1H15 du matin, juste après avoir fricoté avec la foule du festival Panoramas, Jérémy, alias Møme, rentre dans la loge d’interview, encore un peu troublé par le spectacle que lui a offert le public de Morlaix. Rencontre.
J’avais déjà pu te voir aux Rencontres Trans Musicales en décembre dernier, c’était la première date de la tournée de ton album « Panoramas », quel souvenir en gardes-tu ?
Déjà je stressais à mort car c’était vraiment la première, et aussi j’avais toutes les appréhensions concernant le public, des problèmes techniques qui peuvent intervenir, car c’est la première fois, même si j’avais fait des résidences avant. C’est expérience live, tu vois. En plus il était 4H30 du matin et il faut taper, car tu sais que les gens sont là sans être là, après j’en ai un super souvenir. C’était physiquement dur, mais après c’est passé crème.
Tu as retravaillé comment ton live depuis justement ?
En terme de sons, je me suis rendu compte que certains trucs marchaient moins bien, j’en ai enlevé certains, j’en ai rajouté d’autres. J’ai fait des arrangements totalement différents depuis. En terme de visus, on cherche à rendre le show de plus en plus dynamique. Même si la confiance prend tout de même, j’ai du faire une vingtaine de shows depuis les Trans, donc c’est un peu facile.
Je trouve qu’il y a une vraie volonté visuelle dans ta musique que tu retransmets à travers tes lives et tes clips…
Je suis conscient de pas être un gros performer, un grand guitariste, un grand chanteur, un grand pianiste, je m’en fous en fait. Le but c’est de montrer un univers en premier et on le fait à travers une scénographie, des visuels, de l’album par exemple, avec le bonhomme qu’il y a au début du show, qui apparaît assez souvent dedans. C’est l’artwork de mon album, c’est un album qui est 100% australien, que je voulais transmettre.
C’est quoi tes influences visuelles ?
Actuellement, je suis en train de me rechercher beaucoup. Pour le moment, c’est un peu « homemade », tous les visuels, l’artwork de mon album, par exemple, je l’ai créé et je ne suis pas pro. Mon but c’est de créer quelque chose d’authentique, qui me représente vraiment à fond. Par exemple j’adore les formes, ce qui est un peu abstrait, les belles couleurs, mais élémentaires, pas ce qui est digital, des formes synthétiques. Là l’idée, c’est des fois créer des formes, mais avec des textures naturelles, sur scène. C’est pas toujours évident.
« Pour moi, il y a vraiment une relation importante entre l’histoire et la musique, le projet Møme, c’est pas juste de la musique. »
Est-ce dans ton enfance, ton adolescence, ou même maintenant, tu étais fan de récits de voyage, que ça soit visuellement ou de façon narrative ?
A fond, à fond, et encore aujourd’hui. D’ailleurs actuellement, je lis un livre qui s’appelle « Le tour du monde en stop ». C’est un mec qui s’est donné le défi de faire le tour du monde, pendant 5 ans, en faisant que du stop. Voiture-stop, bateau-stop, avion-stop et je trouve ça un peu ouf. Et c’est ce que j’ai un peu fait en Australie. J’ai économisé pendant pas mal d’années pour aller en Australie, payer un billet d’avion, prendre un van là-bas. J’ai acheté un van, j’ai mis mon home-studio dedans, j’ai créé l’album Panoramas dedans. Tout ça, ça a été un peu scénarisé par mon label qui m’a rejoint six mois après dans mon expérience et qui a filmé pendant un mois. Les gens ne savent pas certaines choses, comme le fait que 9 chanteurs sur 10 sur mes prods sont Australiens.
Tu gardes ta guitare sur scène aussi….
Moi, je ne tiens pas en place et pire, je complexe si je reste derrière ma console. J’avais d’autres groupes avant, et j’ai ce besoin de bouger, d’aller vers les gens, tu gueules. J’ai essayé donc de trouver un entre-deux, notamment avec le visuel, mais faut pas que je perde cette spontanéité. Et je pense que pourrais pas être un mec qui reste bloqué derrière ses platines et ses machines. Ça, je le fais en studio, et je kiffe le faire. Mais en live, t’es clairement pas là pour ça et j’aime pas voir ça non plus. Y a des artistes que j’adore, c’est un très beau show, mais si il y a pas ce côté live, j’évite. Je vais beaucoup voir dans les festivals, aussi pour m’inspirer. Il y a peu, j’ai vu Madeon, je me suis pris une claque, car y avait ces deux trucs, le côté artistique et l’énergie des mecs. Et j’ai envie de tendre vers ce style là. C’est un peu ce que j’ai envie de faire, mais y a du chemin encore. (rires)
Crédits photos : Alexandre Brisa
C’est à Garlan pas a Morlaix