Carrières similaires, subtilité, humilité, altruisme, sous-côte et calvitie, le producteur hambourgeois de minimal house Isolée et le milieu offensif barcelonais Iniesta se confondent sans se connaître. Voici pourquoi. Isolée sera en concert à Petit Bain pour notre sauterie le 15/09.
Des carrières étonnamment similaires (ou presque)
Lorsqu’Andrés Iniesta quitte ses parents et rejoint, non sans pleurs, le playground du centre de formation du FC Barcelone en 1996, Isolée s’apprête à lancer son premier disque System sur le label Playhouse. Fait rare, les deux joueurs resteront fidèles à leurs villes d’origine situées dans les sanctuaires de leur domaine, Barcelone et l’Espagne pour le football, Hambourg et l’Allemagne pour la house. Les formateurs et amis noteront la même passion, une intensité de tout instant, du rond central au dj booth. De plus, tout au long de ces 20 ans d’activité, les grands de leur monde ne cesseront de leur rendre hommage, de DJ Kôze à Messi.
Entre altruisme et humilité
Lors des sets d’Isolée, la quasi-exclusivité des morceaux joués provient d’autres producteurs. Le musicien tient à rappeler que les musiques électroniques sont avant tout un bouleversement du spectacle vivant starifié. Comment alors ne pas songer aux innombrables passes décisives d’Iniesta, qui préférera toujours le collectif au triplé. On a en face de nous des génies sous-côtés au service de la cause, du mouvement et du style.
La discrétion, ennemie de la légende
Si on ne connaîtra jamais avec certitude les origines du surnom que s’est trouvé Rajko Müller pour produire et jouer de la musique, dans les hautes sphères 2.0 du journalisme musical ô combien essentiel à la survie des baleines, les suppositions vont bon train. Isolée. De mémoire sobre, le producteur s’est toujours démarqué par sa discrétion. Paradoxal à une époque où il faut montrer sa belle gueule pour survivre médiatiquement : Christiano Ronaldo – Ben Klock, même combat. De son côté, Iniesta aka « l’enfant lune » ne peut que comprendre. Le milieu de terrain offensif s’est tapé les caprices des pires lascars du milieu, de Messi à Neymar, en passant par Ronaldinho et Eto’o, et on en passe, sans jamais mettre son egotrip en joue.
La subtilité de ses coups d’éclat
Isolée – Beau Mot Plage
Le style, justement, ils connaissent. Certes, nos deux grands timides sont comparables à des personnes-éponges, celles qui sont capables d’endosser les malheurs, écouter et rassurer les autres. Ils n’en ont pourtant pas oublié de briller, avec subtilité. Entre le but d’Iniesta en finale de Coupe du Monde 2010 pour la victoire de l’Espagne contre les Pays-Bas 1-0, son but d’anthologie en Ligue des Champions contre Chelsea à la 90ème minute, le tubissime « Beau Mot Plage », hymne de minimal house d’Isolée, ou encore « Allowance », son sommet de romantisme electronica, nos babtous pâlots ont pris des couleurs.
La calvitie, cadeau empoisonné de Darwin
Eh oui, depuis que l’Homme n’a plus besoin de se protéger de la neige (cf bonnet péruvien), ni de la pluie (cf umbrella), ni du soleil (cf bob treillis) de façon naturelle et physiologique, les cheveux s’en sont allés de droit de la même façon que l’agilité de nos orteils. Chez nos joueurs chauvins, chacun sa façon de lutter contre le terrible méfait de l’évolution. Quand Isolée ne peut faire autre chose que de jucher une casquette sur le haut de son crâne en perdition, Iniesta assume, persiste et signe, même si le soupçonne sérieusement de micro-implants pour que l’épidémie ne se répande pas. Ici encore, on ne pourra que remarquer avec effroi la différence abyssale de moyens entre les milieux du sport et de la musique.
Par chance, Isolée jouera son prochain match, ce vendredi 15/09 à Petit Bain (Paris) aux côtés de Saycet, Quentin Schneider et Malmö. Venez donc.
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