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Yeah!Crew : la Champagne joue à 1, 2 , 3 : STONER.

Boue marécageuse (sludge). Destin maudit (doom). Rock du désert (desert rock). À en croire Google Trad je m’embarque dans une aventure musicale pas très paillettes. Tandis que je m’installe dans un TER Fluo à Paris Gare de l’Est j’hésite: « suis-je vraiment prêt à pogoter avec Belzébuth ? D’humeur à sonder les portes de ma perception ? » Trop tard. Coup de sifflet. Alerte sonore. Le train part. Tel un serpent mécanique, il file en moins de 2h plein Est le long des méandres de la Marne et s’enfonce dans la nuit.

La scène Rock Stoner bouillonne. Avec ses voix rauques, guitares saturées et ses visuels hallucinés, le genre vit caché des diktats d’une industrie musicale très calibrée. Voilà vaguement 3 décennies que la famille Stoner, modeste mais plurielle, se décline à travers de nombreux sous-genres plus ou moins cousins, père ou fils allant du blues au métal. Objectif : décoller les cervicales de sa fidèle communauté à la seule force d’un plectre et de quelques coups de pédales. Des fosses de concerts aux bacs des disquaires, son public fait quant à lui preuve d’un soutien indéfectible et vital. Des artistes accessibles, un public soudé, la sphère d’irréductibles gratteux dénote à l’heure du tout machine et du stream. L’Hexagone n’est bien sûr pas en reste, mais qui pour le fédérer ? Une asso créée l’été dernier par 3 fondus de rock tente le coup. Elle lançait fin octobre la première soirée d’une série d’évènements consacrés au Stoner dans tous ses états. J’étais là.

Quelques minutes de marche après mon arrivée à Châlons-En-Champagne, je pénètre dans un petit hangar fièrement reconvertit en salle de spectacle. L’association Yeah!Crew propose un plateau excitant avec pas moins de 3 concerts au prix d’un cocktail parisien… Faussement détendus, Fred, Damien, Xavier et toute l’équipe peaufinent les derniers ajustements. Ce soir n’est pas coutume, ils désertent le front row pour jouer les maestros en coulisse.

Yeah!Crew : C’est un autre monde  ! Et ça prend un peu plus de temps aussi … mais franchement c’est le pied. Pour avoir participé à pas mal de concerts et de festivals, on voit ce qui peut plaire ou déplaire. Sinon il faut savoir apprendre de ses erreurs. On espère faire prendre la mayonnaise et pérenniser l’association pour pouvoir inviter plusieurs fois par an des artistes à se produire chez nous.

Je n’ai pas vu le premier épisode qu’on m’annonce déjà la saison 2. Spoiler. La bande de passionné.e.s aux manettes de la soirée vise loin. De quoi combler un trou dans la raquette.

Yeah!Crew : Pour être franc il se passe plein de trucs par chez nous. Au Salmanazar d’Epernay, la Comédie de Reims, la Comète de Châlons, les Furies, la Cartonnerie, Les Moissons Rock… Ça va du Jazz au Classique, de l’Eléctro au Reggae mais sans vraiment passer par le Rock sinon un peu de Metal à la Carto ou grâce aux assos (coucou Lez Arts Aki). Il faut souvent aller à Paris et plus loin pour voir nos groupes préférés. On espère bien équilibrer tout ça.

Une partie du Crew a un peu de bouteille dans le domaine. Le coup de fouet cette année vient cependant du «  Stoner Freaks Anthology  », une encyclopédie du Stoner Rock mise au monde par 2 des fondateurs.

Yeah!Crew : On a travaillé plusieurs années sur ce projet un peu fou. L’ouvrage regroupe plus de 3000 groupes et 250 interviews exclusives. Nous avons contacté beaucoup de groupes petits et grands dans cette aventure, et avons eu de très bons retours. Nous avons noué de bons contacts et les acteurs de cette scène connaissent maintenant notre engouement et notre passion pour le genre.

LA BIBLE

Tu m’étonnes. Leur brique de 750 pages pèse 3Kg et s’est vendue dans plus de 40 pays. Disponible aux éditions des flammes noires, le pavé fait son petit trou dans le milieu. La bible co-financée par la communauté est une pierre fondatrice de la soirée. Chroniqué puis programmé, le line-up de ce soir est le fruit de ces rencontres. De quoi rendre leurs lettres de noblesse aux réseaux sociaux.

