10 jours pour faire vivre les villes de l'Est à l'heure des nouvelles tendances musicales. Voilà le défi de GéNéRiQ...
Dix jours pour faire vivre les villes de l’Est à l’heure des nouvelles tendances musicales. Voilà le défi de GéNéRiQ. Pour sa troisième édition, le festival venu du froid déroule sa prog’ audacieuse et passionnante dans huit villes et une multitude de lieux (salles, apparts, bibliothèques, clubs, bureaux…). Rencontre avec Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes et heureux co-organisateur de la manifestation avec la Vapeur de Dijon, le Cylindre de Besançon, la Poudrière de Belfort et le Noumatrouff de Mulhouse. Une interview réalisée par nos confrères et partenaires FM-R.
Déjà le troisième rencard pour GéNéRiQ… C’est le moment d’emballer, non ?
Je le dis par provocation, mais je crois qu’on s’en fout un peu en fait. On est dans un contexte où quand tu es organisateur d’un grand événement, tu es entouré de gens qui serrent les fesses pour trouver LA tête d’affiche. L’idée de GéNéRiQ, c’est justement de se dire dès le départ qu’il y a pas de tête d’affiche et que de toute façon, ça perd de l’argent. Ce qui compte, c’est donc que ça nous emballe nous. L’indice de satisfaction de GéNéRiQ, ça pourrait être le nombre de personnes qui ont voulu participer à l’aventure cette année. Ils ont été très nombreux. Ça montre que ça a l’air de marcher.
L’an dernier, certains avaient trouvé qu’il y avait presque trop de propositions musicales…
Ouais, c’est ce qu’on a essayé de corriger. C’est vrai qu’en 2008, c’était assez difficile par exemple dans une ville comme Belfort de choisir entre payer 15 euros pour aller voir un groupe que tu connais pas le mardi et 15 euros pour un groupe que tu connais pas le mercredi ou le jeudi. Donc, on a tout regroupé ce qui se joue en salle sur le week-end pour mettre en vente des pass. Du coup, quand t’es un kid, tous les groupes que tu connais pas tu peux les voir pour 25 euros. Et toutes les formules plus particulières comme les concerts en apparts c’est gratuit et plutôt en semaine.
Vous avez aussi mis en place une nouvelle coordination entre les salles ?
Disons qu’on a essayé de faire les adultes. On a donc monté une association qui s’appelle « GéNéRiQ Rhin Rhône » et qui prend en charge toute la communication. Ça permet de répartir la communication équitablement entre tous via un pot commun. C’est le symbole concret de notre aventure. Après parfois ça chauffe quand même, parce qu’on est nombreux autour de la table, mais c’est assez sain en fait.
L’une des spécificités de GéNéRiQ, c’est notamment d’organiser des concerts dans des lieux originaux. Est-ce qu’il y a pas un risque de surenchère ? De devenir trop déroutant ?
Oui. Ce festival, il est en évolution, il est en test permanent. A la différence de formules plus classiques comme les Eurockéennes, on est dans l’exploration, on sait pas si chaque concert va réussir. En fait, chacun va développer sa propre énergie pour son concert comme par exemple le gars du château de Belfort qui va mêler une visite de son monument à un set de Jim Jones Revue. Mais explorer la ville, ça reste assez jouissif et presque un devoir. Si organiser un concert ça veut dire qu’il faut forcément que les mecs se garent sur le parking, payent à la caisse et rentrent dans une boîte sans faire de bruit alors c’est dommage de faire ce boulot.
C’est la même logique avec les spectacles « pour les enfants ? »
C’est différent. Ces concerts allient deux idées. D’abord de savoir comment le jeune public peut arriver aux musiques actuelles. Puis de se dire comment des mecs connus peuvent venir dans un festival de groupes inconnus. Du coup, le brief il est très simple. On téléphone aux Wampas, on leur dit : « voilà, vous allez jouer devant un public où la moitié des gens ont moins de 12 ans ». C’est tout. Et nous, on met en place une politique tarifaire et des horaires qui permettent aux parents de venir avec leurs enfants. C’est pas un spectacle fabriqué pour les enfants, juste l’idée que ça peut être branchant pour les gosses de voir les Wampas en live.
Tiens, puisqu’on parle de groupes, t’as des coups de cœur dans cette prog’ au fait ?
Déjà The Walken, dont je suis vraiment archi-fan. Y a aussi Thecocknbullkid que j’ai vraiment hâte de voir et puis une petite fierté, celle d’imaginer The Horse Feathers à Belfort. Ça, c’est un peu le trio magique. Mais y en a beaucoup d’autres. A GéNéRiQ, ce qui est cool pour les groupes, c’est de jouer dans des petits lieux. Ça permet aussi d’avoir un côté famille et donc moins de pression que quand tu passes aux Transmusicales. Au final, ça donne plutôt des bons concerts.
Pour finir, est-ce qu’on peut dire que les groupes de GéNéRiQ, c’est un peu comme les médicaments : ça n’a pas le même nom que les grands groupes mais ça a au moins le même effet ?
C’est exactement ça. A part si t’es lecteur de fm-r donc très aguerri et que tu connais déjà tout. L’autre jour, je discutais avec un pote. Il prend le programme et il me dit « Je connais pas un nom ». Je lui ai dit que c’était pas grave parce que ces groupes-là, ils sont au moins aussi bons que ceux que tu aimes. Notre idée, c’est que The Horse Feathers, The Walkmen et tous les autres, on arrive à les diffuser dans notre petit mouchoir de poche. Comme ça, ce goût GéNéRiQ, il pourrait devenir une sorte de marque de fabrique. Après on se méfie aussi de la hype, on signe un artiste que s’il est intéressant.
Article : BRDR
Crédit photo : copyright Marianne Maric
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