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Jouer chez Drucker fait-il forcément de vous un vendu ?

Faire de la qualité de façon intimiste, voire élitiste, en restant fidèle à ses idéaux. Ou faire de la qualité mais aller la chanter dans des émissions mainstream où l'art de masse jetable se suit comme des colombins dans un tout-à-l'égout. Tel est le dilemme auquel sont confrontés les artistes en pleine ascension. Abd Al Malik en sait quelque chose.

Faire de la qualité de façon intimiste, voire élitiste, en restant fidèle à ses idéaux. Ou faire de la qualité mais aller la chanter dans des émissions mainstream où l’art de masse jetable se suit comme des colombins dans un tout-à-l’égout. Tel est le dilemme auquel sont confrontés les artistes en pleine ascension. Abd Al Malik en sait quelque chose.

 

Dans un entretien accordé à Paris-Match en 2009, Bénabar assumait totalement son statut de chanteur populaire de variétés. Allant même jusqu’à annoncer que c’était un rêve devenu réalité. « Certains rêvent d’avoir la couverture de Télérama, moi j’ai eu ma ­spéciale chez Michel Drucker… Cela résume pas mal de choses. A mes ­débuts, j’aurais adoré avoir une bonne critique de mon disque dans Les ­Inrockuptibles, maintenant, je m’en fous sincèrement ». Une déclaration qui a le mérite d’être claire.

Sourdoreille, comme beaucoup de sites musicaux, n’est évidemment pas adepte des choix de Michel Drucker. Mais il faut reconnaître que notre approche est très franco-française. « Si tu deviens un chanteur populaire, c’est forcément de la merde », rappelle trop le discours d’adolescents en manque d’identité. Brel, Brassens, Barbara, Ferrat, Ferré – pour ne citer qu’eux – passaient régulièrement à la télé. Ils n’en demeurent pas moins des artistes références cités par des groupes qui crachent aujourd’hui sur le petit écran.

Le but de cet article vise à savoir où commence la frontière. Jouer son titre chez Taddeï revêt un côté glamour. Mais pour être honnête, une fois sur trois, c’est moisi. Puis, se rendre sur ce plateau dégage à plein nez le parisianisme snobinard. Pour autant, Drucker fait peur à voir. J’ai d’ailleurs eu du mal à avaler mon dîner fait à la va-vite samedi soir. Vous savez ces soirées où retenu au boulot, vous vous retrouvez seul…

Nez à nez face à ma TV, je découvre Abd Al Malik dans la nouvelle version de Champs Elysées. Le Strasbourgeois se met carrément à tutoyer Michel, expliquant qu’ils se connaissent. Là, je ne comprends pas l’intérêt pour un mec qui vend bien, dont la médiatisation est forte, de venir chanter dans une émission avilissante. « On te retrouvera bientôt avec ta compagne dans Vivement dimanche », nous apprend alors le dinosaure du PAF… Non, je le répète, je comprends pas le choix de ce slammeur de talent de se produire dans des émissions sans relief.

Il n’y a pas que les artistes jouant la carte pseudo-underground qui sont touchés par le dilemme d’aller ou non sur le canapé rouge. Récemment, le chef de file de la CGT avait dû se justifier d’accepter l’invitation d’un Drucker qui n’a jamais porté les rouges dans son cœur. Besancenot s’était défendu en 2008 lors de son passage. «Je ne me suis pas engagé en politique avec l’espoir un jour que je passe à la télé pour parler de moi, s’était justifié le gendre idéal du NPA. Mais si j’ai accepté d’être porte-parole d’une organisation, d’assumer une représentation médiatique et donc de passer à la télévision, c’est pour y aller défendre des causes». Venir défendre le prolétariat devant un représentant du grand capital : Besancenot n’est pas à une contradiction près.

Riké en sait quelque chose. Le leader de Sinsemilia a monté sa boîte de production, qui avait sorti en 2006 « Pas vus à la télé », une compile réunissant 70 groupes de la scène française afin de promouvoir les artistes qu’on ne voit jamais dans la boîte à images. Ses fans s’étaient bien foutus de sa gueule après son passage un dimanche après-midi chez Drucker. Sinsemilia a préféré l’auto-dérision en musique pour se justifier. Un petit extrait parle de lui-même : « Et j’te parle pas de ma boulangère / Qui me pourrissait par derrière / Aujourd’hui pète les plombs, fait des locks à son cocker / Et me demande chaque jour des nouvelles de Michel Drucker / Ca soule mais y’a pire comme plan poisse ».

Sinsemilia sait utiliser sa notoriété à bon escient aussi. Souvenez-vous de ce dérapage volontaire au JT de 13 heures. Tout le bonheur du monde qui est stoppé au profit de Chiraquie, alors que Chirac est encore Président. Jolie provocation réussie à une heure où la ménagère de moins de 50 ans attend impatiemment son feuilleton.

 

 

Après tout, qui est-on pour juger qui doit aller ou non dans telle émission ? La liberté ne se discute pas. D’ailleurs, des artistes de la trempe de Mano Solo, Thomas Fersen, M ou Higelin sont eux aussi allés chanter dans Vivement dimanche. Souvent à la demande de leur ami reçu sur le canapé rouge. Mais nous, de loin, on préfère lorsque Dominique A donne ses deux mots à une belle chanson à retrouver sur l’album « La Fossette ».

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