Après nos échanges pour le livre, Xavier et Damien sont venus nous rencontrer après une date au Trabendo à Paris. C’est une belle épopée dans laquelle ils se sont lancés, y’a moyen que ça perdure un bon moment. M’explique Clément le bassiste des Witchfinder, tête d’affiche clermontoise de la soirée.

Un montage tarantinesque vidéoprojeté accroche ma rétine. Les 3 diablotins de High on Wheels déroulent l’intégralité de leur nouvel EP en exclusivité. Leur énergie est virale. La soirée se lance à pleine balle. Autour de moi les clichés ont la vie dure. Si ma calvitie me prive d’un flamboyant head-banging, ma barbe et ma grosse chemise à carreaux rouge et noire font l’affaire.

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Crédit photo : Doc Lani

Un voile rouge sombre s’abat sur la salle. Les Lyonnais de Occult Hand Order plongent l’heure suivante dans une méditation maléfique. 2 salles, 2 ambiances.

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Crédit photo : Doc Lani

En deux concerts je saisis déjà bien la diversité du genre. La performance hallucinante des Witchfinder embarque quant à elle la salle avec brio pour clore ma croisière sur le Styx. 3 shows tels 3 gueules de Cerbère, gardien des portes de l’enfer bien au chaud dans sa niche.

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Crédit photo : Doc Lani

Witchfinder : La scène Stoner, Doom, Sludge possède un bon cru de groupes mais effectivement c’est niche et c’est pas plus mal si ça le reste. Même si les gros groupes de stoner et doom français sont connus, ils restent en connexion avec les nouveaux arrivants et toujours très proche de leur public.

L’heure tourne et le stand merch plein d’artworks soignés et signés est dévalisé. Impossible pour l’asso d’avoir oublié cette pièce maîtresse. Entre tee-shirts, affiches, vinyles et bible du Stoner, je rencontre Jo Riou, coupable des visuels de la soirée et du livre.

Jo : J’essaye de proposer mon imaginaire et mes références dans un style entre Comics/BD SF/Fantasy des années 70 et en référence à l’Art Nouveau. En 2015 j’ai co-créé l’association Below The Sun à Paris pour organiser moi aussi des concerts Rock mais elle est en sommeil depuis la pandémie. Damien et Xavier sont d’abord venus vers moi pour me demander si ça m’intéressait de réaliser la couverture de leur anthologie. Les mecs étaient encore plus passionnés et fous que moi donc c’était vite plié. Alors si je peux aider pour soutenir cette initiative de soirée, je ne vais pas me priver. Voir une nouvelle orga dans notre branche se créer c’est toujours cool et vu cette première date, je ne regrette vraiment pas !

Après 4h d’un voyage riche et houblonné et 465 coups de tête dans le vide, la Première de «  Fuzz in Champagne  » s’achève. Pari réussi. Difficile pourtant de remplir une salle encore méconnue et dans une zone à secouer. Venus en découdre avec un public de passionné.e.s, les groupes sont eux aussi ravis.

Occult Hand Order : C’était parfait : accueil, conditions de jeu, ambiance, on pourrait faire un long discours mais on retient surtout que c’était une vraie belle soirée.
Witchfiner : Sincèrement pour une première orga, y’a rien à redire. Aucune ombre au tableau. Encore merci pour ce séjour champenois et vive l’auboiselle !

À l’Est rien de nouveau ? L’asso a déjà d’autres soirées dans les tuyaux et vu son carnet d’adresse, elle peut rêver de plateaux internationaux. À Epernay, à Reims ou à Châlons il faudra désormais compter sur le Crew pour mettre du fuzz dans le triangle champenois.

Yeah!Crew : Franchement  ? Heureux. Et confiant aussi. Déjà parce que notre première date s’est bien déroulée. C’était très important pour nous. Nous avons eu quelques échos des groupes et du public depuis. Force est de constater qu’ils sont enchantés à une large majorité. Ça nous réjouit et conforte dans l’idée de persévérer dans cette direction. À nous de varier l’offre, de fidéliser les spectateurs et de savoir en attirer de nouveaux  ! Mais on ne veut pas programmer que du stoner. D’ici peu, on l’espère, on va proposer du Heavy Blues, du Rock un peu plus classique voir du Bluegrass.

Prochaine session: ce samedi 20 novembre toujours à Châlons-en-Champagne avec Tremor Ama, Starmonger et Qilin. Rien que ça.

 

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