ‘ London qui amorce bien les futurs singles de 2011/2012. Disco,mais pas trop.
Car la musique de Adam Bainbridge captive en cela qu’elle est très difficilement identifiable : sorte de mélange de disco,de pop et de chillwave, Kindness est le remède aux codes rigoureux de chaque genre. La rythmique bouge, tandis que la mélodie est mélancolique, la basse groove alors que le chant est lancinant. Et Cyan, premier single du futur album prévu pour début 2012 (Zdar à la production ), représente bien cette conception musicale hétéroclite, et ce de telle manière qu’on arrive difficilement à savoir si le jeune homme veut parler à nos jambes ou à notre tête : alors que le morceau est marqué par une basse plus ronde tu meurs et une batterie inébranlable, la voix de Bainbridge noyée dans les réverbération, ainsi que les accords sereins des claviers redonnent une portée pop mélodique à l’ensemble.
Mais à l’heure d’aujourd’hui le cas Kindness reste un mystère : deux maigres photo de l’artiste,un communiqué de presse de 3 lignes (une citation personnelle), et une présence négative sur les réseaux sociaux (pas de Facebook, point de Twitter) pour faire bref, le Londonien cultive le mystère. Préférant créer la surprise plutôt que l’attente, il parie plus sur la protection de son travail par rapport à la médiatisation et l’exposition brute. On assiste donc à un jeu du chat et de la souris entre le musicien et les journalistes, qui suivent comme ils peuvent le travail de Bainbridge, mois après mois. Ainsi, à l’heure d’aujourd’hui, le mystère sur le prochain album de Kindness reste donc entier, mais on ne pourra que noter qu’à trop se cacher, on peut vite finir par disparaître…
Par Brice
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