Un disque qui frôle le sans faute, mais qui convoque Zaz...
« Saison 4 » est le 4e album de Jamait, plus mélancolique que les précédents. Déjà trois fois disque d’or, le Dijonnais à la voix rocailleuse féru de bistrots n’a toutefois pas arrêté de narrer avec jovialité la vie dans ce qu’elle a de plus brut. Sorti dans les bacs lundi.
Donnant souvent l’impression de chanter au point de rupture, Yves Jamait a commencé dans le BTP ou en cuisine. Le Bourguignon répète à l’envi qu’il est tombé dans le show-biz par hasard. Y en a qui (2005) vaut tous les cours sur la lutte des classes. Et parlait avant l’heure du bouclier fiscal.
Sourdoreille qui félicite Patrick Sébastien ? Personne n’aurait mis une pièce dessus. Et pourtant, comme pour Dupontel, le Briviste a lancé ce Dijonnais qui avait formé son premier trio De verre en vers et sorti son premier album éponyme dans l’anonymat, en 2001. Sans le soutien de l’animateur, le premier album du trio réédité deux ans plus tard (intitulé désormais « Jamait ») n’aurait pas vu le jour.
Il y a deux ans, sa manière de chanter le calvaire d’une femme battue – sans tomber dans le pathos – démontrait que ce parolier et homme de scène arrivé sur le tard allait être difficile à déloger. Comme les comparaisons permettent de se faire une idée plus promptement, il y a chez Yves Jamait du Loïc Lantoine. D’autant plus que « Saison 4 » sonne plus sombre, plus nostalgique et plus rock que le précédent.
Pour faire simple : les trois-quarts des treize nouveaux titres font honneur à ce conteur sans pareil pour les métaphores amoureuses et le quotidien populaire. Pauv’ Pom, qui ouvre l’album, donne le ton. Le temps qui passe s’illustre avec humour autour de cette crainte dont tout le monde connait la fin inéluctable.
La Cinquantaine appuie cette idée de la fuite du temps. L’écorché vif a au moins le mérite d’avoir voulu évoluer. Une prise de risques qui implique forcément des déceptions. Gare au Train, Je t’oublie, Même sans Toi, Rien de Vous regorgent de notes trop mielleuses qui n’arrivent pas à passer. Allez savoir pourquoi, lorsque l’homme au béret tente le duo avec une fillette pour conclure « Saison 4 », ça passe. Une chanson qui n’est pas sans rappeler le Renaud de la belle époque. C’est au moment où il braille les femmes, leur beauté, leur fougue, que l’auditoire retrouve le Jamait gouailleur. C’est beau les Filles ou trois minutes qui sentent bon le printemps.
Jamait – C’est beau les filles
Dommage que le bonhomme ait choisi l’insupportable Zaz pour La radio qui Chante. Musicalement entraînant, ce dialogue dépeignant la relation d’un couple où l’amour ne tient qu’à un fil aurait pu être tubesque. Mais dès le début, elle miaule et donne des boutons avec ses vocalises, la vendeuse de bonheur. Heureusement, le sourire redevient de circonstance lorsque le guitariste ironise une séparation dans un registre reggae. « Puisqu’il faut que l’un de nous deux rompe / Si tu me laisses tomber / Si tu me laisses tomber, j’me casse »… Courageux !
La Dernière au Bar parle « des amours larvées dans des flacons d’alcool ». Sachant que le café va fermer pour la dernière fois, Jamait chante tantôt vite tantôt lentement le bilan de ce lieu de vie. Ce titre, qui navigue entre nostalgie et festivité, résume bien cet album. Accordéon, violon et batterie courant après le temps qui passe donnent envie de s’en jeter un. Son public parisien aura l’occasion de voir ce que vaut cette nouvelle composition lundi et mardi prochains, puis les 17 et 18 octobre aux Trois Baudets.
moi de toute façon je suis une inconditionelle de Yves Jamait alors je n’ai que des compliments à faire ….